<strong>LA</strong> <strong>SCIENCE</strong> <strong>OCCULTE</strong> 44apparaissent dès la naissance comme définies et pour ainsi dire parfaites, manifestant clairementdans le monde extérieur les éléments héréditaires. Observez le jeune poussin qui, dès sa naissance,prend soin de son existence par des actes précis. Chez l’homme l’éducation développe des élémentsqui modifient sa vie intérieure par une action qui peut n’avoir aucun rapport avec l’hérédité, et il estcapable de s’incorporer véritablement des influences extérieures. Tout éducateur sait que pour celail faut que des forces internes répondent aux sollicitations du dehors, sinon toute éducation eststérile. Et même pour l’éducateur impartial, il existe une délimitation bien définie entre lesdispositions héréditaires et les forces internes de l’homme qui brillent au travers de ces dispositions,et qui ont leur source dans des existences précédentes. Assurément, on ne peut pas peser ces chosesà la balance comme c’est le cas pour certains phénomènes physiques. Elles sont du domaine intimede la vie. Pour celui dont le sens interne est éveillé, ces preuves impalpables sont plusdémonstratives que les preuves palpables. On dira que l’on peut dresser des animaux, et leurinculquer par l’éducation des facultés et des talents : cet argument ne prouve rien pour ceux quiconsidèrent l’essence même des choses. En effet, abstraction faite des états de transition que l’onrencontre dans tous les domaines de l’univers, les résultats de l’éducation ne s’amalgament pas avecl’être personnel chez l’animal comme chez l’homme. Bien plus, on fait remarquer que les facultésacquises par les animaux domestiques, grâce à leur cohabitation avec l’homme, deviennent aussitôthéréditaires, c’est-à-dire s’incorporent à l’espèce et non à l’individu. Darwin a observé des chiensqui apportent des objets spontanément sans l’avoir appris ni vu faire devant eux. Qui prétendraitqu’il en est de même avec l’éducation humaine ?Il y a des penseurs qui s’élèvent au-dessus de l’opinion vulgaire d’après laquelle l’hommen’est qu’un composé de forces héréditaires. Ils conçoivent qu’il existe une entité spirituelle, uneindividualité, et qu’elle ait précédé et façonné l’être corporel. Mais beaucoup d’entre eux netrouvent pas la possibilité d’admettre des existences multiples et entre ces existences des intervallespendant lesquels les fruits des vies précédentes deviennent des forces qui coopèrent à la formationde l’être. Parmi ces penseurs, citons-en un, Emmanuel-Hermann Fichte, le fils du grand Fichte.Nous trouvons dans son Antropologie (p. 523) le passage suivant qui résume ses considérations :« Les parents ne sont pas les générateurs de l’enfant, dans toute l’extension de ce mot. Ilsfournissent la substance organique, et, plus encore, cet élément intermédiaire, à la fois émotionnel etsensuel, qui se manifeste dans le tempérament, le caractère, et la personnification des instincts,lorsque l’imagination, au sens large où nous l’entendons, fait son apparition. Dans ces diverscomposants de la personnalité, on ne saurait méconnaître la fusion et l’union toute particulière desâmes des parents : nous sommes donc tout à fait fondés à y voir un pur produit de la procréation,surtout si nous considérons, ce que nous aurons à examiner plus tard, la procréation comme unvéritable phénomène psychique. Mais le centre propre, l’aboutissement de la personnalité fait icidéfaut : en effet, par un examen plus attentif nous constatons que ces caractères sentimentaux nesont qu’une enveloppe, une sorte d’instrument, qui peut bien donner une forme à l’essencespirituelle, à l’élément idéal de l’homme en soi, qui sera de nature à favoriser ou à entraver sonprogrès, mais qui demeure impuissant à lui donner naissance. » Et plus loin nous lisons encore :« Chaque homme préexiste si l’on considère le fonds spirituel originel ; car dans son aspect spirituelchaque individu diffère autant de l’autre qu’une espèce animale des autres espèces » (p. 532). Cesspéculations philosophiques aboutissent à découvrir sous l’enveloppe corporelle de l’homme un êtrespirituel. Or, si les forces formatrices de cet être ne sont pas issues de causes générées dans desexistences antérieures, il faut admettre que cet être spirituel sort du sein de Dieu, à chaque foisqu’une personnalité nouvelle vient au jour. Mais dans cette hypothèse, il n’y aurait aucun moyend’expliquer la parenté qui existe entre les éléments venus de l’être interne de l’homme et leséléments introduits dans l’être interne par les influences du monde extérieur terrestre. L’être
LE SOMMEIL ET <strong>LA</strong> MORT 45intérieur, issu du tréfonds divin des choses, se sentirait étranger en face des événements de la vie.Le seul moyen qu’il n’en soit pas ainsi — et les faits le démontrent — c’est que l’homme soit uniau monde extérieur par des liens antérieurs, c’est-à-dire qu’il ait déjà vécu sur terre. Le véritableéducateur fait la constatation suivante : grâce à moi, les résultats de la vie terrestre font germer chezmon élève des dispositions étrangères à ses facultés héréditaires : et pourtant il lui apparaît qu’il adéjà accompli jadis le travail qui donne lieu à ces résultats. La réincarnation jointe aux expériencesdu monde spirituel entre les différentes existences, c’est la seule explication satisfaisante desproblèmes variés que soulève l’existence de l’humanité présente. C’est avec intention que nousdisons « l’humanité présente ». Car l’investigation occulte fait connaître que la série des existencesterrestres a eu un commencement, et qu’il y a eu un moment où l’être spirituel qui pénétrait dansl’enveloppe corporelle de l’homme a connu des conditions toutes différentes. Dans les pages quisuivent nous remonterons ainsi jusqu’à l’état originel de l’homme. Nous démontrerons comment,d’après l’occultisme, l’être humain a acquis sa forme actuelle en se développant en harmonie avecl’évolution cosmique ; nous décrirons en même temps comment le noyau spirituel de l’hommedescend des mondes supérieurs pour animer les enveloppes corporelles, et comment s’est formée laloi de causalité spirituelle, ce que l’homme appelle la « destinée ».