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-’iâÈi<br />
ancolie de l’andante, les plaintes du cor<br />
anglais, les sourds frémissements des tempêtes<br />
helvétiquas, la sérénité patriarcale<br />
du Rantz des vaches, tout cela n’a pas<br />
souffert une égratignure d’archet, une<br />
injure de cuivre. Puis toutes ces modulations<br />
de montagnes,toütes ces idylles de<br />
chalet, se sont élevées sans encombre à<br />
l’impétuosité délirante des Scherzo, à cet<br />
ouragan d’insurrection victorieuse qpe<br />
Rossini a écrit pour l’immortalité de Guillaume-Tell.<br />
F. Nicot.<br />
THÉÂTRE DU CASINO<br />
LE RENDEZ-VOUS<br />
Comédie en 1 acte par François Coppée<br />
Dans une chronique écrite en 1843, à<br />
propos de la fameuse représentation de<br />
Lucrèce, qni, on s’en souvient, flotta longtemps<br />
de succès en demi-succès, et divisa<br />
les critiques et les littérateurs, M. Ste-<br />
Beuve s’exprimait ainsi : « Depuis quinze<br />
ans qu’après tant de promesses les faiseurs<br />
modernes sont à l’œuvre au théâtre,<br />
rien n’est sorti d’élevé et de sensé. On est<br />
las, on n’a plus do préjugés classiques ou<br />
autres, on veut quelque chose, on le prendra<br />
d’où qu’il vienne. Sera-ce une leçon<br />
pour les faiseurs ! et y a-t-il de telles leçons<br />
? arrive-t-on jamais au théâtre par<br />
voie de perfectionnement ? n’est-ce pas<br />
d’emblée, de prime saut, par le coche de<br />
Roue, par la patache du Rhône? Aux<br />
nouveaux venns la scène ! les autres ont<br />
assez tâtonné. »<br />
En parlant ainsi, le spirituel académicien<br />
avait sans doute entrevu ces jeunes<br />
étoiles littéraires qui commençaient à s’annoncer<br />
et dont les œuvres devaient servir<br />
en quelque sorte à la régénération du<br />
théâtre Français.<br />
Il est peu d’auteurs, en effet, ayant<br />
excellé dans l’art d’analyser le cœur humain<br />
et de reproduire à la scène avec<br />
étude et fidélité nos mœurs, nos caractères,<br />
nos passions, dans un langage simple<br />
et noble à la fois. Ce sont toujours<br />
ces terribles passions de la nature humaine,<br />
en lutte avec le devoir, qui dominent<br />
dans les ouvrages soumis au théâtre<br />
et trop souvent, hélas ! l’auteur lancé<br />
dans ce courant d’idées se laisse entraîner<br />
à l’exagération, est impuissant à se modérer<br />
et de la réalité tombe dans l’invraisemblance.<br />
Cela ne revient point à dire<br />
que l’œuvre soit tout è fait défectueuse ;<br />
mais elle inspire moins d’intérêt, elle offre<br />
moins d’attrait parce qu’on n’y rencontre<br />
pas cette teinte de vérité qui fait le succès<br />
de tant d’autres. Aussi éprouve-t-on une<br />
sensation agréable, un plaisir tout nouveau<br />
quand un hasard heureux vous fait<br />
assister à une de ces fraîches et ravissantes<br />
comédies où de hautes pensées<br />
s’associent à un langage simple, qui respire<br />
la vraie, la saine littérature.<br />
FEUILLETON<br />
20<br />
UNE ROUSSE (1)<br />
PAR<br />
ANDRÉ TREILLE.<br />
— Vois-tu, disait-elle, c’est une folie<br />
que tu fais là ; tu te laisses enjôler par<br />
les belles paroles de la demoiselle de<br />
Mortemer. Il vaut bien mieux rester chez<br />
M. le marquis ; c’est un si bon maître.<br />
Tu vois ce que te rapporte ta ferme ici !<br />
Ce sont de belles terres, bonnes et fertiles.<br />
Là-bas tu n’auras que des terres en<br />
friches, incultes et rongées par la brande.<br />
— Oui, femme, mais avec tout cela,<br />
nous n'arrivons pas, chaque an, à gagner<br />
la moitié de ce que nous aurons là-bas.<br />
Alors, tu veux devenir domestique !<br />
— Domestique ! que non pas ! Dis un<br />
intendant, femme ; et je parie bien que<br />
l’intendant sera le maître. Ça ne te plaira<br />
(1) Reproduction interdite.<br />
LA PLAGE<br />
Lundi nous avons eu la bonne fortune<br />
de voir représenter au Casino une de ces<br />
œuvres délicates habilement ciselées, le<br />
Rendez-vous, de François Coppée. C’est le<br />
11 septembre 1872 que fut représenté pour<br />
la première fois sur la scène de l’Odéon<br />
ce petit chef-d’œuvre qui obtint un succès<br />
si retentissant. Le sujet est simple et sans<br />
prétention : Une grande dame, une comtesse<br />
visite l’atelier d’un peintre distingué<br />
qu’elle estime, qu’elle aime peut-être,<br />
mais sa fierté impose silence à son amour<br />
qui perce cependant à la vue d’une lettre<br />
portant l’adrese de Mlle Adèle à Montmartre.<br />
Serait-ce une maîtresse de l’artiste ?<br />
Sa jalousie démasque l’amour. C’est alors<br />
que l’artiste fait le récit touchant de la<br />
misère d’Adèle:<br />
Madame, vous prenez demain deux louis d’or,<br />
Vous vous faites mener, toute en noir et voilée,<br />
A cette adresse. Au bout d’une sombre allée,<br />
Vous trouvez l’escalier. Suivez la corde à puits.<br />
Montez, montez toujours jusqu’au cinquième...<br />
LA COMTESSE<br />
RAYMOND<br />
Et puis?<br />
Attendez, Ce n’est pas bien gai, je dois vous dire<br />
\o s beaux yeux vont un peu pleurer, un peu<br />
[sourire .<br />
Celle qui m’a valu vos propos médisants,<br />
C’est là qu’elle demeure. Elle n’a pas seize ans.<br />
Et c’est une orpheline, avec son petit frère.<br />
I s sont dans ce grenier et dans cette misère.<br />
Elle pose pour vivre et vit mal : le rapin<br />
Est pauvre. Ces enfants souvent manquent de<br />
[pain.<br />
L’autre soir, quand je fus chez eux, il gelait<br />
[ferme.<br />
Allez les voir, car c’est bientôt le jour du terme.<br />
Visitez le taudis, embrassez le gamin.<br />
Consolez la petite en lui prenant la main,<br />
Et laissez au départ l’or sur la cheminée.<br />
Faites. Vous n’aurez pas perdu votre journée.<br />
Qu’imaginer de plus simple, de plus<br />
expressif etde plus sincèrementpoétique ?<br />
Hîst-il possible de peindre avec plus de<br />
vérité et de naturel la misère et la souffrance<br />
? Comme on sent le souffle de cet<br />
esprit d’élite dont chaque création nouvelle<br />
est un chef-d’œuvre.<br />
Mais, poursuivons. Raymond fait à la<br />
comtesse l’histoire de sa vie et le portrait<br />
de sa mère en vers non moins beaux que<br />
ceux que nous citions tout à l’heure. L’auteur<br />
établit ensuite un contraste entre la<br />
vie de l’artiste et celle de la comtesse. Puis<br />
Raymond saisit la main de la comtesse,<br />
qui se retire, et la couvre de baisers,et la<br />
pièce se termine par deux charmants vers<br />
mis dans la bouche de l’artiste.<br />
Si le monde avait vu la chose, il rirait bien.....<br />
Bah ! Je reste honnête homme.... Et l’on n’en<br />
[saura rien.<br />
Il faudrait s’arrêter sur chaque mot,<br />
analyser chaque pas, pour mettre complètement<br />
en relief les beautés de cette<br />
ravissante composition. Mais nous aurons<br />
occasion de revenir encore sur les œuvres<br />
de l’éminent poète, destinées à prendre<br />
rang parmi les chefs-d'œuvre de la littérature<br />
française.<br />
M. Fauve et Mlle Alice Farnat sont res<br />
donc pas de m’entendre appeler Monsieur<br />
l’intendant, gros comme le bras, et, ma<br />
fine, pourquoi est-ce qu’alors je ne deviendrais<br />
pas maire de la commune ?<br />
Pierre <strong>Les</strong>cart l’est Dien ; et il ne sait<br />
même pas lire. Enfin, moi, je suis le maître<br />
ici ; j’ai décidé que nous irions à Mortemer<br />
; nous irons.<br />
Pour toute réponse, Margot se mit à<br />
pleurer. <strong>Les</strong> larmes sont le dernier argument<br />
des femmes. Mais Jacques Ferray<br />
n’était pas d’une trempe à se laisser amollir<br />
par des pleurs : et l’interpellant brutalement,<br />
avec sa grosse voix:<br />
tés, dans l’interpellation, à la hauteur de<br />
l’œuvre. Nous ne savons vraiment à qui<br />
des deux décerner la palme, et nous rendrons<br />
hommage à la vérité en ne faisant<br />
pas de différence.<br />
M. Faure, que nous n’avions vu qu’une<br />
fois seulement dans la Joie de la Maison et<br />
encore dans un rôle effacé, excelle dans<br />
l’art de dire des vers. C’est un artiste<br />
d’un rare mérite, jeune et plein d’avenir,<br />
et nous sommes heureux d’être auprès de<br />
lui l’interprète de tous ceux qui l’ont entendu.<br />
M. Faure est, paraît-il, engagé<br />
pour l’hiver proehain au Vaudeville. Nous<br />
félicitons, en même temps, l’artiste de<br />
cette distinction et l’administration de ce<br />
heureux choix.<br />
Mlle Alice Farnat que nous n’avons,<br />
hélas ! le plaisir de voir que fort rarement,<br />
s’est acquittée avec infiniment de talent<br />
du rôle de Comtesse. Du reste, nous<br />
n’avons point à revenir sur nos premières<br />
appréciations ; Mlle Farnat est décidément<br />
une excellente artiste que nous sommes<br />
heureux de posséder.<br />
Le Rendez-vous a déjà eu deux représentations<br />
et chaque fois les spectateurs,<br />
par leurs chaleureux applaudissements,<br />
ont rendu hommage à l’auteur et aux artistes.<br />
Paul Buisson.<br />
L’abondance des matières nous oblige à<br />
remettre à notre prochain numéro le<br />
compte-rendu du Panache, comédie en 8<br />
actes d’Ed. Gondinet, qui vient d’obtenir<br />
un si grand succès sur notre scène du Casino.<br />
CASINO<br />
Jeudi, à 3 heures, bal d’enfants dans<br />
les salons.<br />
Samedi, à 9 heures, grand bal dans la<br />
salle des fêtes du Casino. Prix d’entrée :<br />
5 fr.<br />
Tous les jours, de 3 à 4 heu ree, concert<br />
sur la terrasse.<br />
La jolie valse des <strong>Sables</strong>-d’Olonne, ornée<br />
d’une belle gravure représentant le<br />
Casino, le Remblai et la Plage,par E. du<br />
Rocher, vient de paraître. Elle est d’un<br />
merveilleux effet, et digne du talent de<br />
l’auteur, si connu par ses compositions.<br />
Elle est en vente au bureau du journal,<br />
librairie Ed. Mayeux, S, rue du Centre,<br />
et au Casino.<br />
LA PÊCHE AUX SABLES-D’OLONNE<br />
L e C o n g r e<br />
Toutes les fois que ma vue s’arrête sur<br />
lement comme autrefois. Le passé lui apparut<br />
devant les yeux. L’ancien amour<br />
renaissait avec d’autant plus de force<br />
qu’il semblait éteint et qu’il avait longtemps<br />
couvé sous la cendre. Oubliant et<br />
Jane et le bonheur présent, il se raccrochait<br />
aux plus folles espéranees, au lieu<br />
de lutter sontre les mauvaises pensées qui<br />
l’envahissaient.<br />
Chez les d’Hissonnière,c’était unegrande<br />
fête aussi que la foire de Lhommaizé et,<br />
ce jour-là, il avait été décidé qu’on irait<br />
en famille; Aussitôt après le déjeuner, en<br />
effet, tout le monde, vieillards et jeunes<br />
— Allons, viens, Margot, tu pleurniche gens,se préparèrent à partir.<br />
ras plus tard. Ça me déplaît, à moi. Apporte<br />
le licou, et vite, je ne veux pas, à<br />
cause de toi, arriver en retard à la foire.<br />
Margot obéit ; le licou fut apporté, le<br />
bidet harnaché, la carriole équipée et l’on<br />
partit.<br />
André avait écouté et recueilli avec une<br />
surprise croissante les détails de cette<br />
conversation. Jacques quittait laBuisse?<br />
Jacques avait des rapports avec Blanche ?<br />
Que signifiait ? Il en conclut que Jacques<br />
était un espion aposté par Mlle Vernon<br />
pour surveiller ce qui se faisait à laBuisse,<br />
Jane sautait de joie comme une enfant ;<br />
elle voulait danser la bourrée classique ;<br />
elle voulait qu’André dansât, et comme<br />
celui-ci déclarait qu’il se contenterait du<br />
simple rôle de spectateur, elle lui dit en<br />
riant :<br />
— Oh ! il faudra bien que vous dansiez.<br />
— Blanche viendra ; vous danserez avec<br />
elle.<br />
— Dieu m’en garde ! fit-il d’ut, sourire<br />
contraint.<br />
— Pourquoi ! moi je le veux.<br />
et, lorsqu’il se demanda en lui-même le — Oh non ! Jane, reprit le marquis, il ne<br />
pourquoi d’une semblable conduite, il<br />
sentit, le malheureux son cœur battre fol<br />
faut pas qu’il danse avec Mlle Vernon. —<br />
Tu sais bien pourquoi.<br />
une anguille de mer, je ne puis m’empêcher<br />
de songer au serpent de mer, la murène<br />
des anciens, et naturellement mon<br />
souvenir se reporte sur ce chevalier romain,<br />
Vèdicus Pollio, qui faisait jeter dans<br />
un vivier de murènes les esclaves qu’il<br />
condamnait à la mort.<br />
Favori d’Auguste, il avait un jour l’honneur<br />
de recevoir à sa table son empereur<br />
et maître, lorsqu’un esclave, en faisant le<br />
service des mets, brisa involontairement<br />
un plat d’une grande valeur. Furieux, le<br />
cruel Pollio ordonna de jeter immédiatement<br />
le malheureux dans la piscine, pour<br />
que son sang et sa chair servissent de pâture<br />
à ses poissons qu’il aimait de l’affection<br />
la plus vive.<br />
L’empereur, révolté de cette atroce<br />
barbarie, se montra grand et généreux envers<br />
l'esclave , à qui il accorda la vie sauve<br />
et la liberté, et punit Pollio, son indigne<br />
ami, en faisant briser tous les vases précieux<br />
qu’il avait amassés.<br />
Le congre (murœna conger) dont je<br />
veux vous parler, amis baigneurs, est<br />
aussi une murène, mais une murène qui,<br />
sur la plage des <strong>Sables</strong>, ne vous mordra<br />
pas même les mollets. Comme le malheureux<br />
esolavre, le congre est attaqué et<br />
mangé par la murène des anciens, à laquelle<br />
nos naturalistes ont donné le nom<br />
de murénophis hélène. En faisant cette pêche,<br />
soyez donc sans crainte, allez-y gaiement,<br />
et puisse saint Pierre, notre saint<br />
patron, vous être favorable.<br />
Le congre, appelé par les pêcheurs de<br />
nos côtes anguille de mer, est un poisson<br />
qui a beaucoup de ressemblance avec notre<br />
anguille de rivière, mais il en diffère<br />
par la taille, par une plus grande longueur<br />
des barbillons, par le diamètre des<br />
yeux, qui sont plus gros, et par la couleur,<br />
qui est grise ou noire suivant la nature<br />
des fonds qu’il fréquente.<br />
Le congre gris se tient sur les fonds va<br />
seux, tandis que le noir vit de préférence<br />
sur les rochers. Très-vorace, ce poisson<br />
se nourrit soit de poissons vivants, soit<br />
de chairs mortes. On le rencontre<br />
à l’embouchure des grands fleuves,<br />
dans les courants, attendant qu’une proie<br />
passe à sa portée.<br />
En bateau, on prend quelquefois de très-<br />
gros congres avec le chalut, mais la véritable<br />
pêche se fait au moyen de lignes de<br />
fond. Ces lignes, longues de cent à deux<br />
cents mètres, sont chargées de morceaux<br />
de plomb ou simplement de cailloux, pour<br />
les empêcher d’être soulevées par l’eau ;<br />
on les garnit de 25 ou 30 piles ou cordes<br />
garnies de fil de laiton, au bout de chacune<br />
desquelles sont un hameçon et un<br />
appât; on les tend, soit parallèlement à<br />
la côte, soit dans le sens du courant ;<br />
mais, si vous trouvez un fond herbeux,<br />
tendez de préférence dans les chenaux.<br />
La pêche à pied se pratique sur les va-<br />
sières, à marée basse, là où l’eau atteint<br />
30 à 50 centimètres de profondeur, en<br />
sondant les excavations, vous pouvez faire<br />
déguerpir les congres et les prendre à la<br />
— Non ! je ne sais pas pourquoi ! je ne<br />
veux plus le savoir : Le passé n’est-il pas<br />
oublié? Un jeune homme ne peut-il voir<br />
une jeune fille sans être amoureux d’elle.<br />
Lorsqu’ils ne s’aiment plus, comme autrefois,<br />
est-ce une raison pour qu’ils ne<br />
soient pas amis ? André est mon fiancé ;<br />
Blanche est mon amie, je n’ai rien à craindre,<br />
ni de l’un, ni de l’autre ; je le sais !<br />
— Tous deux me l’ont dit. Eh bien ! je<br />
veux un rapprochement entr’eux deux.<br />
Et pour se réconcilier, ils danseront ensemble.<br />
— Tous deux me l’ont dit. Eh bien ! je<br />
veux un rapprochement entr’eux deux.<br />
Et pour se réconcilier, ils danseront ensemble.<br />
— Eh bien, oui ! di,* André=<br />
— C’est une sottise, dit le marquis.<br />
(La suite au prochain n°)