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ABONNEMENTS<br />
Payables d'a.v'ance<br />
110 centimes le numéro.<br />
BUREAUX: Librairie M:i veux, r. du Centre<br />
Un mois. . . 1» fr.<br />
Pour la saison<br />
des bains. . n fr.<br />
t 'l*WÊ<br />
MAREES<br />
h e u r e s de p le in e - m e r<br />
Mardi 8, 5 h. 0 m. — 5 h. 15 s.<br />
Mercredi 9, 5 h. 30 m. — 5 h. 46 s.<br />
Jeudi 10, 6 h. 3 m. — 6 h. 23 s.<br />
CHRONIQUE<br />
REVUE MUSICALE<br />
Nous nous sommes bien souvent demandé<br />
pourquoi les spirituels auteurs du<br />
librtto la Fille du Régiment, mis en musique<br />
parDonizetti avaient fait intervenir Garat qui<br />
le premier a implanté le goût du chant en<br />
France,pour en faire un type du ridicule,<br />
et comment le compositeur s’est associé<br />
à cet incroyable trait d’ignorance musicale<br />
en prêtant au plus parfait chanteur que<br />
nous ayons possédé une mélodie dans<br />
le genre rococo, comme Garat n’en a ja <br />
mais écrit ou chanté. Garat, qui prenait<br />
tous les genres, s’appropriait toutes les<br />
méthodes, était surtout le plus éloquent,<br />
interprète de Gluck et de Grétry et faisait<br />
pleurer ses auditeurs quand il chantait<br />
: J'ai perdu mon Euridice, d'Orphée,<br />
qu Du moment qu’on aime, de Zémire et<br />
Azor. Il a composé lui-même des romances<br />
pleines de grâce et de fraîcheur,<br />
telles que : Le Pèlerin de la Galice, le Bé-<br />
lisaire, qui brillent par le sentiment d’une<br />
déclamation vraie autant que celles qui<br />
sortent de la manivelle expéditive de certains<br />
compositeurs de nos jours.<br />
Si MM. Bayard et Saint-Georgesavouent<br />
ce péché, je le leur pardonne et sans nous<br />
fippfesantir sur tous les reproches que mérite<br />
le sujet, sur cet esprit faux de vaudeville<br />
militaire, ce pele mêle de soldats et<br />
d’officiers se donnant des poignées de<br />
main, pour le plus grand mépris de la<br />
discipline, arrivons à la partition, à ses<br />
interprètes.<br />
Nous ne donnerons pas une analyse détaillée<br />
de l’ouvrage, nous dirons seulement<br />
que Donizetti a modifié son faire<br />
italien pour se mettre à la hauteur des<br />
exigences de la scène française et qu’il ne<br />
mérite pas d’être traité aussi lestement<br />
que voudraient le faire les partisans exclusifs<br />
de la musique allemande. Nous<br />
professons avant tout 1 éclectisme, qui<br />
n’est autre chose que la saine et pure<br />
critique. Cela n’est pas chose facile, il est<br />
vrai, en matière musicale: on se passionne<br />
ordinairement pour cet art en faux dilettante,<br />
qui est le pire de tous les enthousiasmes,où<br />
l’on juge une partition par des<br />
lieux communs de musique légère, iacile,<br />
gracieuse, spirituelle surtout, car nous tenons<br />
beaucoup en France à la musique<br />
spirituelle.<br />
Nous avons encore la nouvelle ecole qui<br />
veut que tout compositeur se germanise,<br />
q u ’il soit spéculateur harmonique, vaporeux,<br />
briseur de rhythme, incompris du<br />
vulgaire, enfin.<br />
D o n iz e tti ne s’est placé, à proprement<br />
parler, dans aucune de ces catégories:jd<br />
f naja<br />
PLAG<br />
BBS SABLES-D’OLONWE<br />
Journal Politique el Littéraire, paraissant le Mardi, le Jeudi et le Dimanche.<br />
a fait comme tous les grands compositeurs<br />
qui sont venus écrire pour nous : i^<br />
a cherché à satisfaire aux exigences dont<br />
nous parlions tout-à-l’heure, sans abandonner<br />
complètement, comme Rossini,<br />
dans Guillaume Tell, le rhythme courant<br />
et trop facile de la musique italienne.<br />
Aussi a-t-il trouvé des mélodies franches,<br />
si elles ne sont pas toujours distinguées,<br />
toujours neuves.<br />
Pourquoi, en effet, Donizetti, dont ré-<br />
crin musical est si riche, s’est-il avisé<br />
de puiser dans celui d’Hérold? pourquoi<br />
retrouvons-nous dans le terzette final si<br />
remarquable comme mélodie, agencement<br />
des voix qui se croisent et dialoguent<br />
d’une façon si vive, si pressée, si dramatique,<br />
une reproduction de l’idée, un calque<br />
même du trio du Pré-aux-Clercs ?<br />
Donizetti s’est-il seulement rencontré avec<br />
. Hérold ? Comme je suis loin de vouloir<br />
contester le grand esprit de l’un et de<br />
l’autre, du dernier surtout, je veux bien<br />
le croire.<br />
L’œuvre de Donizetti a été bien rendue<br />
par Mme Brunet et M. Dangon. Notre excellente<br />
prima donna nous fait apprécier<br />
de plus, en plus toutes les richesses de sa<br />
voix de soprano, toutes les délicatesses de<br />
son chant : j ’ai prononcé le mot de soprano<br />
et il faut que j ’ouvre une nouvelle<br />
parenthèse pour répondre ici à la question<br />
d’un néophyte musical qui avait bien voulu<br />
me demander quelques détails didactiques<br />
sur la classification des voix de femmes.<br />
Il y a dans la nature féminine deux espèces<br />
de voix élémentaires et fondamentales,<br />
le sopra»o et le contralto, l’éclat et<br />
l’énergie, Vénus et Junon, l’or et l’argent ;<br />
en un mot, ces deux principes éternels<br />
de vie et de génération, et que la plupart<br />
des mythes enveloppent.<br />
Cependant, ces deux métaux originels,<br />
ces deux sonorités premières ne se rencontrent<br />
pas toujours à l’état pur, dans<br />
notre temps surtout où les voix fraîches<br />
deviennent de plus en plus rares. De là<br />
des organes mixtes qui, sans pouvoir s’appeler<br />
soprano ou contralto, participent de<br />
l’un et de l’autre, embrassent quelquefois<br />
la double gamme, mais à la condition<br />
d’une sensible altération dans le caractère<br />
essentiel de ces deux natures de<br />
voix.<br />
Le soprano pur, sans alliage normal,<br />
parcourt deux octaves et sa puissance réside<br />
d’ordinaire entre l’ut et le mi suraigu<br />
; le contralto va du sol -au mi et<br />
trouve sa force véritable entre le si et le<br />
la. Telle est, à peu près, la mesure de ces<br />
deux voix fondamentales d où procèdent<br />
les mezzo-soprani, qui, bien qu’ils ne<br />
s’étendent que du ré au la, saisissent cependant<br />
presque toujours aux deux extrémités<br />
quelques notes qu ils donnent<br />
avec plus ou moins de bonheur ici ou là,<br />
selon qu’ils appartiennent à la classe des<br />
mezzo-soprani aigus, ou des mezzo-soprani<br />
graves. C’est ce qui fait que tant de<br />
gens s’y trompent et sur la foi d’un son<br />
arraché à l’enthousiasme du moment ou<br />
conquis par un travail opiniâtre, confondent<br />
ces organes mixtes avec les voix premières,<br />
les voix simples.<br />
On aurait grand tort, du reste, de prendre<br />
l’étendue pour la seule règle à suivre<br />
quand il s’agit de définir le caractère d’une<br />
voix : ce qui classe une voix c’est la qualité<br />
du son et toute voix doit posséder<br />
un milieu juste, large, sonore, sympathique,<br />
doit être un instrument généreux<br />
que l’art développe et met au service de<br />
l’âme.<br />
La voix de Mme Brunet a une remarquable<br />
flexiblité : aucun trait ne l’effarouche,<br />
aucune gamme ne l’épouvante, Mme<br />
Brunet s’y lance à tire d’aile comme l’oiseau<br />
dans l’air et s’y roule avec tant de<br />
fantaisie et de caprice que l’on croirait,<br />
bien à tort, qu’elle ne peut réussir dans<br />
je chant large et spianato. Cette agilité<br />
est-elle plutôt le résultat d’un travail intelligent,<br />
heureux, qu’un don de la nature<br />
? Nous n’oserions l’affirmer et peu<br />
nous importe d’ailleurs : que ce talent<br />
soit une chose conquise, ou une faculté<br />
innée, il n’en est pas moins réel, notre<br />
public ,en jouit souvent.<br />
Et notre public n’est pas le seul : dimanche<br />
dernier,Mme Brunet s’est fait entendre<br />
à la Roche-sur-Yon au concert<br />
organisé par M. Jules Varennes, directeur<br />
de l’orphéon de cette ville, et son<br />
triomphe a été éclatant, M. Diepdalle notre<br />
baryton, a obtenu aussi un grand succès<br />
et avec les honneurs de deux rappels<br />
: nous suivons assidûment tous les<br />
concerts donnés à la Roche et nous avons<br />
très-rarement assisté à une aussi magnifique<br />
ovation.<br />
Nous reviendrons plus tard sur le charmant<br />
opéra de F. Poise. Bonsoir, voisin,<br />
qui a été enlevé par Mine Brunet et M.<br />
Diepdalle. Bornons-nous aujourd’hui à<br />
mentionner le début heureux de notre<br />
nouveau ténor, M. Mareux, et demandons<br />
grâce à nos lecteurs pour les digressions,<br />
trop nombreuses peut être, vers lesquelles<br />
le courant de notre plume nous a entraîné.<br />
F. N ic o t.<br />
UNE VISITE A CHINON<br />
Le journal la Plage, chers lecteurs, l’un<br />
des organes de la ville des <strong>Sables</strong>, a été<br />
créé particulièrement en vue du Touriste-<br />
Baigneur. C’est donc pourquoi nous<br />
croyons bon, de temps à autre, de faire<br />
avec les étrangers venus aux <strong>Sables</strong> quelques<br />
excursions au dehors et de vivre<br />
comme eux, c’est-à-dire tantôt en touristes<br />
flânant ça et là, tautôt en baigneurs<br />
goûtant alors au bord de la mer la quiétude<br />
et le repos des vacances.<br />
Chinon est sur la ligne des <strong>Sables</strong> à<br />
Tours la ville, après cette dernière, la<br />
plus curieuse et la plus charmanle peut-<br />
être à visiter. Celui qui va aux <strong>Sables</strong> ou<br />
en revient ne peut donc être insensible à<br />
l’attrait de visiter au passage cette localité<br />
et, s’il ne la connaît pas, il doit nécessairement<br />
sacrifier au moins une demi-<br />
journée, et l’employer ainsi d’une façon<br />
vraiment intéressante.<br />
Nous ne pouvions à l’occasion de la<br />
fête musicale donnée par la ville de Chinon<br />
ne pas pousser jusque-là une petite<br />
ÎO ee ‘nés le numéro.<br />
1er année. ■ 17 — 8 août 1876<br />
F DES INSERTIONS<br />
Payables d'avance<br />
A nnonces, 20° la ligne<br />
Réclames; S0<br />
Faits > lf 00'<br />
excursioK. <strong>Les</strong> Sablais y sont du reste<br />
en pays de connaissance et tout à fait amis.<br />
On se rappelle, en effet, les relations un<br />
moment si suivies entre Chinon et les<br />
<strong>Sables</strong>, on a encore présents à la mémoire<br />
les efforts combinés de ces deux villes,<br />
en vue de hâter la solution d’une grande<br />
question bien longtemps en souffrance,<br />
je veux parler de l’achèvement du chemin<br />
de fer jusqu’à Tours.<br />
L a ville<br />
Lorsque le voyageur quitte la partie du<br />
Poitou entre Thouars et les confins de la<br />
Touraine, un aspect riant et enchanteur<br />
s’offre tout-à-coup à ses yeux. Il entre<br />
dans la vallée de la Vienne et aperçoit de<br />
loin la ville de Chinon dominée par son<br />
vieux château historique. On dirait une<br />
gracieuse châtelaine couchée nonchalamment<br />
sur ie bord de la Vienne, la tête<br />
ceinte d’un diadème de tours.<br />
La gare se trouve sur uu plateau élevé<br />
en remblai au moyen de quatre cent mille<br />
mètres cubes de sable dragués dans le<br />
lit de la rivière. Ea arrière, sur cette rivière:<br />
est jeté le magnifique pont de la<br />
ligne, construit en tôle de fer ; en avant<br />
se trouve un fort beau tunnel, œuvre gigantesque<br />
qui ne mesure pas moins de<br />
de neuf cent mètres de longueur.<br />
On entre en ville par un quai longeant<br />
la Vienne et ombragé d’une route splendide<br />
de verdure. Il est bordé de maisons<br />
pour la plupart neuves et assez élégantes,<br />
et a pour fond de paysage au midi des<br />
prairies et des îles d’une luxuriante végétation.<br />
Cette partie la plus attrayante de la<br />
ville a été établie sur l’ancien rempart qni<br />
la 'protégeait du côté de la Vienne.<br />
Quant aux deux principales rues parallèles<br />
au quai, elles sont parfois assez tortueuses<br />
et souvent resserrées, comme<br />
dans toutes les vieilles villes, mais elles<br />
offrent à chaque pas de précieux restes<br />
aux amateurs : vieilles maisons des xni*,<br />
xive, xve et xvie siècles, fort belles églises<br />
des styles rom un et ogival ; que de sujets<br />
d’étude et d’observation pour les touristes<br />
archéologues.<br />
L e ü lisk te a u<br />
Le plus curieux des resles de l’ancienne<br />
ville royale de Charles VII est assurément<br />
le château;par l’étendue qu’occupe la masse<br />
imposante de ses ruines on peut encore<br />
juger quelle devait en être l'importance.<br />
Quoique ces ruines semblent n’avoir formé<br />
qu’un tout, il n’en est pas moins certain<br />
que leur ensemble se composait de<br />
trois châteaux différents, réunis dans la<br />
même enceinte, mais construits à différentes<br />
époques : la première vers 950,<br />
sous Thibault-le-Tricheur ; la deuxième,<br />
sous Henri II d’Angleterre, et la dernière,<br />
sous Charles VII.<br />
Elles rappellent le souvenir de deux<br />
femmes qui, diversement, jouèrent un<br />
rôle dans l’histoire : l’une, Agnès Sorel,<br />
dame de beauté, usa de sa gracieuse influence<br />
pour tirer de l’apathie son royal<br />
amant; l’autre, Jeanne d’Arc, nalure surhumaine,<br />
expression à la fois la plus suave,<br />
la plus énergique, du patriotisme français,<br />
délivra son pays des Anglais. Anti