Le royaume d’Icare

— Ce sont les économistes qui ont fourni la solution aux
Allemands. Plus l’inflation frappe, plus la part du budget
consacrée à la dette diminue, si on la considère en monnaie
allemande. Les Français vont aller dépenser leurs francs en
Allemagne, où on leur accordera un taux de change outrageux.
Par le biais des banques, le gouvernement allemand
retournera ces billets au gouvernement français, avec profit
inflationniste. Le perdant rembourse en vendant de l’art, des
bâtiments, des loisirs ou du mobilier. Certains biens et services
deviendront si coûteux que les Allemands devront s’en
passer alors que les visiteurs y verront des occasions.
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— Des occasions, murmure Joseph.
— Comme nous avons imposé un taux fixe en or à la valeur
du dollar américain, ce sont Français et Anglais qui vont écoper.
Une partie de l’argent reçu n’est que leur propre papiermonnaie
dépensé en Allemagne
— Ils ne resteront pas les bras croisés.
— Non. Les Allemands non plus, d’ailleurs. Une fièvre économique
ne peut perdurer.
— Et le championnat demande Feuerbach pour chasser
le malaise qui l’envahit.
— Les bons dossiers sont rares. S’il surprend à Paris, Nilsson
intéressera Londres, vous pouvez en être assuré. À dix
contre un, je prends.
— À dix, murmure Joseph. À cinq contre un, se serait déjà
optimiste, Frank. Il a encore battu Itchkoff.
Cigare en bouche, Feuerbach montre deux doigts.
— Le maître n’est plus le même depuis votre duel. Quant
aux Français, à Paris rien n’est impossible. Leur foi semble
inébranlable. Sans vouloir dénigrer Kolarov le moins du
monde, je doute qu’il soit prêt avant des années.