Le royaume d’Icare

Ce sont de précieuses informations que procure un Capricorne.
Du sommet, le quotidien offre une vue d’ensemble
où, sentiments entre parenthèses, ce saturnien découvre un
sentier à travers les brumes du temps. Le natif du signe réalisera
de grandes ambitions s’il sait mettre à profit le temps
investi à grimper pour mieux regarder. Sinon, la chèvre se
transformera en diable obstiné. Zut. En voulant regarder par
la fenêtre, Hans a renversé la pile qu’il venait d’assembler.
Âgé de trente-neuf ans, joueur d’échecs et astrologue,
Itchkoff s’intéresse dorénavant à l’obscurité, celle qui persiste
même en plein jour, celle des causes et des buts de l’âme.
Il en sonde la texture à l’aide de mandalas circulaires selon
un rituel ancien. Le futur s’y imprime sur un cercle en une
écriture imagée, un sceau delphique. Il était si fier d’avoir
trouvé ce titre pour sa conférence.
— Un phare qui éclaire la vie d’un synchronisme. Cela
s’appelle « une carte du ciel de naissance ». Le phare est un
symbole puissant. C’est le colosse de Rhodes dans l’Antiquité.
C’est aussi cette statue qui trône dorénavant à l’entrée du
port de la nouvelle Alexandrie. Un symbole de liberté offert
par la France. C’est exactement ce qu’achève en équations
toute science, souligne-t-il pour certains auditeurs sceptiques,
qui y voient l’occasion d’un sourire ironique.
Itchkoff profite d’une compétition à Londres pour faire
une conférence dans un cercle privé d’Oxford, couvrant aisément
par cette double occupation tous ses frais de voyage.
— Dans les montagnes d’Autriche en automne, poursuit-il,
les feuilles des arbres jaunissent, se détachent puis virevoltent
dans l’air avant d’atteindre le sol. Tel est leur destin. La
loi de monsieur Newton, un physicien rose-croix anglais reconnu
et respecté, affirme pourtant que cette feuille tombe
en ligne droite vers le sol. Étonnante révélation, nous ne la
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