Le royaume d’Icare

tournoi mais n’avait aucune date en tête. Son arrivée en Belgique
tenait à un billet de train qu’on lui a offert.
Le champion travaille une position du pion dame, la
vieille de Londres, que Bjelica reconnaît au fou dame en fou
quatre. Pourtant, il ne l’utilisera pas à Ostende. Ravi de le revoir,
Feuerbach lui avoue avoir craint que le jeune homme
ait abandonné les échecs. Il convainc Ekenstein de s’inscrire
au tournoi.
— Avec des bourses alléchantes. Le promoteur est un certain
Empain, précise l’Allemand.
Les bourses en jeu ont attiré les maîtres. Le tournoi d’Ostende
devient le plus fort tournoi jamais tenu jusqu’alors.
Y participent Lang, champion de Hollande, Hensen, champion
suisse, le russe Dvorek, Meyer, Culbertson, sir Bennett,
champion d’Angleterre, Carroso, champion d’Italie, Arpade
Kiss, champion magyar, ainsi que Taubenhaus, nouveau
champion de France, et Hackerman, un jeune prodige américain
dont Feuerbach dit beaucoup de bien.
— Itchkoff s’est finalement désisté à la dernière minute,
précise Feuerbach. Il manque un joueur et le tournoi commence
demain.
Jouer pour plus d’argent avec plus de rivaux, c’est transformer
son gagne-pain en loterie. Mais la mention de Jean
Taubenhaus a réveillé le guerrier engourdi de routine. Bjelica
est las de simplement gagner, boire et coucher chez des
maîtresses. La géométrie et tout ce que ses études suscitaient
en son esprit sont devenues lettres mortes. Feuerbach
explique pouvoir négocier son inscription quand le :
— Bjelica! C’est bien toi! en français de Taubenhaus le surprend.
Adoubé par le champion lui-même, Ekenstein comble la
place vacante. Il fait sensation, terminant troisième à éga-
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