journal of european integration history revue d'histoire de l ...

54Jérôme WilsonLe principe des consultations est adopté par le Conseil le 17 juillet 1969. En cequi concerne la coopération à court terme, certaines réserves apparaissent, surtoutdu côté néerlandais et italien. A l’initiative du ministre des Finances belge, le baronJean-Charles Snoy, il est prévu de confier la conception technique de l’aide à courtterme aux banques centrales. A cet effet, une étude préalable est commandée auComité des Gouverneurs des Banques centrales qui s’est engagé à présenter unrapport au cours de l’automne suivant. Il est également prévu que le Comitémonétaire se penche sur ces questions, notamment par rapport aux modalitéspratiques d’exécution d’un soutien monétaire à moyen terme, et que laCommission poursuive ses travaux dans le domaine de la coordination despolitiques économiques à moyen terme.Dès la publication du plan Barre, le Comité d’Action pour les Etats-Unisd’Europe ressort de ses cartons le projet Triffin de Fonds de réserve européen déjàmis sur la table à plusieurs reprises entre 1957 et 1965. Ce plan, qui prévoit la miseen commun d’une partie des réserves des Etats participants, rencontrel’assentiment de Valéry Giscard d’Estaing en juin 1969 qui estime que «lacoordination des politiques économiques et monétaires est indispensable et qu’elledoit être complétée à terme d’une union monétaire». 29Parallèlement, la Ligue européenne de Coopération économique réunit, les 25juin et 23 octobre à Bruxelles un panel chargé de «procéder à certaines études et defaire des propositions en matière d’intégration monétaire des Six». 30 Ce panel,présidé par Luc Wauters, président du Comité de Direction de la Kredietbank,examine trois notes: l’une allemande qui propose une méthode d’action pour mettreen action le plan Barre; une autre belgo-néerlandaise sur la fixité des taux dechange, et une troisième française qui traite du recours à une unité de comptesemblable à celle développée au sein de l’Union Européenne des Paiements(UEP). 31 Sur base de ces travaux, une déclaration de la Ligue appelant résolument àl’intégration monétaire de l’Europe est adoptée à Kronberg (Francfort) le 29novembre 1969 et transmise aux gouvernements des Six «en vue de la Conférenceau Sommet de La Haye». 32 Le baron Snoy salue le travail accompli:29. Agence Europe, éditorial, 24 juin 1969. Sur l’action du Comité et le plan Triffin dans le cadre deLa Haye, voir G. BOSSUAT, Monnet et l’identité monétaire européenne”, in: G. BOSSUAT et A.WILKENS (dir.), Jean Monnet, l’Europe et les chemins de la Paix, Publications de la Sorbonne,Paris, 1999, pp.375-382.30. LIGUE EUROPÉENNE DE COOPÉRATION ÉCONOMIQUE (LECE), Un programme d’intégrationmonétaire pour la C.E.E. Etude des possibilités et propositions quant aux mesures à prendre,Bruxelles, février 1970, p.3.31. L’UEP, prévoyant la substitution des accords bilatéraux de paiements par la mise en place d’unsystème de compensations multilatérales, représente la première tentative, après 1945, de mettreen place une concertation monétaire européenne. A noter que le concepteur principal de cette unitéde compte est Robert Triffin. Marie-Thérèse Bitsch et Gérard Bossuat soulignent également les similitudesentre les programmes du Comité d’Action pour les Etats-Unis d’Europe et de la Ligueeuropéenne de Coopération économique. Voir M.-Th. BITSCH, Le sommet de La Haye …, op.cit.pp.554 et G. BOSSUAT, Monnet et l’identité monétaire européenne, op.cit., pp.369-382.32. LECE, Un programme d’intégration monétaire …, op.cit., p.71.