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Culture, patrimoine, création - Cluster 13

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Pour cette session, j’ai eu à examiner quatre projets, de niveau et de statuts forts différents. Les<br />

quatre projets examinés seront nommés par leurs titres car je ne suis pas sûr de la numérotation,<br />

ayant eu en main deux projets 5 différents.<br />

Il y a vraiment deux niveaux très contrastés dans ces propositions. Deux me semblent répondre<br />

parfaitement aux attentes du <strong>Cluster</strong> : des propositions claires, appuyées sur des équipes bien<br />

constituées exposant avec précision des opérations qui ont toujours une dimension de fabrication<br />

d’outils, dont la matérialité est variable, mais dont l’intérêt pour la collectivité des chercheurs est<br />

incontestable. J’entends bien que dans ces réquisits il y a toujours une dimension purement<br />

rhétorique. Mais il est difficile de juger une proposition qui ne dit rien sur la dimension collective<br />

du travail ni sur ses aspects productifs.<br />

Les deux projets qui correspondent à la lettre et à l’esprit de l’appel d’offres sont :<br />

1° Voyages, territoires et savoirs<br />

Appuyée sur une équipe reconnue et dont la liste des publications est excellente, le projet utilise un<br />

vocabulaire très actuel (lieux de savoir, spatialisation des échanges culturels) pour traiter d’un objet<br />

déjà bien balisé, y compris par les chercheurs de l’équipe eux-mêmes. Si le sociologue peut sourire<br />

à l’évocation de la notion de « création de lien social », épouvantable tarte à la crème issue du<br />

travail social, il est aisément convaincu par une problématique solide dont le cœur est l’analyse des<br />

déplacements dans l’espace comme producteurs d’effets culturels spécifiques (mise en réseau,<br />

emprunts, réappropriations, etc). L’outil envisagé est principalement la cartographie, et<br />

secondairement la numérisation de textes. L’outil cartographique est particulièrement approprié à<br />

l’esprit du <strong>Cluster</strong> <strong>13</strong>, et il a inspiré des travaux très féconds menés par d’autres chercheurs<br />

(particulièrement Jean Boutier). La proposition est bien adaptée à l’approche processuelle de<br />

construction des savoirs. Les auteurs font un usage élargi de la notion de savoir, qu’on ne saurait<br />

leur reprocher car elle permet de confronter des réalités diverses mais qui ne sont pas sans<br />

connexion à l’époque moderne : le connoisseurship et la dilection pour les arts font partie à bon<br />

droit de cette constellation de savoirs. Par la qualité de l’équipe qui le porte, par la dimension<br />

processuelle qu’il met en œuvre et par la modicité de sa demande financière, ce projet doit être<br />

soutenu sans réserve. Comme l’équipe est déjà bien connectée dans l’espace européen de la<br />

recherche, on peut espérer une diffusion importante des éléments de l’enquête. Avis très favorable à<br />

la fois pour la proposition de recherche et pour la demande d’allocation qui l’accompagne (il faut<br />

souhaiter à ce propos que la cotutelle avec l’Italie puisse être mise en œuvre).<br />

2° Mémoire spatiale et théâtre<br />

Bien qu’il n’évite pas toujours le jargon des études théâtrales, ce projet est bien construit et<br />

convaincant. Il s’appuie sur une bibliographie solide, des compétences partagées et une<br />

connaissance active du milieu de la création théâtrale contemporaine. L’enquête sur la mémoire se<br />

fait essentiellement à partir de l’entrée par la scénographie, à propos de laquelle on peut lire des<br />

développements très intéressants. Il faut reconnaître que cette approche est très féconde, car, ayant<br />

pratiqué des enquêtes sur la mémoire du spectateur, je sais combien il est difficile de travailler sans<br />

considérer d’abord la dimension objectale du travail théâtral. On peut être confiant sur la<br />

dynamique collective que la proposition peut engager. La forme de séminaire que prend la première<br />

phase de la recherche collective me semble de bon aloi. Il s’agit d’abord de pratiquer un état des<br />

lieux et de produire une définition opératoire de la notion de « mémoire spatiale ». Les phases<br />

suivantes sont moins clairement définies. Les porteurs du projet font preuves d’honnêteté lorsqu’ils<br />

évoquent les difficultés à proposer dans l’état actuel de leur coordination un modus operandi : on ne<br />

peut pas manquer d’associer une légère réserve à cette modestie excessive. Le projet donnant une<br />

belle impression de solidité et de « métier », on peut sans hésiter faire confiance à l’équipe.<br />

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