10.07.2015 Views

COUV ACTES - Psychologie communautaire

COUV ACTES - Psychologie communautaire

COUV ACTES - Psychologie communautaire

SHOW MORE
SHOW LESS

Create successful ePaper yourself

Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.

Community Psychology: Common Values, Diverse PracticesCette condition favorise la recherche participative et l’adéquation entre la lecture que le chercheur fait de sesobservations et le sens que ses partenaires donnent à leur conduite. De même peut-elle servir le processus deréflexivité sociale par lequel la connaissance produite au cours de la recherche est prise en charge par lacommunauté et la transforme.La deuxième raison qui incitait à une intervention était la découverte du dénuement et la déréliction dans lesquelsse trouvait la population en matière de soutien institutionnel. L’absence d’informations communiquées sur lespatients placés dans les foyers, le manque de formation concernant leur prise en charge, l’inertie et le laisserfairedes cadres hospitaliers face à une population prompte à défendre ses intérêts au détriment de ceux desressortissants de l’hôpital, la perpétuation de croyances et de pratiques justifiant et renforçant la ségrégation etl’exclusion sociale, ont certes constitué une configuration propice à l’élaboration de représentations socialesrégissant le rapport entre la population et le groupe des malades. Il a été ainsi possible de mettre en évidence lasymbolique à l’œuvre pour la préservation de l’identité et de l’intégrité de la population d’accueil. Mais l’on pouvaità juste titre s’interroger sur les moyens de modifier ce système symbolique afin d’offrir aux malades une meilleureintégration dans le tissu social et un régime d’existence sociale plus humain. Dans cette perspective, il devenaitimportant de restituer à la population des données quantitatives et qualitatives qui lui permettrait de prendreconscience des besoins et carences d’information dont elle souffrait comme du caractère insatisfaisant decertains modes d’interaction qu’elle avait adopté ou encore de la persistance de certains modes de penséeobsolètes.Cela dit, il ne s’agissait pas de céder à l’illusion qu’informer et former suffirait à modifier le système de ce que j’aiappelé les pratiques signifiantes et instituantes par lesquelles se défendait un ordre social vital pour l’identitécollective. A la transmission de connaissances dont la population pouvait se sentir dépourvue, devait s’ajouter laréflexion. Il s’agissait de donner à la communauté les moyens de mieux comprendre sa propre dynamique, d’endémonter les mécanismes et de faire le départ dans ses savoirs traditionnels, entre ce qui garde pertinence et cequi relève d’un archaïsme détrimental pour la vie en commun. Ou encore donner des indications pour orienterl’adaptation mutuelle en évitant la constitution d’un savoir indigène par transmission de recettes.Il m’a été impossible de mener à bien ce projet. Pourquoi, parce que, à la fin de l’enquête, j’ai été mise à la portede la communauté. Je fus rejetée de tous y compris de la part du personnel hospitalier qui jusque-là s’étaitmontré accueillant, respectueux et coopératif, et qui brutalement devint agressif, insultant, provocateur à un pointqui rendit impossible tout contact. Cela s’est produit à partir du moment où l’on s’est aperçu que j’avais pénétrédans les arcanes de la vie locale, avec ses croyances, ses peurs, ses secrets. Un secret fut particulièrementinsupportable à voir percé : qu’il existât une minorité déviante par rapport aux normes assurant le maintien àdistance des malades mentaux ; que quelques personnes puissent vivre des relations de proximité avec ceuxque le groupe tenait à maintenir sur un pied d’inégalité et d’extériorité. Simmel (1999, 36) disait à propos dusecret « L’intention de dissimuler prend une toute autre intensité dès qu’elle est confrontée à l’intention de24

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!