Special Issue IOSOT 2013 - Books and Journals
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96 A. Lemaire / Vetus Testamentum <strong>IOSOT</strong> (<strong>2013</strong>) 87-98<br />
C’est d’ailleurs dans ce contexte qu’on s’explique très bien que la « bienaimée<br />
» soit présentée explicitement comme ayant été chargée de garder la<br />
vigne (Cn. ii 6)51, et, de façon générale, qu’il soit si souvent fait allusion au<br />
« vin » dans le Cantique des Cantiques.<br />
Bien que notre analyse soit incomplète, les quelques passages évoqués montrent<br />
que la description de la nature dans le Cantique des Cantiques semble<br />
confirmer l’interprétation de ʿēt hazzāmīr comme « le temps de la vendange ».<br />
Cette interprétation nous conduit alors tout naturellement à formuler une<br />
hypothèse concernant le Sitz im Leben primitif du Cantique.<br />
Comme il y avait une fête au début de la moisson des orges (ḥag<br />
hammaṣṣōt)52, une fête de la moisson des blés (ḥag haqqāṣīr)53, une fête de la<br />
récolte (ḥag haʾāsīp)54 et, probablement, une fête des labours (ḥag hāḥārīš?)55,<br />
il est vraisemblable qu’il y ait eu une fête des vendanges (ḥag hazzāmīr ou ḥag<br />
habbāṣīr?) L’atmosphère de cette fête devait être semblable à celle de la fête<br />
du transport du bois56, célébrée le 14 ou le 15 du mois d’Ab, dans laquelle « les<br />
filles d’Israël sortaient et dansaient dans les vignes » interpellant les jeunes<br />
51) Cette coutume de faire garder la vigne à l’approche des vendanges nous est attestée dès le<br />
III ème siècle ap. J. C. par le Pseudo-Cyprien : « Qu<strong>and</strong>, au moment de la maturation, les jours de<br />
la vendange approchent, on place au milieu du champ de vigne un jeune garçon (ou serviteur)<br />
comme gardien sur un tronc élevé qui est dressé au milieu du jardin et sur lequel on bâtit un<br />
observatoire . . . ». De Montibus Sina et Sion, c. 14, dans Cypriani Opera, ed. G. Hartel, CSEL III 3,<br />
Vienne 1871, p. 117 ; cf. A. Harnack, Miscellen, Pseudo cyprianischen Schriften, TU XX 4, Leipzig<br />
1900, pp. 142-143 ; A. Stuiber, « Die Wachhütte im Weingarten », Jahrbuch für Antike und Christentum<br />
II, 1959, p. 88.<br />
52) Ex. xxii 15 ; xxxiv 18 ; Lv. xxiii 6 ; Dt. xvi 16 ; 2 Ch. viii 13 ; xxx 13,21 ; xxxv 17 ; cf. R. de Vaux, Les<br />
institutions de l’A.T. II, Paris 2 1967, pp. 367-368, 386 et 391-393.<br />
53) Ex. xxiii 16 ; cf. Ex. xxxiv 21 . . ., et R. de Vaux, op. cit. II, pp. 367-368 et 395-396.<br />
54) Ex. xxiii 16 ; xxxiv 22 ; cf. R. de Vaux, op. cit. II, pp. 367-368.<br />
55) Cf. Ex. xxxiv 21 et l’inscription de Karatépé : KAI, n° 26, IV, lignes 4-5, avec les études de<br />
H. Cazelles, « Ex 34, 21 traite-t-il du Sabbat? », The Catholic Biblical Quarterly XXIII, 1961, pp. 223-<br />
226 ; E. Olivarri, « El calendrio cultico de Karatepe y el Zebah Hayyamym en 1 Sam », Estudios<br />
Biblicos XXIX, 1970, pp. 311-325.<br />
56) Cf. Flavius Josèphe, Guerre juive II, 425 (XVII, 6) et Taʿanith IV, VIII (Fol. 30b-31a). Sur cette<br />
fête, cf. J. Morgenstern, « Two Ancient Israelite Agricultural Festivals », JQR VIII, 1917-18, pp.<br />
31-54. Cette fête a déjà été mise en relation avec le Cantique des Cantiques par N. Schmidt, The<br />
Messages of the Poets, New York 1911, p. 241 ; N. Schmidt, « Is Canticles an Adonis Litany », JAOS<br />
XLVI, 1926, pp. 154-164 ; N. H. Snaith, « The Song of Songs : the Dances of the Virgins », AJSL L,<br />
1934, pp. 129-142, spéc. pp. 136-142 ; N. H. Snaith, The Jewish New Year Festival, London 1947, pp.<br />
54-55 ; M. H. Segal, VT XII, 1962, pp. 485-488 ; M. H. Segal, The Pentateuch, its Composition <strong>and</strong> its<br />
Authorship <strong>and</strong> other Biblical Studies, Jerusalem 1967, pp. 236-239 ; P. Grelot, « Le sens du Cantique<br />
des Cantiques », RB LXXI, 1964, p. 47. Cf. surtout l’article très suggestif de S. Segert, « Zur<br />
literarischen Form und Funktion der fünf Megilloth », ArOr XXXIII, 1965, pp. 451-462, spéc. p. 460 :