Les circuits de distribution des produits alimentaires
2016_03_circuit_produits_alimentaires
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Rapport<br />
2. <strong>Les</strong> changements <strong>de</strong> la secon<strong>de</strong> moitié du XX e siècle<br />
Présenter les principales évolutions récentes qui ont marqué les mo<strong>de</strong>s <strong>de</strong> <strong>distribution</strong><br />
<strong>de</strong>s <strong>produits</strong> <strong>alimentaires</strong> dans notre pays durant la secon<strong>de</strong> moitié du XX e siècle, consiste<br />
pour une large part à retracer l’histoire <strong>de</strong> la montée en puissance <strong>de</strong> la gran<strong>de</strong> <strong>distribution</strong>.<br />
Or, il s’agit d’un exercice complexe. Ainsi, Marie-Emmanuelle Chessel et Alain Chatriot,<br />
chercheurs au CNRS, ont-ils écrit dans un article publié en 2006 et intitulé L’histoire <strong>de</strong> la<br />
<strong>distribution</strong> : un chantier inachevé : « L’histoire <strong>de</strong> la <strong>distribution</strong> est un objet passionnant mais<br />
encore peu étudié par les historiens français… La « révolution <strong>de</strong> l’hypermarché » a plus été<br />
proclamée qu’approchée avec un regard d’historien. Le projet d’une histoire <strong>de</strong> la <strong>distribution</strong> en<br />
France se doit d’être à la fois une histoire <strong>de</strong>s entreprises, <strong>de</strong>s évolutions sociales, du rôle <strong>de</strong> l’État<br />
et <strong>de</strong>s mutations culturelles dans un contexte <strong>de</strong> plus en plus mondialisé ».<br />
On observe à cet égard que faute <strong>de</strong> bases statistiques fiables durant les quelques<br />
décennies <strong>de</strong> l’après Secon<strong>de</strong> Guerre mondiale, il s’avère difficile <strong>de</strong> mesurer quantitativement<br />
avec précision la progression <strong>de</strong> la gran<strong>de</strong> <strong>distribution</strong> ainsi que le recul parallèle du petit<br />
commerce <strong>de</strong> bouche, qui en a résulté. À cet égard, une disparition progressive <strong>de</strong>s tournées<br />
effectuées par <strong>de</strong>s commerçants ambulants a été constatée dans les campagnes ainsi qu’une<br />
diminution <strong>de</strong> la fréquentation <strong>de</strong>s marchés forains organisés en semaine. Comme nous ne<br />
disposons en effet pas <strong>de</strong> données annuelles exhaustives relatives aux chiffres d’affaires,<br />
au nombre <strong>de</strong> magasins, à leurs surfaces ou encore aux emplois concernés pour le secteur<br />
<strong>de</strong> la vente <strong>de</strong>s <strong>produits</strong> <strong>alimentaires</strong>, les éléments exposés ci-après ne proposent qu’une<br />
approche globale et synthétique <strong>de</strong>s grands mouvements qui ont marqué le secteur durant<br />
la pério<strong>de</strong> considérée.<br />
C’est avec les « Trente glorieuses » que la gran<strong>de</strong> <strong>distribution</strong> a commencé à émerger<br />
en France, son essor ayant été favorisé par le développement parallèle <strong>de</strong> l’industrie<br />
agroalimentaire. En 1948, s’ouvre à Paris la première épicerie en libre-service, transposition<br />
du concept américain. L’année suivante, Edouard Leclerc crée à son tour son premier libreservice,<br />
en Bretagne à Lan<strong>de</strong>rneau, qui, à l’origine, compte-tenu <strong>de</strong> son exiguïté, ne pouvait<br />
être qualifié <strong>de</strong> gran<strong>de</strong> surface. Il s’approvisionne directement chez les producteurs pour<br />
court-circuiter les intermédiaires et ainsi revendre moins cher. Il faudra attendre 1957 pour<br />
qu’un véritable supermarché ouvre ses portes à Paris et 1963 pour le premier hypermarché<br />
<strong>de</strong> 2 500 m 2 (soit la surface minimale aujourd’hui officiellement retenue), installé à<br />
Sainte-Geneviève-<strong>de</strong>s-Bois, sous l’enseigne Carrefour. C’est d’ailleurs une idée française<br />
que <strong>de</strong> proposer dans un même établissement à la fois <strong>de</strong>s <strong>produits</strong> <strong>alimentaires</strong> et non<br />
<strong>alimentaires</strong>.<br />
Au début <strong>de</strong>s années 1960, on observe le développement <strong>de</strong> différentes formes <strong>de</strong><br />
<strong>distribution</strong> : grands magasins, magasins populaires, enseignes à succursales multiples,<br />
coopératives <strong>de</strong> consommation… Toutefois, leurs poids relatif <strong>de</strong>meure marginal (moins <strong>de</strong><br />
12 % <strong>de</strong>s ventes <strong>alimentaires</strong> en 1960) mais il doublera en presque 10 ans pour atteindre<br />
25 % en 1969. Cette amorce <strong>de</strong> concentration s’est notamment traduite par la constitution<br />
<strong>de</strong> groupements d’achats en commun par <strong>de</strong>s commerçants (Co<strong>de</strong>c, Una), préfigurations<br />
<strong>de</strong>s actuelles centrales, afin d’obtenir <strong>de</strong> meilleures conditions <strong>de</strong> la part <strong>de</strong>s fournisseurs.<br />
Parallèlement, parmi ces <strong>de</strong>rniers, certains ont entamé en Europe un processus d’intégration<br />
vers l’aval en créant <strong>de</strong>s structures (Spar…) dans lesquelles ils se sont associés aux détaillants<br />
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