journal of european integration history revue d'histoire de l ...

Négocier la relance européenne: les Belges et le sommet de La Haye 53mais cela doit constituer un incitant de plus pour renforcer les valeurs fondamentalesédictées à Rome. S’il est primordial que le Marché commun s’ouvre, il importeégalement que les futurs Etats membres acceptent les finalités politiques des Traités,et le droit dérivé (l’acquis communautaire). Sur cette base, les négociations nepeuvent porter que sur la nature et la durée des périodes de transition à prévoir pourfaciliter l’intégration de nouvelles nations. Elles doivent mettre en présence laCommunauté d’une part, les Etats-candidats d’autre part. Pour ce faire, il estrecommandé d’accepter la suggestion de la Commission: celle-ci, en tant queporte-parole du Conseil, entrerait en première ligne dans les discussions, quiseraient ensuite poursuivies par les gouvernements. Enfin, on insiste sur la nécessitéimpérieuse de prévoir des échéances fixes pour la conduite de ces discussions.4. Les questions monétairesLes premières propositions concrètes en matière monétaire sont remises au goût du jourau moment même de la crise de l’UEO et de l’affaire Soames, en février 1969. LaCommission européenne publie une communication qui devient rapidement le «planBarre» du nom de son inspirateur. Au moment du sommet de La Haye, la Commissionest ravie de voir que les chefs d’Etat et de gouvernement ont décidé de lui demander depousser activement à de nouveaux développements dans l’intégration. Sur ce plan, lacoopération monétaire constitue le domaine où la réflexion est la plus aboutie, et doncle premier à être mis en avant par la Commission.Le plan Barre explore trois pistes de réformes. Premièrement, il préconisel’adoption d’objectifs communs de politique économique à moyen terme (mesurésen termes de taux de croissance, de taux de productivité, du taux de chômage, desindices des prix, de la balance commerciale, …). Pour le volet court terme, ilprévoit la mise en place de consultations préalables à toute décision majeure, ausein des différents comités communautaires permanents (Comité monétaire,Comité de politique conjoncturelle et Comité de la politique budgétaire). Enfin,innovation principale, il propose la mise en œuvre d’un double soutien financier:l’un automatique à court terme pour fournir des crédits de maximum trois mois,l’autre à moyen terme servant de relais au premier, et accordé par le Conseil surrecommandation de la Commission et après avis du Comité monétaire.Ce schéma condamne par contre toute une série de pistes ouvertes notammentpar le Comité d’Action pour les Etats-Unis d’Europe. Raymond Barre est en effetsceptique par rapport à la faisabilité immédiate d’une union monétaire, à la mise enplace d’un système fédéral de banques centrales, par rapport au Fonds de réserveeuropéen, à la «fusion des quotas des Six au sein du FMI». 2828. Voir R. PERRON, Le discret projet de l’intégration monétaire européenne (1963-1969), in: W.LOTH (ed.), Crises and Compromises …, op.cit., pp.364-365.