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tion bien appréciable : M. Brunet et le brillant<br />
orchestre qu’il dirige resteront encore<br />
au casino et contribueront, nous en<br />
sommes convaincu, à y attirer, comme<br />
par le passé, de nombreux étrangers.<br />
P. B.<br />
P. S. Nous remettons au prochain numéro<br />
le compte-rendu de l’intéressant<br />
comice agricole qui a eu lieu dimanche<br />
aux <strong>Sables</strong>, n’ayant pu nous procurer au<br />
moment de mettre sous presse les noms<br />
des principaux lauréats et autres renseignements<br />
dignes d’intérêt.<br />
CAUSERIE<br />
A l’occasion des fêtes, maigre le temps<br />
pluvieux, la ville des <strong>Sables</strong> a été littéralement<br />
envahie par les curieux. Au grand<br />
nombre de baigneurs qui déjà avaient de<br />
la peine à se caser, sont venus se joindre<br />
deux à trois mille voyageurs des trains de<br />
plaisir.<br />
Dès le matin 6 heures, la ville et surtout<br />
la plage présentait un aspect des plus animés<br />
et tout à fait digne d’études.<br />
Vous figurez-vous, lecteur, environ<br />
quinze cents voyageurs arrivant à 5 heures<br />
du matin, et cherchant à se caser dans<br />
une ville regorgeant déjà de monde. C'était<br />
une course au logement des plus humoristiques<br />
; que de recherches, que de<br />
peines avant de trouver un pauvre grabat<br />
où reposer sa tête.<br />
<strong>Les</strong> uns, ennuyés de frapper sans succès<br />
à toutes lesportes où se trouve l’éternelle<br />
pancarte aussi consolante que mensongère<br />
: Chambre garnie à louer pendant<br />
la saison des bains, arrivaient au Remblai<br />
et tombaient exténués de fatigue sur le<br />
banc de la critique, ayant cependant encore<br />
assez de forces pour puiser quelques<br />
gastronomiques consolations au fond de<br />
paniers bourrés de victuailles.<br />
D’autres, prenant la chose à un point<br />
de vue plus artistique, se hâtaient dejouir<br />
de leur eourt séjour au bord de la mer.<br />
A peine descendus dé wagons, ils s’en<br />
donnaient à cœur-joie : bains, courses à<br />
ânes, promenades en mer, etc..., rien n’était<br />
négligé.<br />
* *<br />
Dans toute cette bagarre de fêles, il y<br />
eut une catégorie de curieux vraiment à<br />
plaindre, ce fut celle des touristes novices<br />
n’étant jamais sortis de leur village.<br />
On les trouvait tantôt sur la plage plongés<br />
dans de longues contemplations du<br />
spectacle grandiose de la mer, tantôt assis<br />
mélancoliquement dans les places publiques,<br />
sur les paquets ou les paniers qu’ils<br />
traînaient partout avec eux.<br />
Mais vint le moment critique du coucher.<br />
Voici comment chacun d’eux se tira<br />
d’affaire. <strong>Les</strong> uns se réfugièrent timidement<br />
sous l’estrade des courses et la<br />
transformèrent en un véritable dortoir ;<br />
d’autres, préférant des appartements particuliers,<br />
s’installèrent en catimini dans les<br />
~ J&BBBSStSNËÊÊSÈSSS9SÊSSSÈËÊ£SÊÊÊBÊËËSËËËBËËSËP££BËSSBË*<br />
FE U IL LE TO N<br />
22<br />
UNE ROUSSE (1)<br />
PAR<br />
ANDRÉ TREILLE.<br />
Le soir venant, M. d’Hissonnière offrit<br />
à Blanche de renvoyer son coupé à Morte-<br />
mer, et de venir dîner à la Buisse. Elle<br />
accepta.<br />
XIV<br />
La maisonnette de Jean Fortault, vieux<br />
bonhomme qui sert de garde forestier à<br />
la Buisse et à Mortemer à la fois, se dresse,<br />
souriante sous son chaume, au milieu<br />
d’un fouillis de volubilis et de houblon,<br />
au bord du petit ruisseau que les gens du<br />
pays appellent le Gage. Prévenu d’avance,<br />
Jean Fortault avait préparé les balances,<br />
(1) Reproduction interdite.<br />
LA PLAGE<br />
cabines de la plage ; enfin, les plus audacieux<br />
eurent l’ingénieuse pensée de se<br />
réfugier dans les wagons de la gare.<br />
* »<br />
Lorsque quelques-uns des membres de<br />
l’innombrable famille Prudhomme visitent<br />
Paris, ils commencent par chercher à s’in-<br />
troduiredansl’intérienrde l’obélisque etsont<br />
toujours très-désireux de visiter les abattoirs.<br />
Transportez-les aux <strong>Sables</strong> ; ils oublient<br />
une première ressource de distraction<br />
de l’un des plus curieux sujets d’études<br />
de mœurs, c’est une visite à la Pois<br />
sonnerie.<br />
Voulant faire connaître à quelques compatriotes,<br />
à des congénères du Mireba-<br />
lais, cef intéressant établissement, je m’y<br />
rendis lundi soir. Mme Angot et sa charmante<br />
nièce étaient sous les armes dans<br />
tout le feu de l’art de saler et d’emballer<br />
les sardines.<br />
En entrant dans ce sanctuaire d’où s’élevait<br />
un brouhaha d’épithètes sonnantes<br />
au jargon cadencé, deux cerbères d’yeux<br />
noirs m’arrêtent au passage :<br />
— M. Oscar, par ci, ma bonne chérie,<br />
que je vous vende de la grande fraîche<br />
arrivée.<br />
— Combien le cent, Létitia?<br />
— Trois francs pour vous, mon chérubin.<br />
— Non, deux francs.<br />
— Allons, prenez donc,mon gros bébé,<br />
parce que c’est vous.<br />
Avouez,lecteur,qu’il y a loin de ce langage<br />
aimable aux aménités traditionnelles<br />
dont l’illustre Vadé nous a conservé la<br />
nomenclature. Il n’y a pas à le contester,<br />
la civilisation fait chaque jour des progrès.<br />
-k<br />
* *<br />
Samedi soir, à l’arrivée du train, un<br />
naturel de la Membrolle alla aussitôt<br />
s’installer au bout de la mer avec son<br />
pliant et tout l’attirail de pêche qui lui sert<br />
sur les bords de la petite rivière le la<br />
Choisille.<br />
Paingrelu, c’est ainsi qu’il s’appelle,<br />
obligé à chaque instant de reculer son<br />
installation à cause de la maree montante,<br />
ne comprenait rien à cette croissance des<br />
eaux, si ce n’est qu’il y « avait crue en<br />
mer. »<br />
À chaque instant, il marquait à la mode<br />
du pays le niveau avec un morceau de<br />
bois et calculait de combien de pouces à<br />
l’heure montait la mer. Enfin, effrayé de<br />
la persistance et de la rapidité de la<br />
croissance des eaux, il plia bagage et alla<br />
tout effrayé trouver son ami Blandureau<br />
qui, arrivé comme lui, était en train de<br />
déboucler ses malles.<br />
0 mon pauvre Blandureau, s’écria-t-il,<br />
ils vont en avoir une d’inondation aux<br />
<strong>Sables</strong>, je crains bien que la Choisille ne<br />
fasse aussi des siennes pendant mon<br />
absence, j’ai bien envie de retourner à la<br />
Membrolle.<br />
Mais Blandureau calma ses inquiétudes<br />
les pêchettes et tout l’attirail nécessaire<br />
pour la pêche aux écrevisses ; car chez<br />
lui avait été donné le rendez-vous général.<br />
Fortauld était un grand vieillard, sec et<br />
droit, à la figure austère et grave ; c’était<br />
le t y p e du bonhomme et du fidèle serviteur,<br />
la providence des pauvres gens et la<br />
terreur des braconniers.<br />
Deux personnes se trouvèrent au rendez-<br />
vous avant les toutes autres, comme si elles<br />
s’étaient données ie mot ; c’était Blanche<br />
Vernon et André de Villours. André semblait<br />
honteux, et gêné de cette rencontre<br />
qu’il souhaitait au fond du cœur ; Blanche,<br />
au contraire, était radieuse et en manifesta<br />
lentement sa joie.<br />
— Et les autres ? dit-elle en le voyant<br />
apparaître au détour du chemin.<br />
—, <strong>Les</strong> autres ?... Bonsoir, mademoi-<br />
seller<br />
— Bonsoir, André ! répondit-elle avec<br />
intention.<br />
— Gomment allez-vous, ce soir, Blanche<br />
?... les autres ; je les ai laissés derrière<br />
; on m’a prié de courir en avant pour<br />
voir si tout l’attirail de pêche était en bon<br />
état.<br />
— Ondirait que c’est ma rencontre monsieur<br />
qui vous fait chercher des excuses;<br />
— ingrat !<br />
— C’est vrai, Blanche, reprit André<br />
en lui expliquant scientifiquement la<br />
chose.<br />
* *<br />
Entre artistes dramatiques, sur le remblai.<br />
— Oh, ma chère, comme vous êtes<br />
enrhumée, quelle voix de chat vous avez.<br />
— Très-enrhumée, heureusement que<br />
je ne joue pas ces jours-ci.<br />
— Si fait, vous jouez... mais de malheur.<br />
Oscar du R em bla i.<br />
+----------------------------<br />
CASINO<br />
Jeudi à 8 heures bal d’enfants dans les<br />
salons du Casino.<br />
Samedi grand bal dans la salle des fêtes.<br />
Prix d’entrée : 5 fr.<br />
Tous les jours de 3 à 4 heures, concert<br />
sur la Terrasse.<br />
FAITS DIVERS<br />
V un t r é s o r . — Près du village de Ni-<br />
kolsk, en Russie, la vallée forme une<br />
gorge assez profonde appelée Zaporogne.<br />
La tradition rapporte que c’est dans cette<br />
gorge que se cachaient les brigands à la<br />
fin du siècle dernier; ils en sortaient pour<br />
faire leurs excursions déprédatrices et y<br />
rapportaient le butin qu’ils avaient fait.<br />
Dans la partie la plus profonde de la<br />
gorge est un puits très ancien appelé aussi<br />
Zaporogne. Depuis longtemps on disait<br />
qu’un trésor y était caché: Cette tradition<br />
avait passé de père en fils, et le père du<br />
propriétaire actuel y avait même fait des<br />
fouilles au commencement du dix-neuvième<br />
siècle, mais sans rien trouver. L’année<br />
passée, l’intendant de la maison, plus<br />
avisé que les autres, eut l’idée de creuser<br />
et de faire des fouilles, non pas en ligne<br />
perpendiculaire, mais dans le sens latéral.<br />
Ses efforts furent bientôt couronnés de<br />
succès, car on trouva un vase luisant dans<br />
lequel deux hommes puisèrent à pleines<br />
mains. Il fallait emporter tout sans donner,<br />
trop l’éveil aux voisins. <strong>Les</strong> habits furent<br />
mis à contribution, et on put aller jusqu’au<br />
village chercher des sacs capables<br />
de contenir tout ce trésor.<br />
L’intendant, après avoir ainsi fait mainr<br />
basse sur tout ce que contenait le vase,<br />
recueillit neuf fontes d’or en monnaie<br />
(146 kil.) Il eut soin de bien cacher sa<br />
nouvelle fortune, en recommandant aux<br />
paysans de ne pas divulguer soG secret,<br />
d’autant plus qu’il sanrait les récompenser<br />
grassement; l’essentiel, ajoutait-il, était<br />
de changer petit à petit ces pièces ancien-<br />
gravement et avec lenteur ; ne trouvez-<br />
vous pas, vous-même que je suis bien coupable<br />
de tromper «ainsi cette pauvre enfant.<br />
— Cette pauvre enfant ! ah, monsieur,<br />
j’avais bien deviné que vous ne vous étiez<br />
décidé à l’épouser que par dépit. Je sais<br />
bien qui a toujours été la plus aimée, la<br />
seule adorée !<br />
— Plus bas, dit M. de Villours. — Plus<br />
bas, cet homme pourrait nous entendre ;<br />
— et il m’a vu bien souvent venir de ce<br />
côté avec une autre que vous. C’est vrai,<br />
Blanche, je vous ai aimée, je vous aimais,<br />
alors que je croyais vous avoir oubliée.<br />
Je vous aime encore au point de tout sacrifier<br />
pour vous.<br />
— Vraiment, répondit Blanche, — puis,<br />
après une pause. — Voyons, grand enfant<br />
! Il faut bien que je vous récompense<br />
de toute vos douleurs, vous m’aimez, dites-vous,<br />
et je le crois ; et la preuve que<br />
je le crois, c’est que je vous aime, moi<br />
aussi.<br />
— Vous m’aimez... Mais...<br />
— Je vous aime, vous dis-je ! Me<br />
croyez-vous ?<br />
— Ah ! comment voulez-vous que je<br />
vous croie, après toutes les tortures que<br />
vous m’avez fait endurer, après tous les<br />
refus, après tant de froideurs et de cruau-<br />
nes, après quoi ils recevraient la récompense<br />
due à un pareil travail.<br />
Mais, à ce qu’il paraît, l’intendant n’a<br />
pas tenu sa parole, et les paysans ont porté<br />
plainte devant le tribunal du lieu; mais<br />
on leur a rendu une justice illusoire;<br />
aussi en ont-ils appelé de cette sentence,<br />
d’autant plus que, d’après la loi russe,<br />
tout trésor appartient en tiers à celui qui<br />
le trouve. Le propriétaire chez qui la découverte<br />
s’est faite n’y a droit qu’aux deux<br />
tiers. Il s’agit ici d’une fortune qui s’élève<br />
à 100,000 roubles.<br />
L e H a v r e . — Un déplorable événement<br />
s’est produit avant-hier soir, vers<br />
six heures, à l’usine de Dubosc et Cie*<br />
près du canal Vauban, au. Havre, et y a<br />
fait plusieurs victimes. <strong>Les</strong> ouvriers chargés<br />
du travail de nuit venaient d’arriver<br />
pour remplacer leurs camarades, dont la<br />
journée finissait, et entraient dans la salle<br />
des bouilleurs, à la partie ouest de l’établissement,<br />
où l’un des ouvriers qui avaient<br />
terminé leur tâche se trouvait encore, lorsqu’une<br />
terrible explosion a eu lieu.<br />
Un des bouilleurs avait éclaté et le choc<br />
fut si violent qu’uu bouilleur voisin fut déplacé,<br />
tout un bâti de briques renversé,<br />
un mur de clôture démoli, et le toit du<br />
foyer des machines projeté à une grande<br />
distance, malgré son poids de 3,000 kilog.<br />
La secousse, dit le Courrier du Havre,<br />
avait même fait trembler sur leurs fondations<br />
les maisons voisines, et une petite<br />
fille qui passait avec sa mère dans la<br />
grande cour de l’usine fut renversée.<br />
Un nuage de vapeur couvrit aussitôt<br />
tout l’établissement ; il était si intense<br />
que le contre-maître, le chimiste et plusieurs<br />
autres personnes de l’établissement<br />
qui accouraient durent attendre qu’il se<br />
dissipât pour découvrir le lieu du sinistre.<br />
Quand ils purent enfin l’atteindre, un<br />
terrible spectacle s’offrit à leurs yeux ;<br />
un aide chauffeur et un premier chauffeur<br />
se jetèrent devant eux, couverts de brûlures.<br />
Le premier parvint jusqu’au bureau<br />
de l’établissement, mais son camarade<br />
tomba en route.<br />
Cependant, parmi les décombres, on retirait<br />
un aide-chauffeur grièvement blessé<br />
et étendu sans connaissance : un peu plus<br />
loin, un autre ouvrier gisait mort. 11 avait<br />
eu le front ouvert par une brique.<br />
Ce malheureux se nomme Paul Hache ;<br />
il n’était âgé que de 21 ans et était célibataire.<br />
Il a été inhumé hier dans l’après-<br />
midi, au milieu d’un nombreux concours<br />
d’ouvriers. C’était un vaillant travailleur,<br />
et la mort qui l’a frappé laisse des regrets<br />
à tous ses camarades.<br />
/ , l o n d r k s f o r t if ié . — Du côté de la<br />
Tamise, les défenses sont presque achevées.<br />
Plusieurs canons de 25 tonnes, sortis<br />
de l’arsenal de Woolwich, ont été placés<br />
au fort Tilbury et à New-Tavernport<br />
(Kent). Le nouveau fort Shornmeade, qui<br />
se trouve plus bas en descendant le fleu-<br />
.......<br />
tés. Et, d’ailleurs , n’est-il pas trop tard<br />
pour ?<br />
— Il n’est jamais trop tard.<br />
— Mais alors, pourquoi in’avoir forcé<br />
en quelque sorte, à en aimer une autrei<br />
— Oubliez-la.<br />
— Croyez-vous qu’on oublie ainsi celle<br />
qn\. vous a consolé un instant, et vous a<br />
donné presque le bonheur! Comment voulez-vous<br />
que j ’aie le courage de briser le<br />
cœur de cette pauvre petite qui m’adore,<br />
comment voulez-vous qu’après l’avoir bercée<br />
de mille divines illusions, je la tue,<br />
moi !<br />
Elle s’avança vers lui, et lui serrant les<br />
mains avec force, elle lui dit, les dents<br />
serrées :<br />
(La suite au prochain n°)