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COUV ACTES - Psychologie communautaire

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Community Psychology: Common Values, Diverse Practicesc’est bien car même ceux qui ne parlent pas facilement peuvent s’exprimer. Si j’avais vécu ce groupe avant,j’aurais été plus forte dans ma vie. Je n’aurais pas vécu cette solitude. Je me rends compte que je ne suis pas laseule à vivre ces choses-là », « je viens pour voir si je vis la même chose que les autres femmes. J’ai besoin deparler avec d’autres mamans pour savoir si je suis une bonne mère », «au début, je pensais : ce qui est à moi està moi. C’est trop intime. Je ne vais pas pouvoir en parler. Il faudrait une confiance extrême en chacune pourpouvoir parler de ça. J’ai pensé plusieurs fois arrêter le groupe. Et puis la sincérité des récits des autres m’aanimé, m’a donné du courage pour poursuivre», « j’ai senti un engagement envers ce groupe, une responsabilité,comme si je contribuais à construire quelque chose. Mon avis comptait. Rien n’était imposé. Je me sentaisécoutée. Je sentais que mon expérience valait, qu’elle était utile à d’autres », etc. ».Les idées-forces qui guident nos pratiques sont les suivantes : aborder la santé mentale par un autre biais que lapathologie ou le soin, considérer la santé mentale comme une affaire collective, envisager un rapport aux savoirsbasé sur le partage d’expertise, la réciprocité et la mutualisation, un rapport au pouvoir basé sur les notions deco-construction et d’empowerment individuel et collectif, une articulation entre l’intime et le politique.Comment ces idées-forces s’appliquent-elles concrètement dans notre travail ? A titre illustratif, nous vousproposons le récit d’une pratique développée par un des membres du Collectif, au sein d’un service de santémentale.« Nous sommes lundi, il est 5 heures du soir. Comme à leur habitude, les hommes arrivent au compte-goutte.Certains prennent des nouvelles. D’autres font remarquer leur absence. Nous sommes aux « Ateliers 210 », unthéâtre de quartier qui a accepté de loger provisoirement notre groupe. L’hiver est aux portes, et autour d’un théà la menthe chaleureusement préparé par Abdel, nous discutons des objectifs que nous souhaitons poursuivre.Philippe explicite son impatience latente à rendre publique l’existence de notre groupe alors que Mario insiste surl’embarras, que représente pour lui, la possibilité de « sortir » de l’intimité. Le temps, puisqu’il s’agit de ça, est misà l’épreuve et nous ne pouvons faire l’économie de travailler, au préalable, sa notion subjective.Nous avons proposé à chacun d’énoncer la façon dont il vit le groupe. Ce moment nous a été fortd’enseignements ; il a permis à chacun de se différencier davantage mais surtout d’exprimer des déceptions etde proposer de nouvelles modalités de rencontre. Les membres ont pu partager la possibilité de passer par unephase d’écriture des expériences pour ensuite en dégager certaines transversalités. Nous avons aussi« négocié » la possibilité de publier, dans l’espace public, ce travail d’écriture. Cette proposition nous a sembléêtre un bon compromis entre, d’une part, la nécessité pour les uns de se déposer dans un espace-temps plus oumoins long et, d’autre part, le besoin pour d’autres de publier une souffrance masculine multiple.A travers ce récit, c’est l’articulation entre l’intime des récits et l’interpellation politico-sociale des maux énoncésau sein du groupe « Paroles d’Hommes » qui est en jeu. Il met en évidence la difficulté d’établir des ponts entrel’espace privé et l’espace public.244

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