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évid<strong>en</strong>t qu’il n’a pas <strong>en</strong>vie d’affronter l’amp<strong>le</strong>ur d’un<br />
poème merveil<strong>le</strong>ux mais trop long comme Der Reiter<br />
und der Bod<strong>en</strong>see de Schwab (il n’a écrit qu’un<br />
fragm<strong>en</strong>t inachevé). Les deux poèmes d’Eich<strong>en</strong>dorff<br />
explor<strong>en</strong>t des aspects de ce poète délibérém<strong>en</strong>t<br />
écartés dans <strong>le</strong> cyc<strong>le</strong> op. 39. Der Schatzgräber est un<br />
chef-d’œuvre dramatique et ingénieux, injustem<strong>en</strong>t<br />
négligé, mais l’homélie et la contrainte de Frühlingsfahrt<br />
expose <strong>le</strong>s limites de ce compositeur quand il<br />
<strong>en</strong> vi<strong>en</strong>t à refléter <strong>le</strong>s pieuses pratiques catholiques<br />
d’Eich<strong>en</strong>dorff. La musique sur <strong>le</strong> texte de Fröhlich<br />
(Die Nonne) et cel<strong>le</strong> qu’il a écrite sur <strong>le</strong>s vers du<br />
poète par ail<strong>le</strong>urs inconnu Zimmermann (Nur ein<br />
lächelnder Blick) prés<strong>en</strong>t<strong>en</strong>t assez peu d’intérêt et<br />
sont très rarem<strong>en</strong>t exécutées.<br />
20–21 novembre Trost im Gesang op. 142/1 5 bl<br />
Le retour à Kerner, qu’il n’a pas mis <strong>en</strong> musique<br />
depuis 1828, a été une réel<strong>le</strong> inspiration. Schumann<br />
semb<strong>le</strong> avoir mieux répondu aux poètes dotés d’une<br />
forte personnalité et d’une sorte de programme<br />
éthique, qu’ils soi<strong>en</strong>t conservateurs et libéraux. Armé<br />
de Die Dichtung<strong>en</strong> (1834), Schumann est <strong>en</strong>tré dans<br />
<strong>le</strong> monde de Kerner, tout d’abord assez prudemm<strong>en</strong>t<br />
comme dans ce lied. Mais on <strong>en</strong>t<strong>en</strong>d bi<strong>en</strong>tôt la porte<br />
s’ouvrir sur un nouveau monde poétique, différ<strong>en</strong>t de<br />
ceux d’Eich<strong>en</strong>dorff et de Heine certes, mais cont<strong>en</strong>ant<br />
une écriture aussi personnel<strong>le</strong> et de la même stature.<br />
20–25 novembre & 6–29 décembre Zwölf Gedichte<br />
von Justinus Kerner op. 35 5 bm–cn<br />
Dès <strong>le</strong> début de cette œuvre extraordinaire, nous<br />
sommes plongés dans <strong>le</strong> monde d’un poète sans nul<br />
autre pareil dans la littérature al<strong>le</strong>mande—profondém<strong>en</strong>t<br />
humain, exc<strong>en</strong>trique, névrosé, médecin et<br />
guérisseur, un visionnaire considéré comme fou par<br />
nombre de ses contemporains, mais quelqu’un qui<br />
était une imm<strong>en</strong>se personnalité et qui se moquait de<br />
ce que <strong>le</strong>s autres pouvai<strong>en</strong>t p<strong>en</strong>ser de lui. Schumann<br />
était d’habitude attiré par la poésie des poètes du nord<br />
de l’Al<strong>le</strong>magne—sur <strong>le</strong> plan des Souabes, il ignore<br />
Hölderlin et ne s’intéresse à Mörike et à Uhland que<br />
vers la fin de sa carrière—mais il fait une exception<br />
pour Kerner comme pour une âme sœur. Kerner a<br />
compté parmi <strong>le</strong>s premiers Verts : il croyait dans <strong>le</strong><br />
pouvoir curatif de la nature qu’il préférait aux<br />
manières sophistiquées de l’humanité arrogante.<br />
C’est <strong>en</strong> outre l’un des premiers psychiatres à avoir<br />
cru que l’affliction m<strong>en</strong>ta<strong>le</strong> pouvait se guérir par<br />
la compréh<strong>en</strong>sion, l’amour et la bonté (sa propre<br />
demeure était ouverte pour abriter des g<strong>en</strong>s qui,<br />
sinon, aurai<strong>en</strong>t été consignés à l’asi<strong>le</strong>) et il préfigure<br />
Carl Jung dans son mélange <strong>en</strong>tre médecine et<br />
mysticisme. Ce recueil comporte des paro<strong>le</strong>s narratives<br />
(Stirb’, Lieb’ und Freud’ !) et aussi des lieder<br />
tout simp<strong>le</strong>s qui célèbr<strong>en</strong>t la marche <strong>en</strong> p<strong>le</strong>in air,<br />
mais un portrait fascinant de Kerner émerge qui <strong>le</strong><br />
montre comme un bon père de famil<strong>le</strong> très heureux<br />
(Lust der Sturmnacht), un guérisseur de la nature<br />
(Erstes Grün), l’un des premiers interprètes des rêves<br />
(Stil<strong>le</strong> Trän<strong>en</strong>), un ferv<strong>en</strong>t adepte des séances de<br />
spiritisme et du surnaturel (Auf das Trinkglas) et,<br />
dans <strong>le</strong>s deux derniers lieder du cyc<strong>le</strong>, un prophète<br />
des dégâts causés à la santé et au bonheur par<br />
l’industrialisation massive qui gagne du terrain. Il<br />
est évid<strong>en</strong>t que Sängers Trost op. 127/1 5 co<br />
(composé <strong>le</strong> 8 décembre), poème lyrique pour un<br />
chanteur sans famil<strong>le</strong>, mais avec un li<strong>en</strong> étroit avec la<br />
nature, s’adapte mal au portrait presque biographique<br />
de Kerner que fait Schumann dans ce cyc<strong>le</strong>. Il a été<br />
publié séparém<strong>en</strong>t.<br />
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