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le Remblai, les Ilots, roulant la grève,<br />
battaient avec fureur. La mer, chassée<br />
par uu \ent sud-ouest, entrait avec impétuosité<br />
dans la rade. Aussi, peu de baigneurs<br />
; quelques rares et intrépides nageurs<br />
osaient seuls braver la fureur des<br />
flots, luttant pour ainsi dire corps à corps<br />
avec la vague déchaînée.<br />
Le signal d’alarme d’usage était, du<br />
reste, arboré le long du Remblai. Chaque<br />
établissement de bains avait hissé le pavillon<br />
rouge, indiquant aux baigneurs que<br />
la mer était dangereuse.<br />
Le ministre de l’intérieur vient d’adresser<br />
à MM. les préfets la circulaire suivante:<br />
Versailles le 18 août 1876.<br />
Monsieur le préfet,<br />
M. le ministre de la guerre vient, conformément<br />
à l’article 43 de la loi du 27<br />
juillet 1872, d’appeler les réservistes de<br />
l’armée active des classes 1868 et 1869<br />
sous les drapeaux, pour prendre part,<br />
pendant 28 jours, aux mauœuvres annuelles.<br />
Gomme l’a fait remarquer un de mes<br />
prédécesseurs, le 2 septembre 1875, l’appel<br />
temporaire des réservistes étant l’application<br />
pure et simple de la loi de recrutement,<br />
constitue une obligation normale<br />
et, pas plus que lés autres obligations du<br />
service ordinaire, il ne saurait donner<br />
droit à une indemnité.<br />
L'expérience faite l’année dernière a<br />
d’ailleurs démontré que, sauf certains cas<br />
exceptionnels, l’exécution de l’article 43<br />
ne cause pas un préjudice sensible aux familles<br />
réservistes.<br />
Il est évident tout d’abord qu’il n’y a<br />
point à se préoccuper des célibataires, de<br />
ceux qui n’ont point de charges de famille<br />
ou qui possèdent des ressources<br />
personnelles.<br />
Il en est de même des employés et<br />
agents des administrations publiques, car<br />
leur traitement leur est alors intégralement<br />
payé. En 1875, une immunité semblable<br />
a été accordée presque partout au<br />
personnel dépendant des administrations<br />
particulières ou des grandes industries ;<br />
tout autorise à croire qu’elle se reproduira<br />
cette année.<br />
Quant aux ouvriers et journaliers; pères<br />
de famille, rendus prévoyants par une<br />
première application de la loi, ils ont dû,<br />
en général, épargner une somme suffisante<br />
pour assurer pendant une courte absence<br />
la situation de leur femme et de<br />
leurs enfants.<br />
Bien que la décision de M. le ministre<br />
de la guerre s’étende cette fois à deux<br />
classes, il est donc permis d’espérer que<br />
les besoins réels ne dépasseront point<br />
ceux qui ont été constatés lors du premier<br />
appel. L’assistance locale, qui ne fit<br />
point alors défaut,viendra encore en aide,<br />
je n’en doute point, à ces positions tout à<br />
fait exceptionnelles.<br />
L’année dernière, en effet, plusieurs dé<br />
FEUILLETON<br />
19<br />
UNE ROUSSE (1)<br />
PAR<br />
ANDRE TREILLE.<br />
Aussi, de grand matin, vous voyez sur<br />
la route se dérouler une foule confuse et<br />
pittoresque de braves gens, de chariots,<br />
d’animaux de toutes les espèces, tous se<br />
dirigeant vers le même but : la foire ; qui,<br />
va à la foire pour vendre ses bœufs ou<br />
ses moutons ; qui, pour louer au service<br />
ses filles ou ses fils; qui, simplement pour<br />
chercher femme, et montrer à la bourrée<br />
son beau gilet de velours à fleurs<br />
vertes et sa grâce à sauter pesamment ou<br />
à débiter des galanteries ; qui, pour se<br />
vendre lui-même. Dans cette cohue<br />
sans fin de piétons et de char-<br />
reltes, qui menace de durer assez longtemps<br />
encore, l’œil observateur peut s’amuser<br />
à poser quelques traits typiques.<br />
Voici le paysan richard, juché sur sa<br />
LA PLAGE<br />
partements ont ouvert à leurs budgets des<br />
allocations spéciales ; d’autres ont affecté<br />
à ces secours une partie de leurs fonds ordinaires<br />
d’assistance. L’initiative privée a<br />
suivi cette impulsion, et les grands industriels<br />
se sont imposé en faveur de leurs<br />
ouvriers des sacrifices qui pour être mot<br />
mentanés, ne représentaient pas moins un<br />
chiffre considérable.<br />
Mais c’est auprès des municipalités que<br />
les familles nécessiteuses des réservistes<br />
ont rencontré l’aide la plus efficace. Plus<br />
de 2,000 communes ont votéâ cet effet des<br />
crédits prévisionnels s’élevant ensemble à<br />
350,000 fr., somme qui a laissé libre un<br />
reliquat définitif de plus de 20,000 fr. sur<br />
les subventions des communes.<br />
<strong>Les</strong> administrations municipales ont<br />
donc rempli largement leur mission naturelle.<br />
Elles ont compris que c’est principalement<br />
aux commnnes qu’incombe le devoir<br />
de secourir les familles privées accidentellement<br />
de leurs chefs. Elles ont<br />
prouvé, en même temps, qu’ayant plus<br />
que personne l’exacte connaissance de la<br />
situation et des besoins de chacun, elles<br />
étaient par là même mieux placées pour<br />
secourir utilement et efficacement.<br />
J ’ai la conviction, monsieur le préfet,<br />
que les assemblées locales s’inspireront<br />
cette année des mêmes sentiments. Vous<br />
voudrez bien signaler à MM. les maires la<br />
décision qui convoque les réservistes des<br />
classes 1868 et 1869 et do.iner toutes facilités<br />
pour la réunion des conseils municipaux<br />
qui désireraient délibérer sur les<br />
mesures d’assistance à prendre dans cette<br />
occasion.<br />
Recevez, Monsieur le préfet, l’assurance<br />
de ma considération très-distinguée.<br />
Le ministre de l'intérieur,<br />
E. de Ma r c è r e.<br />
ÇA ET LA.<br />
Deux enfants d’Israël se disputent à la<br />
Bourse :<br />
— Oh ! vous ne me mangerez pas, dit<br />
l’un :<br />
— Non ! riposte l’autre, notre religion<br />
me le défend.<br />
*<br />
♦ »<br />
Une bien bonne aventure de théâtre, en<br />
province, arrivée à Mme Carvalho, si j ’en<br />
crois le Sphinx de l'Événement:<br />
Un soir que la charmante cantatrice<br />
chantait Lucie sur un théâtre de province,<br />
elle commanda son potage favori, chez un<br />
traiteur voisin du théâtre.<br />
A neuf heures, le restaurateur appela<br />
sa servante.<br />
— Tu vas, lui dit-il, porter ceci à Mme<br />
Carvalho ; tu la reconnaîtras?<br />
— Soyez tranquille répliqua la Goton.<br />
La soupe à l’oignon était splendide, elle<br />
avait des yeux à la manière d’Argus.<br />
La servante la porta comme un saint-<br />
sacrement.<br />
carriole à ressorts, que tire avec ardeur<br />
une grosse et luisante jument; le chapeau<br />
de paille crânement planté sur l’oreille, il<br />
suppute déjà les bénéfices à faire dans la<br />
journée ; il daigne parfois honorer d’un<br />
œil compatissant les maigres bidets et les<br />
piétons qu’il dépasse ; sa blouse bleue est<br />
attachée avec une agrafe d’argent, et il a<br />
des gants de laine verte que lui a tricotés<br />
sa femme. Tout le monde n’a pas le moyen<br />
d’attacher une blouse avec une agrafe<br />
d’argent et de se garantir les mains avec<br />
des gants de laine verte ! Aussi, comme<br />
il est fier, et comme il se rengorge ! Quels<br />
maîtres coups de fouet il sait donner à sa<br />
jument ! Il est déjà un demi-bourgeois,<br />
son fils sera un monsieur ; après avoir<br />
passé au collège de Civray, puis au lycée<br />
de Poitiers, il sera étudiant ; il sera médecin<br />
ou magistrat ; et le bonhomme dira,<br />
sur ses vieux ans, en rayonnant d’orgueil:<br />
« Mon fil s l’avocat par ci, mon fils le<br />
médecin parla. » Aussi, le bravo homme,<br />
n’a-t-il pas de quoi être fier, et n’a-t-il<br />
pas bien raison de relever le front ? —<br />
C’est là le paysan orgueilleux et content<br />
de lui.<br />
En voici un autre, qui vient lentement<br />
dans une charrette traînée par un âne, et<br />
franchement, il ne plaît guère. Il a l’œil<br />
faux et le front fuyant, son bonnet de co<br />
Elle arriva aux coulisses au moment où<br />
Edgard dit à Lucie :<br />
Vers toi toujours s’envolera<br />
Mon rêve d’espérance.<br />
La servante entre rêsolûment en scène<br />
et dépose son plat sur le banc de gazon en<br />
face de la fontaine.<br />
Puis, enlevant le couvercle et plantant<br />
une cuiller dans le gruyère fumant comme<br />
un Vésuve, elle s’écrie :<br />
— Quand madame et monsieur auront<br />
fini... vl’à la soupe !<br />
Tableau ! La salle faillit s’écrouler par<br />
la force des applaudissements.<br />
THEATREDU CASINO<br />
Mardi 22 août 1876<br />
Deuxième représentation<br />
A LA DEMANDE GÉNÉRALE ET POUR<br />
LA DERNIÈRE FOIS DE<br />
LE PANACHE<br />
Comédie en trois actes,<br />
Par Edmond GONDINET.<br />
DISTRIBUTION<br />
Pontérisson MM. Victor.<br />
Borromée Borès.<br />
Oscar de Villecresnes Mergy.<br />
Birochet Brasselt<br />
Alaric de Fanquemberghes Kuntz.<br />
Le facteur Louis.<br />
Lucrèce Mmes Meyer.<br />
Aménaïde J. Massue.<br />
Cadissette Victor.<br />
Mélie M. Farnat.<br />
Manda Berthe.<br />
Fanchette Delphine.<br />
LES JOURS D’AUTOMNE (Valse)<br />
Beaucourt<br />
exécutée par l’orchestre.<br />
Ordre : 1- <strong>Les</strong> Jours ; 2 ‘ Le Panache.<br />
Mercredi 23 août 1876<br />
Première représentation de<br />
LES ENFANTS<br />
Oomédie nouvelle en trois actes<br />
du Théâtre-Français<br />
par Georges RICHARD.<br />
DISTRIBUTION<br />
Bellegrin, MM. Mergy.<br />
De Boislaurier, Livry.<br />
Maurice, Faure.<br />
Ghambray, Victor.<br />
Lucile, Mlles Monnet.<br />
Madame Jacob, A. Farnat.<br />
Marguerite, Mme Meyer.<br />
CONCERT INSTRUMENTAL<br />
Ordre : 1° Ouverture ; 2° <strong>Les</strong> Enfants ;<br />
3° Concert.<br />
Bureaux, à 8 heures. Rideau, à 8 h. 1/2.<br />
Un câble Français entre Paris<br />
et New-York.<br />
Voici une entreprise qui nous laisse<br />
ton bleu lui couvre à dessein la moitié du<br />
visage. Cet homme-là ue sait que vous<br />
jeter de temps en temps un regard oblique.<br />
Voilà un roué émérite qui a souvent<br />
maille à partir avec le juge de paix et<br />
qui trouve le moyen de vendre cent pis-<br />
toles ce qui n’en vaut que la moitié.Celui-<br />
là ne mettra pas ses enfants au lycée, ni<br />
même ne les enverra à l’école. Il aime<br />
mieux chaque année arrond irson bout de<br />
terre, ou augmenter son troupeau, ou<br />
cacher son orau fond d’un vieux bas. C’est<br />
là le paysan méfiant, _avare et égoïste.<br />
Ils sont plusieurs dans ce cabriolet, fort<br />
gais, ma foi,chantant haut,et faisant beaucoup<br />
de bruit. Le teint est rouge et luisant,<br />
la moustache épaisse, les cheveux<br />
frisés, recouverts d’un couvre-chef tyrolien,<br />
grande mode ; ils rient et causent à<br />
gorge déployée. Voilà des gens bien spirituels<br />
et bien heureux. Sans doute, ils<br />
vont faire un bon marché à la foire?Non!<br />
Ils s’y ruineront en pains d’épice, en sucreries,<br />
au tir, aux chevaux de bois. Ils<br />
étaleront leurs grâces sur le champ de<br />
foire ; ils feront les galants, danseront<br />
énergiquement, embrasseront leurs danseuses<br />
après chaque bourrées, prendront<br />
des poses séductrices, puis reviendront au<br />
logis, comme ils sont venus, fort gais,<br />
chantant haut, et faisant beaucoup de<br />
bien à l’aise pour convier les capitaux à<br />
s’intéresser à sa création.Deux raisons décisives<br />
justifient l’appel sans réserve que<br />
nous leur adressons à ce sujet.<br />
La première relève de notre patriotisme<br />
: elle se fonde sur l’importance des<br />
services qu’un câble télégraphique direct<br />
entre Paris et New-York dirigé par une<br />
compagnie exclusivement française doit<br />
rendre aux intérêts économiques et politi<br />
ques de notre pays.<br />
La seconde qui regarde le coté productif<br />
de l’entreprise, s’étaye des chiffres ex -<br />
primant le rendement du câble direct Anglo-Américain.<br />
D’après des documents<br />
authentiques, les recettes obtenues par ce<br />
câble étranger durant le 1er semestre de<br />
1876 ont permis de distribuer 5 % pour<br />
l’exercice complet.<br />
Toutefois , nous ferons remarquer que<br />
le capital du câble Anglo-Américain est<br />
plus de cinq fois plus considérable que<br />
celui du câble Français, qui conséquem-<br />
ment a parité de recettes avec son concurrent<br />
; notre câble pour cette période se<br />
mestrielle de 1876, aurait distribué non<br />
plus 5 % mais 25 % , soit donc 50 % l’anée<br />
entière.<br />
Ces chiffres peuvent sembler exorbitants<br />
: ils sont le résultat de la comparaison<br />
du capital du Câble français :<br />
33,000,000 avec le capital du Câble anglo-américain<br />
175,000,000, et sont absolument<br />
exacts.<br />
Il est vrai qu’il faut admettre que le<br />
Câble français obtiendra des recettes d’égale<br />
importance à celle du Câble anglo-<br />
américain, mais si on réfléchit que M.<br />
Pouyer-Quertier, président de la Société,<br />
est l’homme de notre temps qui entend le<br />
mieux l’industrie télégraphique,qu’il a cette<br />
supériorité reconnue universellement sur<br />
tous les chefs des Sociétés télégraphiques<br />
rivales, celle d’être connu et estimé non-<br />
seulement des gouvernements de l’Europe,<br />
mais des négociants des deux Mondes,<br />
on comprendra quelle affluence de dépêches<br />
attend le nouveau câble. Mais pour<br />
ne causer aucun mécompte à personne,<br />
nous limiterons à 10 % le dividende à dis<br />
tribuer annuellement aux actionnaires du<br />
Câble français.<br />
Eh bien, même avec ce rendement restreint,<br />
nous prétendons que ces actionnaires<br />
auront toutes raisons de se montrer<br />
satisfaits, et pas une seule de fondée pour<br />
se plaindre. En effet, du dix pour cent sérieux<br />
(je ne parle pas des nouvelles obligations<br />
gagées de l’Espagne) où s’en<br />
trouve-t-il aujourd’hui ? On va peut-être<br />
nous objecter qu’un câble dit Français a<br />
déjà été inauguré entre la France et l’Amérique.<br />
Le fait est exact. Mais ce câble a<br />
été vendu aux anglais: c’est donc un câble<br />
dénationalisé, un câble rénégat: pour<br />
nous un câble morl. Passons.<br />
Le nouveau câble français à la tête duquel<br />
nous trouvons les noms les plus populaires,<br />
Pouyer-Quertier, ancien ministre<br />
des finances sous M. Thiers, le bras<br />
droit de cet homme illustre dans l’œuvre<br />
patriotique de la libération du territoire,<br />
et tant d’autres non moins bons français<br />
que le prospectus fait connaître, sont la<br />
meilleure garantie que ce câble n’aura pas<br />
le sort déplorable de son aîné et qu’ayant<br />
bruit.—Très-bons garçons d’ailleurs,et ne<br />
se faisant pas prier pour payer une tournée<br />
et une retournée. C’est là le pavsan<br />
faraud.<br />
Ce matin-là, danc, Lhommaizé se peuplait<br />
d’une façon inaccoutumée, et la<br />
Buisse commençait à s’agiter. Une seule<br />
fenêtre était encore ouverte, et c’était<br />
celle d’André. De temps en temps il apparaissait<br />
à sa croisée et se penchant en<br />
dehors, il semblait suivre avec intérêt ce<br />
qui se passait dans la cour et sous le<br />
hangar. D’ailleurs, il faisait bon pour être<br />
matinal ! La brise légère et fraîche apportait<br />
les émanations embaumées des prairies<br />
et de la brande. Belle matinée, tout à<br />
fait ! Superbes prémisses d’une magnifique<br />
journée.<br />
Il y avait grand remue-ménage dans la<br />
cour du logis ; il y avait même dispute.<br />
Jacques se fâchait contre Margot, et Margot<br />
faisait des remontrances à Jacques.<br />
(La suite au prochain n°)