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164 JOURS DE FAMINE 'ET' DE DÉTRESSE<br />
pagne jusqu'au lendemain. Je rev.insC mon<br />
frère, la figure décomposé-e-riôiiS'<br />
faire ? Retrouver la famille gr_ouillant à côté de<br />
ce camion, comme des saltimbanques auprès de<br />
leur roulotte ? Ah non 1 tout notre être se rebiffait<br />
à cette seule idée.<br />
- Il ne nous reste, dis-je, qu'à nous promener<br />
toute la nuit : il fait chaud, cela ne sera rien.<br />
Nous nous acheminons vers le Parc. Nous y<br />
fîmes des tours et des tours, et comme la température<br />
était très douce, je proposai de nous laisser<br />
enfermer. A cette époque, le Parc n'était pas<br />
éclairé; il y avait concert au Waux-HalI; la foule<br />
,commençait à s'écouler; un « garde-ville » était<br />
posté à chaque sortie. A voir partir le monde, je<br />
pris peur, et craignis que les agents ne fissent<br />
une ronde, p6ur s'assurer que personne n'était<br />
resté. Nous sortîmes donc avec les autres et nous<br />
nous mîmes à errer par les rues.<br />
Nous commencions à être éreintés et à avoir<br />
très faim. Puis la frayeur me vint d'être ramassés<br />
par la police ..<br />
- Mon Dieu ! Hein, si nous demandions asile<br />
au commissariat ? Ct!la vaudrait mieux que de<br />
nous faire arrêter : j'en mourrais de peur et de<br />
honte, car on est souillé pour la vie quand on a