Le royaume d’Icare

présente enfin. Pour la mère de Madeleine, le comte a clos
les enchères. Un titre, dans la trentaine, des manières polies
et riche comme ne peut l’imaginer le pauvre monde. Un
comte qui tricote dans les affaires sérieuses, où on dîne avec
les banques et la politique dans le confidentiel. Inespéré.
La voilà promise. Elle met un temps fou à choisir sa robe
de mariée. Voyant le fardeau d’or qu’on pose sur sa poitrine,
elle doit recommencer. Ses seins doivent s’affirmer dans un
décolleté plus ample, ce qui modifie la coupe. C’est plus difficile
d’emballer un petit cadeau, répète-t-elle à chacun. Rendue
à la robe nuptiale, elle décourage le personnel du couturier,
qui pourtant sait quel profit peut tirer des caprices
d’une mademoiselle. Tant pis, elle trouve satisfaction à Milan.
Le format italien lui va fort bien.
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Le voyant sortir son pyjama, elle murmure :
— Je reviens.
Elle quitte la chambre nuptiale pour le cabinet et met
plus d’une demi-heure avant de revenir, brossée, parfumée
et dentelée. À la table de chevet, son époux note quelque
chose à partir d’un journal qui ressemble à un dépliant pour
les courses de chevaux. Dès qu’il la voit, Jacques approche,
la prend dans ses bras et tout va soudain trop vite. Elle sent
la nervosité retenue de ses mains, des « Madeleine » à son
oreille qui veulent en exprimer tellement plus que son prénom.
La chose raide contre son ventre. Il se couche sur elle,
déplace les tissus et la chose entre en elle, dure et chaude.
Au moment où elle commence à apprécier son va-et-vient,
où elle aimerait qu’on s’attarde à la crème avant de passer
au gâteau, il fait « Aaah !» Une petite chose molle et chaude
surgit en elle, agréable. Jacques se retire et disparaît au cabinet.
Un vide soudain entre ses cuisses et une petite chose
froide qui fuit. Il revient se blottir en murmurant « je t’aime
». Il s’assoupit après avoir parlé avenir monétaire. Au bordel,
elles disaient :