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Le royaume d’Icare

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plancher craquent sous ses cent cinquante kilos. Joseph fixe<br />

son oncle, concentré.<br />

— Il est marié à Bethe. Il a trois enfants dont un fils. Il est<br />

cordonnier. Sa boutique est au-dessus de la boulangerie de<br />

monsieur Bernstein.<br />

172<br />

— Bien!<br />

— Et il joue mal aux échecs, ajoute l’enfant, les yeux pétillants<br />

de malice.<br />

— Quoi! Tu pourrais le battre, toi, mon fils. Pour affirmer<br />

que quelqu’un joue mal aux échecs, il faut le battre. N’est-ce<br />

pas, Joseph Faire mieux que lui.<br />

— Je peux battre oncle Jacob.<br />

<strong>Le</strong> père fait pivoter la tête du fils et, ses yeux noirs rivés<br />

aux siens, demande à nouveau :<br />

— Tu peux vraiment le battre, Joseph<br />

— Oui, père.<br />

— Jacob! Tu ne croiras pas ce que le petit Joseph vient de<br />

me dire.<br />

L’oncle rit, soulève Joseph qui s’est approché, le fait tournoyer<br />

dans les airs, le menace de ridicule, rien n’y fait. Aussitôt<br />

remis sur ses pieds, le jeune s’installe et aligne les pièces<br />

bien droit. La montagne de chair s’assoit. La partie débute, le<br />

café devient un temple. L’oncle marmonne, marmonne encore,<br />

puis redevient silencieux. Ses coups se font incertains.<br />

D’un grand rire soudain, il balaie son roi et félicite Joseph.<br />

<strong>Le</strong>s jours de sabbat s’écoulèrent dorénavant devant l’échiquier<br />

pour le jeune Feuerbach.<br />

Tandis que défilait le cinéma du souvenir, Feuerbach a<br />

rapporté et ouvert le coffret où il range ses pièces. Retourné<br />

»

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