Special Issue IOSOT 2013 - Books and Journals
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92 A. Lemaire / Vetus Testamentum <strong>IOSOT</strong> (<strong>2013</strong>) 87-98<br />
on peut se dem<strong>and</strong>er si le parallélisme entre zāmīr et bāṣīr n’est pas à rapprocher<br />
du parallélisme entre dāgān, tīrōš et yiṣhār, d’une part, et ḥiṭṭāh, yayin et<br />
šemen, d’autre part, pour signifier le « blé », le « vin » et l’ « huile »33 ; on serait<br />
alors tenté de rattacher zāmīr au dialecte « cananéen » parlé en Palestine avant<br />
l’arrivée des Israélites34. Cette interprétation s’accorde très bien avec le fait que<br />
cette tablette contient probablement la liste traditionnelle35 des mois de l’année<br />
dans la région de Gézer, au Xème siècle avant J.C., liste qui reflète donc un<br />
usage antérieur au rattachement de cette ville au royaume de Salomon36.<br />
II. Le Cantique des Cantiques<br />
Le mot zāmīr n’est attesté qu’une seule fois dans la Bible, en Cn. ii 12, où sa<br />
signification reste discutée. Les commentateurs se partagent en deux groupes :<br />
33) Sur ces deux groupes de synonymes, cf. L. Köhler, « Eine archaistische Wortgruppe », ZAW<br />
XLVI, 1928, pp. 218-220 ; cf. aussi, pour yayin et tīrōš, J. P. Brown, « The Mediterranean Vocabulary<br />
of the Vine », VT XIX, 1969, pp. 146-170, spéc. p. 169.<br />
34) Deux autres traits semblent caractéristiques de ce dialecte archaïque de la tablette de Gézer,<br />
en plus de l’interprétation controversée du « waw » comme marque du duel : l’absence de l’article<br />
(cf. H. L. Ginsberg, ArOr VIII, 1936, p. 147 ; J. C. L. Gibson, HMI, p. 2) et la résolution de la diphtongue,<br />
comme en phénicien et en nord-israélite, ainsi on a qṣ (ligne 7) au lieu de qayiṣ en judéen<br />
(hébreu biblique) (cf. W. F. Albright, BASOR 92, Dec. 1943, p. 24 ; F. M. Cross—D. N. Freedman,<br />
Early Hebrew Orthography, New Haven 1952, p. 47 ; J. C. L. Gibson, HMI, pp. 2 et 4). Dès le début,<br />
R. A. S. Macalister (PEFQS XLI, 1909, p. 92) avait remarqué que cette tablette reflétait vraisemblablement<br />
le langage populaire des paysans de la région de Gézer.<br />
35) Cf. déjà S. Daiches, PEFQS XLI, 1909, p. 118 : « The Gezer Calendar is most probably much<br />
older than the inscription itself ».<br />
36) Cf. 1 R. ix 15-17. La plupart des commentateurs, à la suite de W. F. Albright (BASOR 92, Dec.<br />
1943, pp. 18-21) rattachent cette tablette à l’époque de Salomon, entre 950 et 918 av. J. C. cnv. En<br />
fait, la paléographie reste toujours approximative, et, en l’absence de toute référence stratigraphique<br />
précise dans le rapport de R. A. S. Macalister, on pourrait hésiter entre deux solutions,<br />
soit rattacher cette tablette au niveau détruit par un pharaon, peut-être Siamoun, vers 950 av. J. C.<br />
(1 R. ix 16) soit à celui détruit par le Pharaon Shishak, vers 918 av. J. C. (Sur ces deux destructions et<br />
la notice de 1 R. ix 15-17, cf. A. Malamat, « Aspects of the Foreign Policies of David <strong>and</strong> Salomon »,<br />
JNES XXII, 1963, pp. 1-17, spéc. pp. 9-17 ; H. D. Lance, « Gezer in the L<strong>and</strong> <strong>and</strong> in History », BA XXX,<br />
1967, pp. 34-47, spéc. pp. 39-42 ; W. G. Dever, « Excavations at Gezer », BA XXX, 1967, pp. 47-62,<br />
spéc. pp. 60-61 ; W. G. Dever et alii, Gezer I, Jérusalem 1970, p. 5 ; J. Bright, A History of Israel,<br />
London 1972, pp. 207-208). Cependant le rattachement à l’époque salomonienne reste la solution<br />
la plus vraisemblable : paléographiquement, l’écriture est plutôt de la seconde que de la première<br />
moitié du X ème siècle av. J. C.