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56 JOURS DE FAMINE E'JI DE DÉTRESSE<br />
Par une nuit d'effroyable chaleur, j'étais étendue<br />
avec trois de nos enfants dans la couchette<br />
du haut. Ils dormaient; moi, je ne pouvais pas :<br />
je me tournais et retournais en m'agitant. Nous<br />
étions couchés sur des sacs en grosse toile, remplis<br />
de balle d'avoine qui, réduite en poudre et<br />
imbibée d'urine d'enfant, formait une matière<br />
immonde et corrosive. La toile. m'agaçait et me<br />
brûlait la peau; les puces me harcelaient affreusement;<br />
j'étouffais; j'avais des bruissements<br />
d'oreilles qui me donnaient des hallucinations.<br />
1<br />
J'appelai doucement ma mère et lui dis que je<br />
ne pouvais pas dormir, parce que j'entendais les<br />
puces marcher.<br />
- Tu entends les puces marcher ? Ah ! cette<br />
créature enfantine ! et tu me réveilles pour cela?<br />
tu vas te taire, n'est-ce pas ? je suis éreintée et<br />
veux dormir.<br />
Je me tus, mais continuais à m'agiter. N'y<br />
tenant plus, je me laissai glisser à terre, en<br />
m'aidant - de la corde, m'habillai et sortis.<br />
Il pouvait être quatre heures du matin. Il n'y<br />
avait dans la rue que les éveilleurs (c'étaient<br />
des gens qui, pour cinq « cents » par semaine,<br />
éveillaient les ouvriers, en faisant un vacarme<br />
qui troublait tout le voisinage). En dehors d'eux,<br />
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