journal of european integration history revue d'histoire de l ...

Négocier la relance européenne: les Belges et le sommet de La Haye 49(ce dont la France ne veut pas). 21 Harmel se range à leur avis en se montrantfavorable à l’introduction au moins d’une indication de temps. Cette interventionsuscite une réaction très vive de Schumann: «si l’on ne veut pas de sommet, onn’en fait pas». Ce dernier finit néanmoins par se dire prêt «à envisager uneformulation dans le sens de ce que M. Harmel avait dit». 22 Schumann ayant dès ledépart confirmé que la France acceptait la participation de la Commission, unaccord intervient pour organiser le sommet à La Haye les 17-18 novembre. Il estpar ailleurs prévu un second rendez-vous des ministres des Affaires étrangères les17-18 octobre.Début novembre, alors que Willy Brandt a été élu et est devenu chancelier, il estfinalement décidé de reporter le sommet de quinze jours. La raison officielle de ceretard est attribuée à la mauvaise santé d’Aldo Moro. Mais en réalité, la discussionsur l’élargissement n’est pas mûre, et les Allemands sont contents de pouvoirbénéficier de délais supplémentaires, notamment pour négocier le contenu del’agenda de La Haye. A cet effet, Walter Scheel, le nouveau ministre des Affairesétrangères allemand qui vient d’avoir une conversation avec Schumann, rencontrePierre Harmel le 10 novembre 1969.La politique agricole commune est dangereusement déstabilisée par laréévaluation du mark intervenue le 24 octobre 1969, qui succède à la dévaluationen août du franc français (le financement devient très favorable à la France, et trèsdéfavorable à l’Allemagne). Il n’est donc pas étonnant que Scheel insiste très fortsur le problème monétaire, qui devient l’un des enjeux majeurs du sommet. Leministre allemand s’affirme par ailleurs opposé aux «solutions techniques»assurant une plus grande marge de manœuvre, comme par exemple l’extension desdroits de tirage. De tels instruments, s’ils ne sont pas accompagnés d’unecoordination des politiques, ne peuvent qu’aboutir à diminuer la pression politiqueexercée sur les différents pays, naturellement enclins à se préoccuper davantage deleur situation interne que de l’équilibre général communautaire. Il se prononce dèslors pour la mise en place de solutions institutionnelles.Harmel pour sa part estime que la politique monétaire constitue une «prioritéaveuglante». Il considère que le plan Barre constitue une base minimum, et qu’ilserait bon d’aller plus loin si c’est possible. Il se montre optimiste:«M. Harmel pense que cela se fera progressivement. Une monnaie européenne nepeut être créée tant qu’il n’y a pas de marché industriel commun et que n’est pasrésolu le problème de la livre. Mais il croit la réalité européenne plus fatale que notrevocabulaire élastique». 2321. M.-Th. BITSCH, Le sommet de La Haye. La mise en route de la relance de 1969, in: W. LOTH(ed.), Crises and Compromises: The European Project 1963-1969, Bruylant, Bruxelles, 2001,p.541.22. Compte rendu du déjeuner du 15 septembre auquel prenaient part MM. Luns, Schumann, Moro,Brandt, Thorn et Harmel – Bruxelles, 16 septembre 1969, AMAE, Dossier 18671 I, liasse «Unionpolitique».23. Compte rendu de l’entrevue Scheel-Harmel du 10 novembre 1969, 12 novembre 1969, in AMAE,Dossier 6641.