journal of european integration history revue d'histoire de l ...
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44Jérôme Wilsonpolitique étrangère. La coopération technologique a déjà fait l’objet <strong>de</strong> discussionsfructueuses. Quant à la coopération militaire, il est proposé <strong>de</strong> s’abstenir étantdonné la visite imminente du nouveau prési<strong>de</strong>nt américain – Richard Nixon – enEurope. L’essentiel <strong>de</strong> la discussion porte donc sur la politique étrangère. Un débats’enclenche sur la consultation politique. La question du Moyen-Orient est enfinabordée, mais, faute <strong>de</strong> temps, elle n’est pas achevée. Au cours <strong>de</strong> cette réunion,Jean <strong>de</strong> Lipkowski 8 confirme la réticence <strong>de</strong> la France à toute forme <strong>de</strong> consultationpolitique favorisant l’intégration européenne, 9 mais, peut-être dans le souci <strong>de</strong>ménager le Benelux dans le cadre <strong>de</strong>s négociations bilatérales qu’elle envisageavec les Britanniques, la France laisse sous-entendre qu’elle <strong>de</strong>meure ouverte auxpropositions d’Harmel. 10Le 12 février, la France raidit fortement sa position. Elle refuse toute discussionfuture à Sept sur la politique extérieure, et plus particulièrement sur leMoyen-Orient. Elle recomman<strong>de</strong> à ses partenaires <strong>de</strong> ne pas tenir <strong>de</strong> réunions sanssa participation, réunions qu’elle considère illégales au regard <strong>de</strong> l’article 8 dutraité <strong>de</strong> Bruxelles modifié (1954). Elle estime en effet qu’avant <strong>de</strong> procé<strong>de</strong>r à <strong>de</strong>sconsultations entre la CEE et la Gran<strong>de</strong>-Bretagne, il faudrait d’abord songer àétablir <strong>de</strong>s relations entre les pays membres <strong>de</strong> la CEE.A l’initiative <strong>de</strong>s Britanniques une réunion <strong>de</strong>s Représentants permanents estcependant programmée le 14 février à Londres. Les partenaires <strong>de</strong> la Franceacceptent d’y participer, probablement parce qu’ils y voient une manière d’abor<strong>de</strong>run sujet qui autrement ne serait traité que par les «Grands». Le 17 février, la Francelance un ultimatum, et met en œuvre une politique <strong>de</strong> la chaise vi<strong>de</strong> en cessanttoute participation au Conseil permanent <strong>de</strong> l’UEO. Signe supplémentaire <strong>de</strong>mécontentement, elle exige la démission du Belge Maurice Iweins d’Eeckhoutte,alors secrétaire général <strong>de</strong> l’UEO. Enfin, le 21 février, la France annonce <strong>de</strong>s«révélations» sur l’attitu<strong>de</strong> britannique.Au moment où éclate la crise <strong>de</strong> l’UEO, un autre épiso<strong>de</strong> se joue. En novembre1968, la France a, contre toute attente, et pour protester contre l’«arrogancegermanique», 11 décidé <strong>de</strong> ne pas dévaluer sa monnaie. S’en est suivi une brouillefranco-alleman<strong>de</strong>. Paris, isolé, semble alors favorable à un rapprochement avecLondres, et <strong>de</strong>s contacts sont noués entre De Gaulle, son entourage proche (MichelDebré) et Christopher Soames, conservateur, gendre <strong>de</strong> Winston Churchill et8. Jean <strong>de</strong> Lipkowski, grand résistant, figure parmi les premiers partisans du général <strong>de</strong> Gaulle. Il futSecrétaire d’Etat aux Affaires étrangères dans le gouvernement dirigé par Maurice Couve <strong>de</strong>Murville (<strong>de</strong> juillet 1968 à juin 1969), puis dans le gouvernement <strong>de</strong> Jacques Chaban-Delmas (<strong>de</strong>juin 1969 à juillet 1972).9. M. VAÏSSE , op.cit., p.606.10. «Puisque la voie du plan Harmel est fermée, puisque les arrangements commerciaux ne paraissentpas convenir, y a-t-il une voie qui permette <strong>de</strong> sortir <strong>de</strong> la querelle actuelle? Bien que le gouvernementbritannique préfère le moyen d’entretiens multilatéraux, pourquoi pas <strong>de</strong>s conversations bilatérales?[…] Pour emporter l’adhésion, il faut avoir l’air <strong>de</strong> s’intéresser au plan Harmel». M.VAÏSSE, op.cit., p.608.11. K. DYSON, K. FEATHERSTONE, The Road to Maastricht. Negotiating Economic and MonetaryUnion, Oxford University Press, Oxford, 1999, p.105.