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ABONNEMENTS<br />
Payable s davànce<br />
X O centimes le numéro.<br />
BUREAUX: LibrairieMayeux, r.du Centre.<br />
lO^oentimes i- uméi'o<br />
1" année. — N® 2 — i 'uillet 1876<br />
7 T A ^ J F DES IN S E R T IO N S<br />
4 /Ç Payables d’avance<br />
Un mois. . . y fr • ■ nonces , 20e la ligne<br />
Pour la laiton<br />
v * \ ) |i Réclames, 50<br />
dos bain’.<br />
1 ■ .ts,......1?00<br />
MARÉES<br />
HEURES DE PLEIN E-M ER<br />
Mardi, 4, 2 h. 11 m. — 2 h. 30 s.<br />
Mercredi 5; 2 h. 48 m. — 3 h. 04 s.<br />
Jeudi 6 , 3 h. 20 m. — 3 h. 35 s.<br />
Vendredi 7, 3 h. 49 m. — 4 h. 4 s.<br />
Samedi 8 , 4 h. 18 m. — 4 h. 34 s.<br />
CHRONIQUE<br />
L ’inauguration<br />
DU<br />
CASINO DES SABLES ü ’OLONNE<br />
Samedi matin, la ville des <strong>Sables</strong> avait<br />
un air de fête. Le jour de l’inauguration<br />
était arrivé et rie tous côtés on ne ren<br />
contrait que visages joyeux, s’apprêtant<br />
à profiter amplement des distractions<br />
offertes aux visiteurs. Le programme,<br />
d’ailleurs, était des plus attrayants et des<br />
mieux composés.<br />
<strong>Les</strong> trains avaient amené un nombre<br />
considérable de voyageurs ; les hôtels<br />
étaient littéralement envahis ; les tables<br />
d'hôtes prises d’assaut. Fort heureuse-<br />
menthes maîtres d’hôtels avaient usé de<br />
prévoyance, pour faire mentir ce vieux<br />
proverbe, tardé venientibus ossa.<br />
Tourangeaux, Nantais, Poitevins, Ven<br />
déens, Parisiens même sont accourus en<br />
masse vers cette plage si séduisante. On<br />
ne voit donc que figures de connaissance<br />
s’accostant,conversant sur le remblai,ren<br />
dez-vous de toute cette aimable société.<br />
Tiens ! c’est vous ! — Oui,mon cher ! —<br />
Depuis quand? Êtes-vous logé ? ( le lo<br />
gement est la préoccupation capitale de<br />
tous les voyageurs). — Quel beau temps !<br />
Quel site adorable! Quel délicieux séjour.<br />
— Et on se quitte pour s’arrêter plus loin<br />
et exprimer de nouveau son admiration<br />
pour le temps, la plage, le Casino, la<br />
foule, les fêtes,elc...<br />
En somme, beaucoup d’animation; de<br />
toutes parts on a répondu avec empresse<br />
ment aux gracieuses invitations faites par<br />
la Compagnie de la Vendée.<br />
On se pressé également sur la plage où<br />
baigneurs et baigneuses ne craignent pas<br />
d'affronter les regards des curieux, confor<br />
tablement installés sous l’immense tente<br />
du Chalet,pour se plonger dans la mer.Du<br />
reste, le temps est magnifique, l’air est<br />
doux, l’eau est chaude, et l’on voudrait<br />
jouir à la fois de tous les plaisirs et de<br />
toutes les distractions offertes, en ce mo<br />
ment, dans cette petite Capoue.<br />
★<br />
* *<br />
A trois heures la foule se porte au Ca<br />
sino pour écouter le concert donné par<br />
l’orchestre réuni sous-le péristyle<br />
*<br />
On ne doit jamais se hâter de porter<br />
un jugement. Il est même souvent témé<br />
lUUIk.ll<br />
PLAGE<br />
LA DES SABLES-B’OLONNE<br />
Journal Politique ei Litlérairc, paraissant le Mardi, ic Jeudi cl le Dimanche.<br />
raire de se prononcer après une première<br />
épreuve. Cependant, pour l’orchestre' de<br />
concert et d’accompagnement appelé à<br />
faire au Casino la saison des bains, on peut<br />
dire hardiment, à la suite du début de<br />
samedi, que celte musique a de très-sé<br />
rieux et incontestables éléments de suc<br />
cès.<br />
La première audition, fort goûtée du<br />
public en général, a été particul èrement<br />
pour les amateurs mélomanes l’occasion<br />
de constater que l’orchestre du Casino est<br />
composé de très-bons exécutants, d’ar<br />
tistes,devrions-nous dire, ayant une intel<br />
ligente et vraiment savante direction.<br />
Nous sommes donc heureux de consta<br />
ter la bonne impression de tous les audi<br />
teurs du concert et d'ajouter que notre<br />
dire est conforme aux éloges que nous<br />
avons entendu formuler à cet égard par<br />
un haut fonctionnaire, à ses loisirs compositeur<br />
fort distingué et dont les nom<br />
breuses productions sont très-populaires,<br />
et appréciées à juste titre sous un pseudo<br />
nyme bien connu.<br />
Pour entrer dans quelques détails, nous<br />
dirons que l’ouverture d’Haytlce a été très-<br />
bien exécutée ; grande sûreté d’attaque,<br />
beaucoup d’ensemble, observation scru<br />
puleuse ries nuances. La transition au<br />
grand motif du second a c e etl’interpréta-<br />
tion de celui-ci ont été vraiment enlevées.<br />
On se croyait à l’opéra-comique, mais<br />
avec cette énorme et bien charmante dif<br />
férence, toutefois, que l’auditeur en goû<br />
tant la mélodie de la barcarole, chantée<br />
en chœur par les matelots de Venise, avait<br />
sous les yeux le plus merveilleux décor:<br />
un horizon sans bornes, une vraie mer,<br />
délicieuse,calme, s’offrait à ses regards,—<br />
énivrante réalifé qui venait encore ajouter<br />
à la suavité de la composition d’Anber.<br />
Même observation pour l’exécution des<br />
autres morceaux et surtout de la Marche<br />
turque de Mozart. Ce motif, l’un des sona<br />
tes ducélèbre compositeur, est connu sous<br />
le nom de A7/a-Roitcfc;iljoint à une facture<br />
d’un grand caractère une charmante ori<br />
ginalité. L'interprétation par une bonne<br />
musique d’harmonie de ce morceau de<br />
musique classique a été une fortune pour<br />
les connaisseurs, dont beaucoup assuré<br />
ment ne le connaissaient que par l’audi<br />
tion au piano.<br />
La valse Baden a été Irès-applaudie.<br />
C’est une conception de M. Bousquet<br />
pleine de fraîcheur et de mélodie.<br />
Pour terminer, sur ce charmant concert<br />
d’ouverture, nos plus complets éloges à<br />
M. Brunet, chef d’orchestre, et à tous ses<br />
exécutants. Aussi, afin d'être juste, notons<br />
particulièrement qu’un fort bon hautbois<br />
s’est fait remarquer d ins Uaydèa et que<br />
dans un solo de piston, M. Belleville a<br />
dénoté un gi and talent et s’est fait vive<br />
ment applaudir.<br />
Comme nous le disions plus haut, il ne<br />
peut être que bien auguré de ce début ;<br />
et si, comme nous en avons la conviction,<br />
011 a mis le même soin et la même intel<br />
ligence à l’organisation de la partie théâ<br />
trale, on doit prédire dès maintenant un<br />
véritable et mérité succès aux artistes du<br />
Casino des <strong>Sables</strong>.<br />
* »<br />
Puis, l’heure du dîner arrive et, après,<br />
rendez-vous encore sur le remblai. Qu’y<br />
a-t-il maintenant? Quelle distraction nou<br />
velle nous attend ?<br />
Tout-à-eouplesfusées, ce hors-d’œuvre<br />
de feux d’artifice, s’élèvent dans les airs<br />
et vont se mêler aux étoiles du firmament.<br />
On aperçoit sur la plage et sur le remblai<br />
un océan de têtes ; des cris d’admiration<br />
s’échappent de toutes les bouches. Le feu<br />
d’artifice est terminé par une magnifique<br />
pièce représentant l’écusson du Casino<br />
des <strong>Sables</strong>. Puis, l’excellente fanfare des<br />
<strong>Sables</strong>-d’Oloane, tant de fois couronnée<br />
dans divers concours,donne une sérénade<br />
devant le Casino.<br />
Bientôt un roulement de tambours se<br />
fait entendre ; c’est la retraite aux flam<br />
beaux qui va se mettre en marche et par<br />
courir la ville au milieu des lanternes<br />
vénitiennes et des feux de bengale. La<br />
musique des <strong>Sables</strong> est précédée par les<br />
tambours et clairons du 93° de ligne, en<br />
garnison à la Roche-sur-Yon,arrivés dans<br />
la journée. Une foule nombreuse escorte<br />
tambourset musiciens, qu’elle accompagne<br />
de chants plus ou moins harmonieux.<br />
11 est dix heures; la retraite a jeté aux<br />
échos ses dern'èresnotes, tandis qiip. dans<br />
les airs s’éparpillent les dernières étincel<br />
les du feu d’artifice.<br />
Tous les regards se tournent alors vers<br />
le Casino resplendissant de lumières et<br />
dont les nombreuses oriflammes flottent<br />
au vent ; la foule houleuse comme la mer<br />
dont les vagues mugissent devant elle,<br />
abandonne alors la plage qu’elle enva<br />
hissait quelques instants auparavant.<br />
La cité Jenty, à son tour, se recueille et<br />
s’anime ; on se presse , on se pousse :<br />
tout le inonde veut voir :<br />
La porte du Casino s'ouvre enfin.<br />
<strong>Les</strong> toilettes les plus délicieuses, les<br />
plus fraîches, les plus coquettes défi<br />
lent alors une à une, pas seules bien en<br />
tendu, et, ma foi, je crois qu’on oubliait<br />
presque de regarder les toilettes pour<br />
mieux voir celles qui les portaient.<br />
Ici encore les choses étaient admirable<br />
ment.'faites. De chaque côté de la porte se<br />
tenaient les . commissaires du bal, tous<br />
jeunes gens des <strong>Sables</strong>, galants, peut-être<br />
plus, en tout cas liers de leur trop courte<br />
mission :<br />
Chaque danseuse recevait un bouquet<br />
de fleurs choisies.<br />
*<br />
* *<br />
Cependant l’orchestre prélude.... l’or-<br />
cjinposé cheslre de près d'e trente musi<br />
..ÿ -V-v : ;«ç3gw.<br />
ciens, tous artistes des doigts oii des lè<br />
vres. L’éclat des lumières, les reflets des<br />
diamants, les joues fraîches et roses, une<br />
musique entraînante, puis de temps en<br />
temps le bruissement d’une lame défer<br />
lant sur la plage, tout cela avait je ne<br />
sais quoi de féerique et en même temps,<br />
par je ne sais quel contraste, de céleste<br />
et de grandiose.<br />
On danse dans la salle de spectacle, un<br />
peu partout.<br />
Voici pourtant un salon plus paisible:<br />
c’est à peine si l’on y parle: ainsi le veut<br />
le Dieu du jeu.<br />
A côté sont les salles de billard ; ces<br />
pauvres billes, hélas ! se sont bien peu<br />
reposées !<br />
Devons-nous dire que, toute la soirée<br />
— elle s’est prolongée jusqu’au matin, —<br />
danseurs et joueurs ont été de là part des,<br />
employés du Casino l’objet de la plus ac<br />
tive sollicitude ? C’est,croyons nous, pres<br />
que inutile : tout le monde sait avec quel<br />
tact exquis et quelle magnjlicèricé la com<br />
pagnie de la Vendée traite ses invités !<br />
* *<br />
Bref, la journée de samedi à été fort<br />
bien employée et le prélude de la grande<br />
fête dimanche a parfaitement réussi.<br />
Tout le monde est heureux, content, et<br />
les habitants des <strong>Sables</strong> ne seront pas les<br />
seuls à garder de cette fête le meilleur<br />
souvenir ; leurs hôtes de quelques jouis<br />
ne l’oublieront certainement pas.<br />
Merci donc aux invités qui ont répondu<br />
à l’appel qui leur a été fait ; merci aux or<br />
ganisateurs delà fête, merci à l’intelligente<br />
et active Compagnie de la Vendée.<br />
La journée du 1er juillet sera une date<br />
mémorable dans lesannalesdes <strong>Sables</strong>- I 0 ‘<br />
lonne.<br />
P a u l B uisson.<br />
L e b a n c c l e l a c r i t i q u e<br />
Beaucoup d’entre vous, aimables lecteurs<br />
et adorables lectrices, tout fraîchement<br />
débarqués aux <strong>Sables</strong>, ignorent encore<br />
ce que c’est que le banc de la critique.<br />
Un instant de bienveillante attention et<br />
nous allons compléter sur ce point votre<br />
éducation de baigneurs.<br />
Chaque localité, vous le savez, a un en<br />
droit privilégié de réunion, espèce de petite<br />
Provence où se rassemblent le<br />
soir le senteniieux prudhomme, le grave<br />
savant, le diseur de rêves, etc. Là, spectateur<br />
souvent peu indulgent, on regarde<br />
passer ses congénères en faisant, sur, eux<br />
à la galerie des réflexions plus ou moins<br />
charitables ; la on traite de omni >c scibili<br />
et quibusdam aliis', là, enfin, on jabolle à<br />
plaisir sur tous les événements du jour et<br />
surtout sur ce qui n’est pas arrivé.<br />
Ces rassemblements se font ordinairement<br />
l’été en plein air, à la porte du Cercle<br />
de l’endroit, et en deviennent l’annexe<br />
indispensable. Or, vous tous qui accourez<br />
en foule à notre plage des <strong>Sables</strong>, vous