Le royaume d’Icare

Elle y va d’un sourire radieux, rien de trafiqué, sachant la
gargantuesque commission que la dame va lui procurer :
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— Ladies.
Jill entend «laize dizz». Dix Ten En mesure anglaise ce
serait une insulte, mais dans le système français… Un pouce
c’est deux centimètres et demi, ça ferait du quatre ans. Moi
S’éjectant d’un éclair lucide de son nombril devenu « miroir,
dis-moi que je suis la plus belle », Jill pointe Hanna :
— Je vois, fait madame Fanny.
L’Allemande se raidit. Deux guerres en un demi-siècle
laisse un froid entre deux peuples. Pourtant Hanna est opposée
à toute guerre. Père lui a conseillé de laisser parler les
autres, au pis de se déclarer Belge. À Paris, il est fort probable
qu’on ne distingue pas un Wallon d’un Allemand. Mais c’est
un « je vois » de déception pécuniaire qu’a échappé madame
Fanny.
— Bianca! lance une Hanna toute germanique, rappelant à
l’ordre sa jeune sœur déjà perdue entre les rayons.
Madame Fanny intervient d’un geste de la main éloquent :
— Laissez-là regarder, on l’a retrouvera.
Mignonne, note madame Fanny. À l’âge où les confiseries
deviennent dentelles et rubans. Elle pose ses yeux sur l’Américaine,
radieuse, qui observe la petite, les mains perdues dans
les tissus. Jill surprend son regard, sourit et scelle leur complicité
d’un clin d’œil.
Malgré son enthousiasme retrouvé, dénicher la robe représente
un casse-tête. Madame Fanny se fait amicale, mais
la Boche trouve impudique tout ce que la dame déniche
d’élégant. Avec raison d’ailleurs, sur sa carcasse ça se résume
à trop de tissu. La jeune fille le sait. Faut dire que l’Américaine
t’a le chic dans l’œil. Ça prend du temps avant que, lasse