REPERTOIRE COMMENTE DES MEDICAMENTS 2013 - CBIP

1.3.1. GLYCOSIDES DIGITALI-
QUES
Positionnement
− Voir 1.3.
− La digoxine n’a plus qu’une place très
limitée dans la prise en charge des
patients atteints d’insuffisance cardiaque
(voir 1.3.), mais elle est parfois utilisée
dans la fibrillation et le flutter auriculaire
pour ralentir la réponse ventriculaire
(voir 1.8.).
− La métildigoxine a probablement les
mêmes propriétés, effets indésirables
et interactions que la digoxine. Etant
donné que l’expérience avec la digoxine
est beaucoup plus grande, l’utilisation
de la métildigoxine n’est pas justifiée.
Indications
− Fibrillation auriculaire: pour ralentir un
rythme ventriculaire rapide (rate
control, c.-à-d. ralentissement de la
fréquence ventriculaire, sans remise en
rythme sinusal, voir 1.8.) ou en cas
d’insuffisance cardiaque symptomatique.
− Insuffisance cardiaque grave en cas
de réponse insuffisante à d’autres médicaments.
Contre-indications
− Bloc auriculo-ventriculaire (surtout de
deuxième ou troisième degré).
− Cardiomyopathie obstructive.
− Syndrome de Wolff-Parkinson-White.
− Fibrillation auriculaire et flutter auriculaire
avec rythme ventriculaire lent.
Effets indésirables
− Nausées et autres troubles gastrointestinaux.
− Troubles du rythme ou de la conduction
auriculo-ventriculaire (entre autres
extrasystoles ventriculaires, tachycardie
ventriculaire, tachycardie auriculaire avec
bloc auriculo-ventriculaire).
− Manifestations neurologiques (entre
autres fatigue, troubles visuels).
− Risque accru d’effets indésirables en
cas d’hypokaliémie.
Interactions
− Diminution de la résorption des glycosides
digitaliques par les adsorbants
(p. ex. colestipol, colestyramine, kaolin),
les antiacides; la digoxine doit être prise
au moins une heure avant, ou quatre
heures après ces substances.
− La digoxine est un substrat de la
glycoprotéine P (P-gp), avec possibilité
d’interactions (voir tableau Id dans
l’Introduction).
− Diminution des concentrations plasmatiques
de la digoxine par le millepertuis.
INSUFFISANCE CARDIAQUE 43
− Augmentation des concentrations
plasmatiques de la digoxine par l’amiodarone,
la ciclosporine, l’itraconazole,
le propafénone, la quinidine, le vérapamil
(et dans une moindre mesure le diltiazem).
− Augmentation de la sensibilité aux
glycosides digitaliques par des médicaments
diminuant la kaliémie (p. ex.
diurétiques augmentant la perte de
potassium, corticostéroïdes).
Précautions particulières
− La résorption de la digoxine est
incomplète et variable: les différences
de résorption peuvent être dues à la
forme galénique ou à des interactions.
− La marge thérapeutique-toxique est
étroite. La détermination des concentrations
plasmatiques de la digoxine
(classiquement entre 1 et 2 ng/ml,
moins chez les personnes âgées) peut
être indiquée, entre autres chez les
patients en insuffisance rénale. D’après
certaines études, les doses qui permettent
d’obtenir des taux de digoxine
inférieurs à 1 ng/ml auraient les mêmes
effets cliniques mais seraient plus sûres.
− La plupart des cas de toxicité digitalique
sont dus à des interactions ou à
des doses trop élevées, p. ex. lorsqu’on
ne tient pas compte de facteurs tels
que l’âge ou une insuffisance rénale.
− En cas d’intoxication digitalique
massive, on utilise des anticorps antidigoxine
(voir 20.1.).
Administration
− La digoxine est en principe administrée
par voie orale; ce n’est qu’en cas
d’urgence ou de difficultés de résorption
que la voie intraveineuse se justifie.
− La décision d’administrer ou non une
dose de charge dépend de la rapidité
avec laquelle on désire digitaliser le
patient. Dans le traitement de l’insuffisance
cardiaque, l’administration d’une
dose de charge n’est sûrement plus
pratiquée, en raison du risque de toxicité
et étant donné qu’en cas d’urgence
d’autres médicaments (p. ex. des diurétiques)
sont indiqués.