Culture, patrimoine, création - Cluster 13
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B - Description de l’opération de recherche<br />
titre de l’opération de recherche : Mémoire spatiale du theâtre européen contemporain<br />
B 1 Objectifs, contexte, problématique, originalité<br />
Ce projet a pour ambition de contribuer à la constitution d’une mémoire spatiale du théâtre<br />
européen contemporain. Qu’est-ce à dire Pour répondre à cette question, il convient d’une<br />
part de se pencher sur les rapports de la mémoire et du spectacle et d’autre part de<br />
s’expliquer sur le privilège accordé à l’espace.<br />
Les Arts du spectacle, il n’y a aucune originalité à le dire, sont éphémères. Néanmoins ils<br />
possèdent une mémoire : transmission orale, écrits théoriques, schémas, croquis, dessins,<br />
photos de spectacle souvent focalisées sur l’acteur et son jeu et désormais enregistrements<br />
vidéo qui, tout naturellement, se consacrent à l’enregistrement du spectacle dans son<br />
déroulement.<br />
Les traces mémorielles concernant l’espace sont cependant rares et relativement négligées.<br />
Or les questions d’espace sont devenues primordiales dans les arts de la scène, comme en<br />
témoigne le sort fait, depuis le début du XXe siècle, au mot scénographie qui jouit d’un<br />
privilège paradoxal. Déjà en usage au XVI e siècle, il semble pourtant signer la modernité.<br />
Réintroduit dans le vocabulaire théâtral au début du XX e siècle, il ne connaît son véritable<br />
épanouissement qu’à partir des années 70 où il n’est plus seulement spécialisé et confiné<br />
dans la sphère théâtrale : on le retrouve en architecture, en muséographie, voire en<br />
sémantique. Ce renouveau et ce succès ne sont pas des effets de mode. Ils correspondent<br />
au besoin de redéfinir notre rapport à l’espace.<br />
Le propre de la scénographie est de composer le lieu adéquat à la représentation d’une<br />
action. C’est pourquoi il n’y pas de scénographie sans dramaturgie. Mais inversement il n’est<br />
pas de dramaturgie effective sans scénographie. Certes, le théâtre, au XX e siècle, a voulu<br />
affirmer son indépendance par rapport au texte et parfois s’en affranchir totalement. C'est<br />
une opposition très traditionnelle, par ailleurs, que celle qui met face à face le spectacle lié<br />
au pur divertissement ou à l'émotion et la parole, l'écrit, le mot, champs et domaines de la<br />
réflexion (logos). Mais, à vrai dire, l'opposition dure entre le mot et le spectacle n'apprend<br />
rien parce qu'elle est simpliste. N'arrive-t-il pas que le mot se livre à la rhétorique creuse, aux<br />
« effets » pour tout dire Et symétriquement, tout spectacle ne repose-t-il pas, en définitive,<br />
sur un texte même minimal C’est donc dans un mouvement de réflexion qui concerne notre<br />
rapport au spectaculaire que se situera la constitution de cette mémoire. Le premier enjeu de<br />
cette recherche serait de permettre à la réflexion esthétique de se poser ces questions en<br />
partant de démarches précisément identifiées, celles de scénographes contemporains,<br />
créateurs assez peu visibles sur la scène de l’art, mais occupant une place déterminante par<br />
rapport aux préoccupations qui sont les nôtres ici.<br />
Mais ce n’est pas tout : la modernité artistique a enregistré (et pour une part suscité) de<br />
profondes mutations dans notre rapport sensible à l’espace et on peut avancer que les<br />
démarches contemporaines ont encore accentué ces mutations. Ce nouveau rapport<br />
gagnerait à être envisagé sous l’angle de notre rapport au cadre, au décor, et à l’usage des<br />
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