COUV ACTES - Psychologie communautaire

Community Psychology: Common Values, Diverse PracticesAinsi, nous nous sommes mis d’accord avec Jean-Claude Métraux pour intervenir dans son cours « Santé etMigration », afin de présenter nos travaux et nos pratiques professionnelles. Nous nous sommes répartis enfonction de nos intérêts personnels, des thèmes de nos mémoires et de nos activités professionnelles. Quatregroupes d’intervention se sont ainsi constitués autour des thèmes suivants : « Approche Communautaire », « LesRequérants d’Asile en Suisse », « Des Familles Migrantes et des Pratiques Professionnelles » et « Pratiquede l’Interprétariat ».Les étudiants ont pu choisir le thème qui les intéressait et se sont donc répartis en quatre sous-groupes. Nosinterventions se sont échelonnées sur trois fois deux heures, à environ un mois d’intervalle.Il convient de préciser que la forme d’intervention choisie n'était pas identique à un séminaire usuel.Les treize ex-mémorants (issus de psychologie, de sciences sociales ou de sciences politiques) ont maintenantune activité professionnelle en dehors de l’université, liée de près ou de loin au thème « santé et migration », etaucun d’entre eux n’est assistant à l’université ni n’a envisagé une carrière académique. Le lien entreenseignement universitaire et pratiques professionnelles se situait ainsi au centre même de l’option pédagogiqueprise, de par le fait entre autres que les ex-mémorants avaient terminé relativement récemment leurs études etpouvaient dès lors aisément relier l’univers académique et l’univers professionnel. Si l’aspect théorique n’a pasété négligé, une place essentielle a été donnée à nos perceptions subjectives de l’altérité et aux techniquesrelationnelles propres à éviter l’enfermement du migrant dans une figure figée d’altérité. De plus, dans la mesureoù les institutions tendent fréquemment à réifier le migrant, dans la mesure aussi où les institutions de la santé,du social et de l’éducation se montrent excluantes vis-à-vis de certaines catégories de migrants, l’approche éluedoit être comprise dans une optique de changement social : comment le jeune professionnel peut avoir un rôleincitateur au sein de l’institution qui l’emploie pour promouvoir une autre manière, respectueuse des droitsd’autrui, de concevoir et aborder les différences culturelles et sociales ?Nous nous sommes inspirés principalement de l’expérience accumulée par diverses universitéslatinoaméricaines dans les domaines de la psychologie sociale et de la psychologie communautaire. Il estpossible de citer ici l’université de Montevideo en Uruguay et l’Université Central de Venezuela à Caracas. Ausein de cette dernière, il faut en particulier signaler le travail de pionnière de Maritza Montero, professeure depsychologie sociale communautaire. Le travail pratique des étudiants dans des communautés paupérisées,associé à la collaboration à une recherche-action participative, est directement inscrite dans l’enseignementuniversitaire à titre de crédits obligatoires.Le lien entre l’enseignement académique et les pratiques professionnelles a aussi été abondamment réfléchi auCanada, en particulier à l’université de Sherbrooke et à l’université Laval, où par exemple les formationsuniversitaires en psychologie et en service social comprennent des stages professionnels organisésconjointement par l’université et l’organisme professionnel ; ces formations incluent aussi dans leur cursus descours de psychologie communautaire.Du point de vue théorique, notre projet pédagogique s’appuie sur les principes de la psychologie communautairequi a émergé en Amérique latine dans les années 80. Ce modèle s’inspire des mouvements de l’éducationpopulaire, initiée au Brésil dans les années 60 par Paolo Freire. Celui-ci remet en cause l’enseignement146