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LE MONSTRE, OU LE SENS DE L'ECART ESSAI SUR UNE ...

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386<br />

CHAPITRE VIII<br />

<strong>MONSTRE</strong> : NOM D’UN <strong>DE</strong>VENIR<br />

tel-00846655, version 1 - 19 Jul 2013<br />

Si la vie est errance vitale, les êtres vivants en eux-mêmes et pour eux-mêmes ne<br />

mènent pas une vie errante. On peut donc nous reprocher d’appréhender la vie à partir d’un<br />

vivant des plus singuliers puisqu’il se signale à la conscience vivante comme monstre. En<br />

quoi la vie des monstres est-elle la vie des vivants ? Qu’est-ce qui nous autorise à tirer du<br />

monstre le sens d’être de la vie ? Pour le dire clairement, nous nous autorisons précisément<br />

des Geoffroy Saint-Hilaire, mais pour en dégager une toute autre leçon qu’eux. Leur intuition<br />

fut de se tourner vers les monstres pour leur demander ce qu’il en est de l’ordre de la nature. Il<br />

s’agissait de ne pas laisser le monstre à son apparent désordre en le rattachant à l’ordre de la<br />

nature ; il devient alors un des éléments majeurs de sa démonstration. Le but d’E. Geoffroy<br />

Saint-Hilaire est de révéler une univocité de l’ordre naturel : il se dit de la même manière en<br />

chaque être vivant 1 . De même, nous inclinons à défendre une univocité, non de l’ordre de la<br />

nature, mais de la vie, en refusant de construire un concept spécifique de la vie pour les<br />

monstres, ce qui conduirait à la redoutable difficulté d’un dualisme entre la vie manifestée par<br />

les vivants et la vie manifestée par les monstres – dualisme qui aurait à rendre compte de la<br />

spécificité des deux types de vie et à justifier qu’il s’agit toujours dans les deux cas de vie.<br />

Mais si nous refusons ce dualisme, pourquoi se tourner vers la vie des monstres plutôt que<br />

vers la vie des vivants pour dévoiler le sens de la vie ?<br />

1 Deleuze fera d’E. Geoffroy Saint-Hilaire une des figures qui a su déceler un seul plan d’immanence où entrent<br />

en composition – en agencement – les éléments abstraits de composition : « Plan fixe de la vie, où tout bouge,<br />

retarde ou se précipite. Un seul Animal abstrait pour tous les agencements qui l’effectuent. Un seul et même plan<br />

de consistance ou de composition pour le céphalopode et le vertébré, puisqu’il suffirait au vertébré de se ployer<br />

assez vite en deux pour souder les éléments des moitiés de son dos, rapprocher son bassin de sa nuque, et<br />

rassembler ses membres à l’une des extrémités du corps, devenant ainsi Poulpe ou Seiche », Deleuze et Guattari,<br />

Mille Plateaux, Paris, Les Editions de Minuit, 1980, p. 312. Nous reviendrons sur l’interprétation deleuzienne de<br />

Geoffroy Saint-Hilaire.

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