You also want an ePaper? Increase the reach of your titles
YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.
158 JOURS DE FAMINE El' DE OÉTRESSE<br />
En arrivant le matin, à sept heures, chez la<br />
vieille dame, ,elle les avait installés sur de petits<br />
bancs devant u n gr a nd panier d'oignons, et leur<br />
avait montré comment ils devaient délicatement<br />
enlever la pelure sans les entailler, car chaque<br />
entaille devenait bleue dans le vinaigre, et les<br />
oignons ainsi détériorés ne pouvaient plus servir<br />
à des conserves de premier choix. Ils s'étaient mis<br />
à l'œuvre penda ù. t que la dame, assise à côté<br />
d'eux, nettoyait des cornichons. Au bout de quelques<br />
instants, leurs yeux commencèrent à couler, .<br />
et ils les essuyèrent avec leurs mains mouillées<br />
de sève d'oignons. Alors Naatje, n'y tenant plus,<br />
s'était mise à remuer sur son petit baI;lc, et la<br />
vieille dame avait dit :<br />
- Naleke, pour l'amour de ·Dieu, tenez vos<br />
pieds en repos.<br />
Puis était entré un jeune ,homme, qu'ils ' pri<br />
rent -d'aborçl pour son fils, mais quand ils eurent<br />
coplpris que c'était le mari, ils furent pris d'un<br />
fou rire, qui avait mis la vieille dame hors de ses<br />
gonds, et elle s'était écrié·e :<br />
- Au nom de la Sainte Trinité, Keeske, cesse<br />
de rire comme un-petit c