journal of european integration history revue d'histoire de l ...

Négocier la relance européenne: les Belges et le sommet de La Haye 51opiniâtrement rester fidèle à cette vocation politique de l’Europe. Les Traités deRome et de Paris ne devraient être que les premières étapes sur la voie de l’union.Pour un ensemble de circonstances, les événements ne se sont pas déroulés tout à faitcomme les auteurs des Traités l’avaient conçu. L’on constate que l’unification n’estpas née de la recherche en commun de la solution des problèmes techniques. Il fautdès lors dire et redire que sans une conception politique commune du but à atteindre,il est difficile de surmonter les oppositions inévitables nées des intérêts parfoiscontradictoires des Etats membres. En effet, qu’il s’agisse d’accueillir un nouvelEtat ou de conclure un nouveau règlement agricole financier, chaque problèmeeuropéen se traite soit sur ses mérites propres; en ce cas, chaque Etat analyse lasolution proposée uniquement en fonction des avantages qu’il peut y trouver: et alorson ne progresse pas très loin; ou bien on traite ce problème dans le contexte et dansla perspective d’une politique d’ensemble: à ce moment, chaque Etat analysera lecompromis proposé non en fonction de ses seuls intérêts, mais également par rapportà l’objectif communautaire. Et voilà ce qu’il faut faire apparaître à nouveau»! 26Dans cette note, il apparaît également fondamental au regard des Belges qu’unedoctrine cohérente soit définie par rapport au rôle dévolu à l’Europe dans le monde.Il faut mobiliser l’opinion publique, et surtout les jeunes. Sinon, «l’institutioneuropéenne risque d’être contestée au même titre que les institutions nationales».Les objectifsEn pratique, le principe d’une déclaration commune à la fin du Sommet sembleincontournable. Les Belges attendent de La Haye que toute une série de décisionssoient prises pour mettre en place des procédures aptes à répondre aux différentsobjectifs que l’on se donne. Ils sont au nombre de trois.Celui sur lequel toute l’attention se concentre est l’union politique. A cet égard,il est indispensable de réaffirmer la finalité politique de l’action communautaire, 27et de «fixer les éléments fondamentaux du développement de la Communauté». Lasolidarité entre les membres doit être totale, et comprise comme telle. L’intégrationsectorielle n’avait d’autre but que de manifester une volonté globale decollaboration. Dès lors, s’il y a une politique agricole commune, on ne peut hésiterà pratiquer une politique technologique et industrielle commune; si le charbon etl’acier sont gérés collégialement, une politique énergétique commune ne devraitsusciter aucune opposition. Mais surtout, si les pays se lient par le Traité de Rome,ils ne peuvent conserver leur indépendance sur le plan de la politique extérieure.Fort de ces arguments, il est envisagé d’obtenir au sommet une remise en route de26. Schéma de la position belge pour le Sommet, op.cit.27. Cette finalité sera énoncée comme l’un des piliers, au même titre que l’achèvement, l’approfondissementou l’élargissement par Pierre Harmel. Voir V. DUJARDIN, La politique étrangère de laBelgique et l’intégration européenne sous l’ère Harmel, 1965-1973, in: La Belgique et l’Europedu XX e au XXI e siècle. Le rôle de la Belgique et des petits Etats dans la construction européenne,Actes du colloque international tenu à Louvain-la-Neuve les 24, 25, 26 avril 2002, Peter Lang,Bruxelles (à paraître).