Téléchargez le livret intégral en format PDF (application ... - Classique

1835 (25 ans) Encore amoureux d’Ernestine au début
de l’année, Schumann est débordé de travail pour son
journal, où il est à la fois directeur de la rédaction et
critique. En janvier, Clara et son père partent faire une
tournée de concerts en Allemagne du Nord. Lorsqu’ils
reviennent, en avril, Robert semble soudain voir la
jeune fille de seize ans sous un éclairage nouveau
et magique. Il a toujours admiré et aimé l’enfant et
l’adolescente douée, mais la jeune femme pleine de
vie l’attire tout à coup profondément. En juin et
juillet, il passe beaucoup de temps avec elle, et ses
sentiments pour Ernestine se refroidissent. Clara part
faire une autre tournée en juillet, laissant beaucoup à
penser au compositeur—il rompt finalement ses
fiançailles de l’automne précédent avec Ernestine.
Clara étudie la Sonate en fa dièse mineur sur le
manuscrit et la joue pour Mendelssohn lorsque ce
dernier se rend à Leipzig ; il rencontre Schumann
pour la première fois le 30 août. Le jeune
compositeur considère Mendelssohn avec le plus
profond respect. En septembre, Schumann rédige
une critique de la Symphonie fantastique d’Hector
Berlioz (1803–1869) qu’il n’a entendue que dans la
transcription pour piano de Franz Liszt. Schumann
rencontre Chopin pour la première fois, en
septembre. Une fois encore, Clara joue la Sonate en fa
dièse mineur et, le 20 octobre, il lui écrit une lettre
intime d’admiration enthousiaste, la première de
cette veine qu’il lui adresse (elle y est nommée
« Chiara » dans le langage spécial du Davidsbund). Le
premier baiser est échangé le 25 novembre et, en
décembre, ils sont dans les bras l’un de l’autre—
mais certainement en tout bien tout honneur—après
le récital de Clara à Zwickau. Le 13 décembre,
Schumann reçoit la dernière lettre de sa mère, qui
mourra le 4 février 1836. La principale œuvre pour
piano de l’année est le Concert sans orchestre, op. 14.
1836 (26 ans) Friedrich Wieck est conscient des
relations qui se développent entre Robert et Clara et
les désapprouve vigoureusement ; cinq ans se sont
écoulés depuis la maladie sexuelle de Robert et il est
possible qu’à cette époque le jeune étudiant ait confié
ce problème à son professeur. Un enseignant
d’expérience peut faire preuve de compréhension à
propos de ce genre de choses, un futur beau-père
a moins de chance d’y parvenir. On pourrait y voir
une explication plus rationnelle du comportement
ultérieur presque hystérique de Wieck qu’une simple
jalousie parentale butée (le père d’Ernestine von
Fricken, une famille aristocratique, avait approuvé le
mariage sans la moindre difficulté, malgré la situation
financière incertaine de Schumann, ce qui est
significatif). En janvier, Wieck envoie Clara passer
trois mois à Dresde pour séparer le couple. L’ami du
compositeur, Becker, remet à Clara une lettre de
Robert en secret. Robert rencontre Clara secrètement
à Dresde et à Zwickau et n’assiste pas aux funérailles
de sa mère. Wieck découvre cette « traîtrise » et
interdit toute autre rencontre (le couple ne se reverra
pas avant le mois de septembre 1837). Robert,
solitaire et dépressif, reprend contact avec Christel—
ou « Charitas » telle qu’elle est connue dans le langage
du Davidsbund. Il envoie à Clara un exemplaire
publié de la Sonate en fa dièse mineur, qui lui est
dédiée. Clara lui répond, sous la contrainte de son
père, et lui renvoie toutes ses lettres. Robert est en état
de choc et désespéré. Il compose la Fantaisie en ut
majeur, op. 17 (terminée en décembre), mais sinon
l’année n’est pas riche en composition : plusieurs
projets entrepris—une sonate pour piano et de la
musique de chambre—restent inachevés. Schumann
en est réduit à assister à des concerts et à voir Clara de
loin—il n’est pas surprenant que la Fantaisie
comporte des citations musicales du cycle de lieder de
Beethoven à la bien-aimée lointaine, An die ferne
51