journal of european integration history revue d'histoire de l ...

Le sommet de La Haye 93AchèvementL’achèvement est pour Paris une priorité et un préalable. Achever le Marchécommun signifie achever le marché commun agricole et donc adopter avant la finde la phase transitoire, c’est-à-dire avant la fin de l’année 1969, un règlementfinancier pour la période définitive, fondé sur des ressources propres. Il s’agit defaire en sorte que la politique agricole commune, considérée comme vitale, soitirréversible. Du point de vue du gouvernement français, cette décision n’exigeaitpas un sommet. C’est une obligation inscrite dans le traité. C’est un «test del’Europe voulue et vécue» 62 qui s’impose avant l’élargissement. C’est «unecondition préalable à l’ouverture des négociations» avec l’Angleterre. 63 Sur cepoint, Paris ne veut accepter aucune concession. Pompidou donne lui-même laconsigne: il faut éviter de se mettre en position de demandeur mais laisser entendreque nous sommes absolument de roc sur la question de l’achèvement «dût-on allerà l’échec de la conférence au sommet». 64Dans un premier temps, cet objectif semble inaccessible tant la réticence despartenaires est grande et le délai très court. 65 Mais à partir d’octobre, le principe durèglement financier, qui paraissait d’abord hors de portée, est accepté par tous, 66sans mettre fin pour autant aux discussions concernant les modalités et lescontreparties. Joseph Luns, demande de mener parallèlement les travaux surl’achèvement et les études sur l’élargissement. 67 L’Italie souhaite l’organisation desmarchés pour les vins, les tabacs, les fruits. 68 L’Allemagne, tout en soulignantqu’elle n’a pas d’objections au règlement financier, pose la question de la maîtrisedes productions agricoles. 69 Willy Brandt se défend de vouloir reprendre à soncompte les critiques apparues dans la presse allemande contre la PAC trop coûteusemais il estime qu’il faut éviter les surproductions déraisonnables et se garder lapossibilité d’importer des produits agricoles d’Amérique latine, d’Asie,d’Afrique. 70 La demande allemande en faveur de la maîtrise de certainesproductions, constamment renouvelée, tend même à se durcir à la veille du sommet- d’autant plus que la RFA est contrainte, fin novembre, à une réévaluation dudeutschemark qui désorganise le marché agricole 71 - et le chancelier Willy Brandtrevient encore sur cette question dans une lettre adressée au président Pompidou, le27 novembre. 7262. Entretien entre Maurice Schumann et Aldo Moro, 26 novembre 1969, MAE, 40.63. Bruxelles à Paris, 11 novembre 1969, MAE, 2724.64. PV du conseil restreint du 21 octobre 1969, 5AG2, 52.65. Voir par exemple, Bonn à Paris, 11 septembre 1969, MAE, 2724.66. Voir document cité en note 64.67. Entretien entre Chaban-Delmas et Luns, 17 juillet 1969, MAE, 37.68. Voir document cité en note 62.69. Bonn (note pour l’ambassadeur), 3 juillet 1969, 5AG2, 104.70. PV des entretiens de Willy Brandt avec les dirigeants français, Paris, 4 juillet 1969, 5AG2, 104.71. Bonn à Paris 22 novembre et 29 novembre 1969, MAE, 2724.72. Brandt à Pompidou, 27 novembre 1969, 5AG2, 1009.