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COUV ACTES - Psychologie communautaire

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Community Psychology: Common Values, Diverse Practiceshors les murs de l’asile et la libre circulation dans l’espace social, ce que j’ai découvert du système de relationssociales établies entre la population et les usagers de l’hôpital a démontré la force des réticences et desdéfenses sociales qu’ils provoquent.Le projet de ma recherche était d’étudier les représentations de la folie et de la maladie mentale dans uncontexte de proximité et d’accueil des personnes qui en souffrent et de voir comment s’organisaient les relationsavec elles. Il comportait aussi un volet prévoyant de faire retour à la population des résultats de ma recherche etde construire avec elle les conditions d’un accueil optimal des ressortissants de la Colonie.Malgré le fait que l’expérience d’un contact prolongé entre les membres de cette communauté et ceux del’institution psychiatrique ait écarté toute idée de danger et rendu particulièrement sensible la similitude entre lesuns et les autres, il est apparu que tout un jeu de représentations et de pratiques a été mobilisé, sur le plansymbolique et matériel, pour préserver l’intégrité et l’identité collective. La communauté d’accueil était en effetcondamnée par les populations extérieures au périmètre de placement qui imputaient à la présence des maladesun risque de contamination, une détérioration de l’image sociale et morale du groupe. Ces imputations trouvaientchez les membres de la communauté un écho étayé par des croyances anciennes sur la contagiosité de la folie.Il en est résulté des pratiques qui ont réintroduit dans la vie quotidienne des barrières que l’ouverture des portesde l’asile était supposée abattre. Faute de temps, je ne retiendrai de cette étude que quelques aspects de cetétat chose qui sont pertinents pour notre rencontre.Le principe de la Colonie Familiale voulait que les usagers soient intégrés dans les familles, partagent leur foyer,leurs repas et les moments de vie commune. Or très vite, la population a obtenu qu’ils en soient écartés. Uneétude quantitative du fonctionnement de la vie dans les placements a ainsi permis de montrer que le partage dela vie familiale concernait moins de 10% des placements. Dans les autres cas, les malades vivaient dans deslogements distincts, n’étaient pas autorisés à pénétrer dans les foyers et subissaient un régime de traitementdifférentiel dans l’alimentation et l’activité. Souhaitant explorer les représentations qui sous-tendaient ceshabitudes de vie, j’ai mené une étude qualitative, par intretiens en profondeur, auprès de deux échantillonscontrastant les foyers qui maintenaient une proximité avec les ressortissants de l’hôpital et ceux qui leurréservaient une situation d’exclusion.Un premier constat a concerné l’homogénéité des représentations chez les représentants de ces deux postures.L’absence de formation et d’information de la part de l’hôpital a conduit la communauté d’accueil à se construireune représentation de ce qu’est la folie ou la maladie mentale ainsi que des codes pour interpréter lescomportements des malades et des recettes pour y répondre. Cette construction s’est faite collectivement parl’échange de conseils et de recettes entre les personnes hébergeant des malades, et leur transmission degénération en génération. Elle conduit à voir la maladie comme créant un état de nature, radicalement différentde celui des personnes dites normales ; à la situer soit au niveau du cerveau qui souffre de déficience, soit au22

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