journal of european integration history revue d'histoire de l ...
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Négocier la relance européenne: les Belges et le sommet <strong>de</strong> La Haye 47Au len<strong>de</strong>main <strong>de</strong> la conférence <strong>de</strong> presse <strong>de</strong> Pompidou du 10 juillet qui ouvre laporte à la possibilité d’une rencontre, Maurice Schumann, qui vient <strong>de</strong> prendre lesrennes du ministère <strong>de</strong>s Affaires étrangères, entreprend, en collaboration avec Jean<strong>de</strong> Lipkowski, une consultation <strong>de</strong>s membres du Marché commun. Ainsi, <strong>de</strong>Lipkowski rencontre Gaston Thorn à Luxembourg le 11 juillet. Il confirme auministre <strong>de</strong>s Affaires étrangères luxembourgeois que les objectifs français sont,dans l’ordre, l’achèvement, l’appr<strong>of</strong>ondissement et l’élargissement (les <strong>de</strong>uxpremiers volets étant acquis, le troisième <strong>de</strong>vant être discuté). Thorn comprend quela France veut attendre, avant tout début <strong>de</strong>s négociations, un changement <strong>de</strong>majorité en Gran<strong>de</strong>-Bretagne, et il fait état <strong>de</strong> ses sentiments aux Belges. 18La nouvelle ligne politique française préconise un renforcement <strong>de</strong> lacoopération, dont la réalisation pourrait rendre possible l’élargissement. Elle semontre favorable à la discussion d’une Europe politique qui ne soit pas un planFouchet II, mais quelque chose <strong>de</strong> plus pratique. Ce 11 juillet également, <strong>de</strong>Lipkowski informe Thorn que le gouvernement français envisage, pour discuter <strong>de</strong>ces problèmes, <strong>de</strong> proposer une rencontre <strong>de</strong>s chefs d’Etat et <strong>de</strong> gouvernement ennovembre ou décembre <strong>de</strong> la même année. Mais il exclut la participation <strong>de</strong> laCommission Rey ainsi que la préparation <strong>de</strong> cette rencontre par une réunion <strong>de</strong>sministres <strong>de</strong>s Affaires étrangères (qui avait pourtant eu lieu lors du précé<strong>de</strong>nt«sommet» à Rome en 1967).Les Belges sont mis au courant par les Luxembourgeois <strong>de</strong> certains détails duprojet français. Maurice Schumann, qui est en excellents termes avec PierreHarmel, est cependant soucieux <strong>de</strong> ne pas donner l’impression aux Belges qu’ilssont mis sur le côté. Il rencontre très vite Robert Rothschild à Paris. Il insiste sur lanécessité <strong>de</strong> rendre le Marché commun «irréversible». Il abor<strong>de</strong> par ailleurs unautre terrain sensible: le Marché commun peut être très utile à la France comme àla Belgique pour assurer leur rayonnement en Afrique. Il se montre très ouvert,mais estime, par rapport à l’UEO, qu’il vaut mieux «ne pas trop prononcer ces troislettres dans le proche avenir». Par rapport au sommet, il donne quelquesinformations pratiques supplémentaires quant au mo<strong>de</strong> <strong>de</strong> convocation <strong>de</strong> laconférence et sa programmation. 19Une proposition concrète est lancée lors du premier Conseil <strong>de</strong> ministres <strong>de</strong>sCommunautés européennes auquel participe Maurice Schumann, le 22 juillet 1969.Il suggère, au nom <strong>de</strong> la France, que soit convoqué un sommet européen réunissantles Six. La préparation <strong>de</strong> ce sommet est dévolue aux ministres <strong>de</strong>s Affairesétrangères qui <strong>de</strong>vront se réunir à cet effet en septembre. Schumann précise que latâche principale consistera en l’examen du problème <strong>de</strong> l’élargissement et durenforcement <strong>de</strong> la consultation politique entre partenaires européens.Depuis Rome, où pour <strong>de</strong>s raisons institutionnelles ils avaient emboîté le pas àla France et refusé que l’élargissement soit discuté lors d’un sommet, les Belges18. Compte rendu d’une rencontre entre <strong>de</strong> Lipkowski et Thorn, 14 juillet 1969, transmis au Ministère<strong>de</strong>s Affaires étrangères belge, AMAE, Dossier 18671 I, liasse «Union politique».19. Rothschild à Harmel, 17 juillet 1969, AMAE, Dossier 18671 I, liasse «Union politique».