Le royaume d’Icare

déjà presque femme de corps et gourmande d’attention mâle
à en gêner sa grande sœur.
— Un soupirant pour Hanna, peut-être.
— Père, s’il vous plaît. Je suis célibataire, pas handicapée.
Comme une place est libre, Bianca s’est inquiété qu’un
étranger survienne. Son père a a souligné que les passagers
de première classe sont en général des gens bien éduqués.
Moment silencieux dans le martèlement régulier des
roues contre les rails. Bianca s’est perdue dans le paysage.
Dehors les champs défilent mais son esprit regarde là où les
princesses existent. La crainte d’un étranger s’est estompée
quand elle a imaginé un officier autrichien grand et fort
qui, s’étant introduit par mégarde, s’attarderait à converser
avec elle. Elle s’est vue sur son cheval, comme à Prague alors
qu’elle n’avait que quatre ans, s’étant, paraît-il, mise à courir
puis plantée devant un cheval qui paradait. Si drôle main levée
à caresser le museau du cheval arrêté que le cavalier avait
demandé qu’on la hisse et avait chevauché avec elle. Bianca
ne se rappelle qu’une impression de hauteur et la force vive
du cheval. Hans l’a embrassé la bouche au printemps dernier
dans le boisé. D’autres garçons viennent lui parler depuis.
Certains se disputent son attention. Elle se sent femme mais
ne sait pas comment l’exprimer.
L’an dernier tu serais venue avec nous. Joseph ne sait comment
aborder le décès récent de sa femme avec Bianca. Cinq
mois à peine et c’est devenu une habitude de vivre sans toi. Elle
ne réagit pas aux invitations à parler qu’il lui tend dans ses
remarques.
Hanna extrait une liasse de feuilles d’un porte-documents.
Elle s’occupe de sa sœur mais… Il devine de la comptabilité.
Ce n’est pas le cœur qui lui manque, tu le sais. Hanna lève les
yeux vers lui. Il faudrait que tu l’inspires, Jessica.
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