Le royaume d’Icare

Sa carrière avait servi de présentoir. Jeune fille choyée
pour sa beauté., elle fut une très brève étoile de la scène artistique.
Une voix juste, une taille de guêpe et une poitrine
parfaite suffirent à la caser dans la haute, a compris Miguel.
Sa manœuvra ferme pour que sa « poupée » réussisse.
Une fois mariée, la vie dans une grande demeure en quartier
cossu s’avère un enfer de solitude pour la comtesse.
Déçue par son mari, elle finit par trouver une échappatoire
à l’ennui en de rares infidélités, s’étonnant d’être si disposée
au plaisir. Elle avait chanté l’amour, là elle le gémissait.
Des candidats de qualité se proposent dès qu’ils devinent la
comtesse à portée de mains. Mais Madeleine courtise déjà
la trentaine et l’amour roucoulé un instant se révèle fade et
amer à répétition. Rien à voir avec le rêve d’amour qu’elle
avait chanté.
— Je lui écris que… (madame lit) j’ai fait la connaissance
d’un charmant joueur d’échecs qui, je l’espère… puisque tu
ne joues pas, explique-t-elle en levant les yeux.
— Tou espères
— … qui (elle lit), je l’espère, pourra participer à ton tournoi
car…
La lettre se termine là.
— C’est inoutile. Un tournoi cé né pas oune réception
— Tu ne veux pas jouer
— Ça né changéra rien. (il hausse les épaules) Car quoi
Miguel pointe la lettre de la tête.
— Je pensais mettre « car il est d’excellante compagnie ».
Ça te va
— D’excélente compagnie. En clair
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