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Le royaume d’Icare

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— S’cusez m’sieur. Un message à passer. Mon beau-frère,<br />

j’vous disais.<br />

— Celui qui est syndiqué.<br />

— Ouais. Hé ben, y zont fait la grève. En 1912. En janvier,<br />

à cause du froid. Des records. J’me rappelle parce que c’est<br />

moi qui faisais toutes les commissions, Berthe est née durant<br />

les troubles.<br />

— Quels troubles<br />

— À cause d’la grève, que j’vous dis. <strong>Le</strong> mois suivant, les<br />

compagnies d’taxis ont voulu briser la grève en engageant<br />

des nouveaux chauffeurs.<br />

— C’est illégal, Charles.<br />

— P’t-être, mais les gendarmes s’en mêlent pas et les tribunaux<br />

sont lents. <strong>Le</strong>s chauffeurs se r’trouvent sans revenu<br />

pendant qu’les compagnies trichent. Il a bien fallu qu’les<br />

conducteurs réagissent. Ça a tourné au vinaigre. <strong>Le</strong> travail<br />

n’a r’pris qu’à Pâques.<br />

— Ils ont donné l’exemple. <strong>Le</strong>s autres capitalistes hésiteront<br />

avant de s’essayer. Préférez-vous continuer à vous appauvrir<br />

tandis qu’eux s’enrichissent<br />

— Sûr que non.<br />

— Voulez-vous une meilleure vie <br />

— À vous entendre, on croirait qu’c’est possible.<br />

— Ce l’est Charles. <strong>Le</strong> syndicat, c’est l’avenir du peuple.<br />

C’est d’ailleurs son unique avenir.<br />

Bénédict est encore en plein sermon arrivé au Palais des<br />

Expositions.<br />

— J’vous attends, précise le cocher.<br />

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