Le royaume d’Icare

— Le loup et le mouton, je connais, répond le jeune anglais
d’un sourire gêné. Mais ils ne me posent aucun problème.
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Feuerbach sourit.
— Alors j’explique si vous voulez bien. Des loups et des
moutons cohabitent sur une île où la verdure pousse en
abondance. Plus la population de moutons grossit, plus les
loups trouvent à manger et croissent en nombre à leur tour.
Le surplus de loups fait décroître le nombre de moutons,
bien sûr. Mais avant que ces derniers ne disparaissent, le
manque de nourriture diminue le nombre des loups, favorisant
la survie des moutons, dont la quantité s’accroît à nouveau.
— Et il s’établit un équilibre.
— Parfois. Le plus fréquemment il s’agit d’une fluctuation
plus ou moins régulière, un équilibre dynamique.
— On peut vraiment comprendre la vie avec des équations
mathématiques
La naïveté de la question fait sourire Joseph. Elle lui rappelle
Samuel, il y a bien longtemps.
— Certains comportements du moins. La variation des populations
de loups et de moutons devient prévisible. Avezvous
fait des études, John
— Très peu. D’une manière conventionnelle du moins.
— Mais vous lisez beaucoup, par contre. Certaines personnes
prétendent que John Nilsson peut lire un livre entier
en une seule journée. Est-ce exact
— Oui. Je lis environ cinquante pages à l’heure. Plus, si
c’est un texte léger.
— Vous lisez tout.
— Bien sûr. Pas vous, monsieur