Le royaume d’Icare

certain. Le match de championnat, bien sûr. Cappello joue la
balance et Saturne... fin Vierge, au Descendant. Un marché à
conclure. Que me cachez-vous, docteur Feuerbach Une entente
longuement mûrie Cappello est le meilleur prétendant
qui ait cogné à sa porte. Une condition attachée au pacte. Les
lentes Uranus Poisson. Hum… Neptune s’éloigne lentement de
la Lune Lion. Un changement de vie à long terme… Sa femme…
Le train ralentit sensiblement. Itchkoff retire ses lunettes,
se masse l’arête du nez. Il cherche en vain son calepin et tempête
contre le fouillis qui l’entoure. La carte de Feuerbach
glisse, il est dessous. Il y inscrit : « Le temps est mûr. » Il pose
le calepin. Un Feuerbach souriant, cigare à la bouche, s’est
imposé à son esprit.
Londres, an 1900. Un mois déterminant pour le jeune
Itchkoff. Les Anglais veulent « ouvrir le siècle » avec un tournoi
prestigieux, saupoudré de joueurs locaux prometteurs,
à leurs yeux du moins. Itchkoff a dix-neuf ans à peine et il
est déjà un joueur redouté en territoire germanique. Mais il
redoute de se retrouver loin des siens. Le jeune homme découvre
Paris puis Londres, d’énormes cités industrieuses.
Une foule bigarrée, irrespectueuse, pressée et sans manières,
fascinante d’étrangeté.
On dit les voyages former la jeunesse, c’est qu’ils rendent
objectif. Un voyage ramène à sa propre singularité. Nos
bonnes manières ne le sont que par convention. On se comporte
autrement dans d’autres contrées. Ce qui est bien ou
mal n’y emprunte pas les mêmes conduites. La manière de
manger à table, le contenu de son assiette ou de son verre ; la
façon d’attirer l’attention ou de prendre la parole ; la mode
vestimentaire et les parties du corps révélées ; l’importance
de regarder ou non quelqu’un dans les yeux ; la distance et
le ton dans une conversation, sans omettre la manière, la
possibilité même, de négocier un prix ; autant de bonnes
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