COUV ACTES - Psychologie communautaire

Community Psychology: Common Values, Diverse PracticesLe troisième questionnement porte sur les enjeux du pouvoir. L’horizontalité des relations est peut-être uneutopie vers laquelle nous tendons, mais comment garder cette utopie vivante sans masquer les pouvoirs qui sejouent dans un groupe, pouvoirs liés aux statuts, à la classe sociale, à l’accès aux ressources, etc. ? Commentdès lors travailler à partir de cette configuration du pouvoir ? Que faire de cette « place-pouvoir » dans laquellel’intervenant est généralement placé d’emblée ?Nous avons ensuite questionné la manière dont nous tentions d’articuler la sphère de l’intime et celle du politiqueau sein de nos groupes. Notre conception de la santé mentale pose la question de savoir comment articuler desobjectifs relevant de la sphère de l’intime, du subjectif, d’un travail sur soi et une démarche qui ambitionne, selonles termes de Paulo Freire, « une transformation du monde », signifiant ainsi de grands ou de petitschangements structurels. Quelles sont les méthodes qui peuvent faciliter ce passage de l’individuel vers lecollectif, de l’intime vers le politique ? Ne s’agit-il pas de manières de travailler différentes, impossibles à réunirau sein d’un même dispositif ? Mais face aux difficultés actuelles des démarches de mobilisation collective, desquestions jaillissent : une visée politique est-elle inhérente à la santé mentale communautaire ? Le travail ensanté mentale s’arrête-t-il à la sphère du privé ou peut-il comporter une intention de changement structurel ? Et,qu’entend-on par « politique » ?Nous avons finalement pointé la question du conflit au sein de nos pratiques : la notion de pouvoir empêche-t-ellede penser le conflit ? Quelle position occuper face à celui-ci au sein des groupes ? Doit-on viser l’évitement duconflit au risque de dissoudre le groupe ? Ou, au contraire, le conflit fait-il partie des relations sociales et l’aborderau sein du groupe permet-il de dépasser une identification trop massive au groupe avec le risque d’une négationdes subjectivités individuelles ?246