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LE MONSTRE, OU LE SENS DE L'ECART ESSAI SUR UNE ...

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120<br />

tel-00846655, version 1 - 19 Jul 2013<br />

supposer que l’excès s’affranchit de toute limite et de toute règle, qu’il représente bien un audelà<br />

de la limite, l’expérience même : « Mais l’observation ne nous montre rien de tel » 1 .<br />

Dans l’excès de formation, les organes surnuméraires sont exactement la copie des organes<br />

normaux, respectent précisément la même structure et conservent les mêmes relations et<br />

positions avec le reste de l’organisme. Il est dès lors manifeste que ces organes surnuméraires,<br />

loin de les annuler, ont respecté les lois et par conséquent les limites mêmes de l’ontogenèse.<br />

L’excès consiste simplement en ce que la formation ne s’est pas arrêtée au nombre que<br />

l’espèce présente normalement.<br />

S’il y a excès de formation, les organes surnuméraires répètent constamment, par leur nature<br />

et par la position qu’ils occupent, des organes existant normalement dans l’espèce : à vrai dire,<br />

leur présence ne donne pas même à l’être qui les présente, des caractères nouveaux et<br />

étrangers à son organisation normale 2 .<br />

Le cas est un peu plus complexe pour l’excès de développement. En effet, Geoffroy<br />

Saint-Hilaire voit dans la présence de ce type d’excès la possibilité que possède la nature de<br />

franchir les limites.<br />

Il n’est donc pas exact de dire que la nature ait posé devant chaque espèce des limites que ses<br />

développements ne sauraient franchir ; et les organes peuvent, mais non avec la même<br />

fréquence, ou rester en-deçà du terme ordinaire de leur évolution, ou le dépasser. 3<br />

Comment donc maintenir l’affirmation, dans ce contexte, que l’observation nous<br />

montre la nécessaire présence de limites même dans l’excès ? C’est que, si la nature peut<br />

franchir les limites qu’elle pose pour chaque espèce, elle retrouve alors dans ce<br />

franchissement même les limites d’une autre espèce. C’est-à-dire : l’organe développé<br />

excessivement sort bien de la structure normale de l’espèce, mais rejoint alors une autre<br />

normalité, celle d’une autre espèce pour qui cet état de l’organe est normal, ou bien celle<br />

d’autres organes dans la même espèce pour qui ce développement est leur développement<br />

normal. La limite est donc une notion relative à un double titre. D’une part, chaque espèce a<br />

ses propres limites internes, qui d’ailleurs la définissent en partie et la découpent parmi<br />

l’ensemble des espèces dans son identité propre. D’autre part, ces limites spécifiques ne sont<br />

pas absolues en ceci qu’elles ne sont nullement infranchissables, si bien que par un excès de<br />

développement un individu d’une espèce s’élève dans une de ses parties à l’organisation d’une<br />

autre espèce.<br />

S’il y a excès de développement, une ou plusieurs parties se trouvent, il est vrai, élevées à<br />

une structure ou à des formes que l’espèce ne présente normalement à aucune époque de son<br />

évolution ; mais, pour être insolites dans l’espèce, cette évolution, ces formes ne manquent ni<br />

de lois ni de limites, ni même d’analogues dans l’organisation normale. En effet, les<br />

développements en excès qui peuvent survenir dans une espèce, représentent toujours les<br />

modifications qui surviennent normalement, pour les mêmes organes, dans d’autres espèces,<br />

après qu’elles ont atteint le degré d’évolution qui caractérise celle-ci ; ou bien, dans la même<br />

1 Ibid., III, p. 428.<br />

2 Ibid., III, p. 428.<br />

3 Ibid., III, p. 416.

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