journal of european integration history revue d'histoire de l ...

Négocier la relance européenne: les Belges et le sommet de La Haye 43progrès informels mais spectaculaires soient accomplis dans les six mois suivants. 6Ceci permettra à Harmel, un peu après La Haye, d’affirmer que «les actions sontplus importantes que les structures». 7La présente contribution tente de rendre compte de cette réactivité. Aprèsl’évocation du contexte politique de l’organisation du sommet de La Haye, elleaborde plus particulièrement les questions monétaires et le rôle qu’ont joué lesacteurs belges, tant officiels qu’officieux, dans les différents groupes de pression etcomités de réflexion qui tentent d’influencer les Six réunis à La Haye pour mettreconcrètement sur pied une relance européenne qui unit étroitement la question del’élargissement à celle de l’approfondissement.1. L’Europe en crise: visions belgesA Rome en mai 1967 le général de Gaulle s’obstine à refuser l’adhésion de laGrande-Bretagne, et fait référence au Traité CEE pour recommander que lescandidatures soient examinées au Conseil des Communautés et non lors d’unsommet. Les petits Etats, soucieux de faire respecter les textes, emboîtent le pas àla France. Cette absence de cohésion des Européens affecte sérieusement leurcrédit sur la scène internationale. Pour y remédier, les pays du Benelux font unpremier pas en janvier 1968. Ils s’accordent entre eux pour procéder à desconsultations mutuelles sur toutes les matières touchant la politique étrangère.Mais alors que l’URSS met fin au printemps de Prague en août 1968, et que latension demeure très vive au Moyen-Orient, aucune voix communautaire unanimene se fait entendre.En octobre 1968, Harmel propose d’utiliser la seule institution qui rassemble lesSept (les Six plus la Grande-Bretagne): l’UEO. Il met l’accent sur la nécessité deconsultations politiques, tout en ouvrant la porte également à des échanges de vuesdans d’autres domaines. Parallèlement, en novembre 1968, un important congrèsréunit à La Haye des parlementaires européens. George Brown, ancien secrétaireau Foreign Office, se prononce pour l’organisation d’un sommet (qui pourraitréunir les Sept). Les propositions d’Harmel sont mises à l’ordre du jour àLuxembourg lors d’une réunion du Conseil les 6 et 7 février 1969. Desconsultations sont envisagées entre les Six et les pays candidats dans plusieursdomaines où l’effet d’échelle est important: coopération technologique et militaire,6. Cette précision était particulièrement utile pour des gouvernements (surtout aux Pays-Bas) où leministre des Affaires étrangères était quasiment indépendant, le Premier ministre n’étant qu’un«primus inter pares». Voir J.W. BROUWER, A.G. HARRYVAN, Les Pays-Bas et la coopérationmonétaire européenne, in: Comité pour l’histoire économique et financière de la France (ed.),Lerôle des ministères des Finances et de l’Economie dans la construction européenne (1957-1978),Actes du colloque tenu à Bercy les 26, 27, 28 mai 1999, Paris, 2002, p.86.7. Voir Ch. FRANCK, La politique européenne de la Belgique. Les années 1970-1996: entre orthodoxieet pragmatisme, in: Res publica, 2(1998), pp.197-198.