documents & rapports - Mémoires du Hainaut

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même origine 1 . La langue tudesque fut donc dès lors dominante,
et quel'que fût l'idiome qui prévalut dans la suite,
l'action de celte langue devait être indélébile. C'est tellement
vrai que le D r J. Sigart écrivait en 1866 2 : « on ne se doute
pas que l'accent wallon en général n'est pas trop éloigné de
l'accent allemand, ou au moins de celui de la province rhénane.
» Déjà antérieurement nous avions été frappé de l'analogie
prosodique de la phrase, entendue à quelque distance 3 .
Mais quand et comment le wallon aurait-il pris la place du
tudesque? Cette question excessivement controversée nous
occupera un instant. M. Alphonse Leroy l'aborda dans ses
Lettres Éburonnes, et lui donna une solution fort logique; c'est
que, « si en quelques districts les envahisseurs ont complé-
« tement occupé le pays, dans d'autres ils se sont mêlés aux
« vaincus 4 . » S'ils se sont emparés des champs, comme l'indique
César, ils se seront gardés d'en chasser tous les habitants,
ayant besoin de leurs bras pour la culture, « car comme
le dit l'écossais Pinckerton « dans les pays agricoles les
maîtres changent mais les habitants demeurent » et plus loin
il reconnaît que les Germains de Belgique se mêlèrent beaucoup
aux Celtes 5 .
Ces considérations paraissent rendre compte de la persistance
des deux langues côte à côte. Mais si cela nous contente
cela ne satisfait pas le parti des linguistes qui attribue
l'origine absolue de toutes les langues romanes à la seule
langue latine « que les Romains, disent-ils, avaient imposée
1. Ipsi erant ex Cimbris TEUTONISQUE prognati : Cœs. Ibid. — Teuton, Teulschen
est le nom national que se sont toujours donné les Germains ; quant aux Cimbres
on les regarde comme appartenant à ta souche finnoise. Leur langue n'a point laissé
de traces sur notre territoire.
2. Glossaire étymologique du Montois f° 35. — Voir aussi au i" 15 la citation de
Fuchs : Die Romanische Sprache. — Disons en passant que Spani = sévrer, est du
pur tudesque, spenen. — Les jeunes Flamands qui viennent .travailler dans les
houillères, parlent bientôt le wallon des villages voisins de Charleroi, sans le moindre
accent étranger ; mais cet accent perce aussitôt qu'ils prononcent un motde français.
3. Cfr. La Belgique primitive. 1867, f° iif.
4. Lettre III. Revue trimestrielle. Tome XI, f J 220, 1" série.
5. Recherches sur les Établissements des Scythes, f° 66 et 84.