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P L A G E - Les Sables d'Olonne

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estes du passé aillent à Talmont, ils sont<br />

sûrs-d’y trouver un sujet des plus curieux<br />

d’études archéologiques.<br />

OSCAR DU REMBLAI.<br />

LETTRE SABLAISE<br />

I<br />

A la baronne de R . à Paris.<br />

Vous ne sauriez croire, chère amie, le<br />

plaisir que m’a fait votre aimable lettre.<br />

Que c’est bien à vous d’avoir songé à moi<br />

au milieu de vos tracas et da vos préoccupations<br />

de chaque jour !<br />

Je suis heureuse, dites-vous. C’est vrai,<br />

' et tous mes désirs seraieat comblés si<br />

vous consentiez à venir nous rejoindre et<br />

partager notre bonheur. Vous allez me<br />

dire que Paris vous retient et que vous ne<br />

pouvez le quitter. Mais je vous tourmenterai<br />

tant que vous finirez bien par vous<br />

rendre à mes instances et rompre pendant<br />

quelques jours, avec les affaires sérieuses.<br />

Que vous conterai-je ? La disette de<br />

nouvelles est toujours grande, quoique le<br />

bruit augmente de jour en jour et que les<br />

arrivants des villes s’informent activement<br />

de ce qui s’est passé et de ce qui ne se<br />

passe pas. Vous le savez, aux bains de<br />

mer, la vie est calme sans être monotone<br />

; les petits incidents de plage et les<br />

intrigues traditionnelles sont tout ce que<br />

nons pouvons inscrire à l’artiele nouvelle.<br />

Voilà quinze jours que je suis aux <strong>Sables</strong><br />

et l’ennui ne m’a point encore gagnée.<br />

J ’habite sur le Remblai, cette magnifique<br />

promenade quipart de la cité Jenty<br />

pour aboutir à l’hôtel de l’Océan, une jolie<br />

petite maison avec contrevents verts, devant<br />

laquelle s’étend une terrasse couverte<br />

de feuillage où nous nous réunissons<br />

dans la journée pour jouir du spectacle<br />

grandiose de la mer.<br />

La plus grande partie de mon temps se<br />

passe au casino, soit au bal, soit au théâtre,<br />

soit au concert, soit au salon de lecture.<br />

Ah ! ma r.hèrfi amifi, qiifil splfindirt»<br />

casino nous avons aux <strong>Sables</strong>. Je vous<br />

assure qu’il peut défier avec avantage ceux<br />

des autres plages du littoral. Je me demande<br />

comment on a pu construire en si<br />

peu de temps ce petit chef-d’œuvre. Que de<br />

courage, que de persévérance il a fallu à<br />

ceux qui se sont mis à la tête de cette<br />

innovation !<br />

Je ferme ma parenthèse, chère amie,<br />

pour continuer à vous narrer mon existence<br />

aux <strong>Sables</strong>.<br />

D’abord, je suis beaucoup plus matinale<br />

qu’à Paris. Je me plais à faire de bonne<br />

heure une promenade au bord de la mer,<br />

à eher^her des coquillages et à voir rentrer<br />

dans le port tous ces petits bateaux<br />

aux voiles latines rapportant toujours une<br />

pêche abondante. Puis, le déjeuner ter­<br />

FEUILLETON<br />

UNE ROUSSE'"<br />

PAR<br />

ANDRÉ TREILLE.<br />

Tu vois, je retombe dans une folie. Pourquoi<br />

te dis-je que j ’aime cette petite puisque<br />

jamais je n’ai songé à luidire. Voyons,<br />

mon cceur, reste un peu calme, souviens-<br />

toi !<br />

Je n’aime pas, je ne peux aimer Mme<br />

de Retzy. Qui j’aime, c’est Blanche ! Blanche<br />

pour qui je suis venu ici ; Blanche<br />

qui sera à moi, qui m’aimera, car toile<br />

est ma volonté, oh ! je saurai bien vain-<br />

creles obstacles, qu’ils viennent d’ailleurs.<br />

C’est bien elle que j ’adore, et je suis bien<br />

(1) Reproduction interdite.<br />

miné, je vais au casino éeouter le concert<br />

donné chaque jour par l’orchestre. Vous<br />

éprouveriez, j’en suis sûre, un bien grand<br />

plaisir à entendre les solistes, qui sont<br />

très-forts et surtout très-appréciés.<br />

L’heure du bain m’appelle ensuite sur<br />

la plage et le soir je retourne encore au<br />

Casino assister au spectacle ou prendre<br />

part aux petites sauteries de familles qui<br />

sont organisées dans les salons.<br />

Vous le voyez, on se laisse vivre dans<br />

ce délicieux Eden et l’on oublie Paris en<br />

respirant à l’aise au bord de l’Ooéan.<br />

Et cependant, les étrangers affluent<br />

tous les jours à Paris. Avouez, chers amis<br />

qu’il y a des gens qui choisissent bien<br />

mal laur temps pour visiter la capitale. Et<br />

vous avez de grands personnages encore.<br />

Rien d’étonnant, du reste, à cela ; ou ne<br />

peut compter avec les caprices des souverains.<br />

Le roi de Grèce dont vous faites<br />

le portrait peu flatté a été, pendant quelque<br />

temps, le sujet de toutes les conversations.<br />

On attend, paraît-il, maintenant,<br />

la reine d’Angleterre. Viendra-t-eile faire<br />

une pointe jusqu’à Paris? Grande question.<br />

Aussi, je compte sur vous pour<br />

me tenir au courant de ces événements<br />

ainsi que de tous les autres. Merci d’avance,<br />

chère baronne, et à bientôt j ’espère.<br />

Je vous embrasse comme je vous<br />

aime.<br />

COMTESSE V.<br />

AUX SABLES D’OLONNE.<br />

CRHONIQUE LOCALE<br />

Nous recevons la lettre suivante :<br />

LÀ P LAGrE<br />

Tous les journaux font des coquilles,<br />

mais tous les journaux, heureusement, ne<br />

sont faits ni par ni pour — lâchons le<br />

mot — des huîtres...<br />

Cela est de l’histoire ancienne, n’est-ce<br />

pas, amis lecteurs. Et bien, malgré son<br />

grand âge, il est un journal, un seul, mais<br />

un pourtant qui feint de l’ignorer. G’est<br />

donc — avec votre permission — pour<br />

lui seulement que je tracerai ces lignes.<br />

L ’huîtro rassem ble et serre ses coquilles<br />

quand on la touche ; le détracteur de la<br />

Plage fait plus : il collectionne, lui, toutes<br />

celles qu’il rencontre. Incontestablement<br />

c’est son droit ; et c’est un droit, je crois,<br />

que peu de baigneurs lui disputeront,<br />

d’autant mieux qu’il finira certainement<br />

par se retrouver lui-même au beau milieu<br />

de sa riche collection.<br />

Quant à moi, qui ne suis point partie<br />

dans la cause, prenant la liberté de m’éri-<br />

ger en juge, je dirai au vieux baigneur<br />

en lunettes,au jeune baigneur « chercheur de<br />

coquilles » et à leur éditeur :<br />

— Attention, chercheurs de coquilles,<br />

père, fils et saint-esprit ; attention ! Maintenant<br />

que votre ban et votre arrière-ban<br />

sont partis en guerre contre La Plage,<br />

tenez-vous bien, serrez vos rangs, et rap­<br />

insensé d’avoir pu un instant penser à une<br />

autre.<br />

Mais, avec une femme comme Blanche<br />

Vernon, je ne comprends l’amour que<br />

dans la possession. C’est surtout cette<br />

belle chair que j ’aime. Dans l’amour que<br />

je lui porte, l’amour de l’artiste et pour<br />

beaucoup. Il faut qu’elle soit ma femme,<br />

qu’elle soità moi, m’entends- tu, mon cher<br />

ami ?<br />

Eh bien ! tente encore les démarchés<br />

auprès du banquier. Je te mettrai au courant<br />

de tout ce qui se passera ici. Mon<br />

brave tuteur, M. d’Hissonnière, va s’employer<br />

pour moi, il me l’a promis.<br />

Ce mariage se fera ; s'il ne se faisait<br />

pas, ou j’en mourrai (vieux style), ou bien<br />

je deviendrais sérieusement amoureux de<br />

La Rousse, ce qui vaudrait peut-être mieux.<br />

Enfin ! le sort en est jeté !<br />

Au revoir, cher ami, et à toi de tout<br />

cœur.<br />

A n d r é dis V illo u rs.<br />

Par retour du courrier André recevait<br />

ta lettre suivante :<br />

Mon bon ami,<br />

Tu es fou, ce n’était pas la peine de<br />

me le dire, fou à battre, fou à lier. Tu as<br />

le bonheur près de toi, et tu ne t*en empales<br />

pas !<br />

pelez-vous la fable : L'Huître et les Plai-<br />

de«ri.PerrinDandin; vous le savez,adore les<br />

mollusques, et Perrin Dandin, par malheur,<br />

n’est pas de vos amis. Donc, jevous<br />

le répète, attention et garde à vous !<br />

Quoi qu’il advienne désormais, je crois<br />

avoir rempli un devoir en avertissant charitablement<br />

les susdits chercheurs de coquilles<br />

du danger qui les menace. —- Qu’ils<br />

se tiennent donc pour avertis.<br />

Un mangeur d’huîtres.<br />

qui signerait son nom si les chercheurs<br />

de coquilles ne s’étaient bravement confinés<br />

sous leur carapace.<br />

Nous sommes heureux d’annoncer à<br />

nos lecteurs qu’un grand festival s’organise<br />

pour le dimanche 30 juillet. De nombreuses<br />

fanfares et sociétés philharmoniques<br />

doivent y prendre part, parmi lesquelles<br />

nous citerons les musiques municipales<br />

d’Amboise, de Tours, de Saumur,<br />

de Poitiers, de Nantes, de Thouars, de<br />

Bressuire, de la Roche-sur-Yon, de Fon-<br />

tenay, etc.<br />

Nous ne pouvons que féliciter les organisateurs<br />

de cette fête musicale et leur<br />

souhaiter le même succès que l’an dernier.<br />

On nous annoncq l’apparition prochaine<br />

d’une grande et brillante<br />

■V a ls e d e s S a M e s - t l ’O l o n i i e<br />

(Avec une lithographie du Casino, du<br />

Remblai et de la Plage), par M. E. d u<br />

R o c h e r , l’artiste-amateur bien connu,<br />

l'accompagnateur de tous les grands artistes,<br />

le président de l’ex-association<br />

musicale de l’Ouest (Le Mans, Laval et<br />

Rennes).<br />

Aussitôt parue à Paris, chez l’éditeur<br />

Legouïx, 27, boulevard Poissonnière, on<br />

trouvera la Valse des <strong>Sables</strong>-<strong>d'Olonne</strong> chez<br />

M. E. Mayeux, libraire, rue du Centre<br />

aux <strong>Sables</strong>.<br />

THEATRE DU CASINO<br />

Mardi 25 juillet<br />

Ire représentation de<br />

LA FILLE DU RÉGIMENT<br />

Opéra comique en 2 actes<br />

Paroles de MM. de Saint-Georges et<br />

Bayard.<br />

Musique de Donizetti<br />

Distribution<br />

Sulpice Sergent, MM. Dangon.<br />

Tonio, Masson.<br />

Hortensius, Kuntz.<br />

Le Caporal, Brussel.<br />

Un Notaire, Louis.<br />

Marie, vivandière, Mme Brunet.<br />

La marquise de Ber-<br />

kenfield, Mme Bovery.<br />

La duchesse de Car-<br />

kentorfs, Mlle Berthe<br />

Un Valet, Eugène<br />

Bien que tu me traites un peu légèrement<br />

de conseilleur, ce qui n’est pas poli,<br />

je te donnerai un conseil que je crois<br />

sage. Laisse-là Blanche, et épouse Jane ;<br />

l’une est l’ivresse d'une jouissance passagère<br />

; l’autre est le bonheur d’un amour<br />

éternel.<br />

J ’ai vu M. Vo ..on. Il m’a répondu ce<br />

qu’il t’avait dit sans doute : « Sa fille est<br />

libre. »<br />

Si tu tiens à poursuivre üne vaine chimère,<br />

poursuis-îà.<br />

Mais c’est alors que je te dirai que tu as<br />

perdu la tète.<br />

Ton meilleur ami<br />

Charles Darnault.<br />

IX<br />

C’était encore une de ses chances qu’An-<br />

dré de Villours venait de perdre là. Il<br />

était forcé de compter sur lui-même pour<br />

vaincre.<br />

Afin d’être plus fort dans cette lutte, il<br />

se tenait à l’écart de Jane, autant que possible.<br />

Plus de promenades avec elleàtra-<br />

vers les bois où le long de la Vienne. Plus<br />

de causeries sentimentales et poétiques.<br />

Le matin, il partait avant le soleil, ets’en-<br />

fonçait au plus épais des vastes forêts qui<br />

couvrent le pays de la Buisse à Morte-<br />

mer. Il avait besoin d’être seul, de s’in-<br />

THÉÂTRE DU CHALET<br />

jeudi 25 juillet 1876 à 8 h. 1/2.<br />

Ire représentation de<br />

LA TRIBUNE MECANIQUE<br />

Cours d’éloquence parlementaire<br />

en un actô.<br />

Le Président MM. Prevîlle.<br />

Bouehet-Dubonnet Pichet.<br />

Rossognac Charley.<br />

De la Clôture Gacon.<br />

Cervelet Teslot.<br />

Borniche Chai ley.<br />

De la Butte-Jouvel Pichet.<br />

Gandin de la Hte-Creuse Gacon.<br />

On terminera par<br />

Tromb al Cazar<br />

Opéra-bouffe en un acte<br />

Beaujolais<br />

Vert-Panné<br />

Ignace<br />

Gigolette<br />

MM. Charley.<br />

Pichet.<br />

Gacon.<br />

Mme Le Pailleur.<br />

ANNUITÉS RUSSES<br />

On annonee pour le 3 août prochain<br />

une souscription publique qui paraît appelée<br />

à un plein succès. Il s’agit de<br />

l’émission de 1,400 titres d’annuités à<br />

recevoir du gouvernement russe, par une<br />

compagnie subventionnée pour ses services<br />

publics.<br />

Le taux de l’emprunt ressortira à<br />

7 35 0/0.<br />

<strong>Les</strong> capitalistes ayant des fonds disponibles<br />

ne manqueront pas de porter leur<br />

attention sur cette affaire.<br />

l.a p è c h e au x S ab les d’Olonne<br />

LE CRABE<br />

Il y a de longues années je me trouvais<br />

en expédition dans le Sahara or, au<br />

soir, groupés autour du feu d’un bivouac,<br />

se trouvait parmi les assistants le Cadi<br />

Sidi-Ben-Aomar, homme de science et<br />

de religion. — Comme nous l’interrogions<br />

sur les moyens de passer ici bas d heureux<br />

jours, il nous répondit :<br />

« Le bonheur sur la terre se trouve sur<br />

» le dos des chevaux ; dans lefouillement<br />

» des livres et... »<br />

— Pardon, mesdames, si je ne cite pas<br />

extuellement le Cadi, mais au désert les<br />

oreilles sont moins sévères que sur la<br />

Plage des <strong>Sables</strong>. Je me contenterai de le<br />

de traduire d’un peu loin...<br />

« Le bonheur se trouve aussi dans la<br />

société d’une femme. »<br />

J ’ai toujours gardé souvenir de la réponse<br />

du Saint Marabout, et j’ai trouvé<br />

qu’il avait mille fois raison,<br />

En effet, quel plaisir plus grand que de<br />

passer une soirée au easino dans la so-<br />

| terroger de se soutenir dans la résolu tion<br />

j qu’il venait de prendre.<br />

Il le sentait bien ; il aimait Jane alors<br />

| qu’il ne voulait pas l’aimer. Il avait pour<br />

elle une dé ces adorations naïves comme<br />

en ont les paysans pour les saintes vierges<br />

qui ornent leurs églises. Pour lui, Jane<br />

ôtait une madone, à laquelle il n’osait toucher<br />

seulement du bout des doigts, tant<br />

il avait le sentiment de son infériorité<br />

morale vis-à-vis d’elle. Pour Blanche, au<br />

contraire, son amour n’avait rien de ces<br />

timidités chastes et juvéniles. Blanche,<br />

c'était une belle statue qu’il aurait voulu<br />

animer, la Galathée dont il eût voulu être<br />

le Pygmalion. II aimait Jane avec son<br />

cœur, et Blanche avec son imagination.<br />

(.La suite au prochain n0)

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