10.07.2015 Views

COUV ACTES - Psychologie communautaire

COUV ACTES - Psychologie communautaire

COUV ACTES - Psychologie communautaire

SHOW MORE
SHOW LESS

Create successful ePaper yourself

Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.

Community Psychology: Common Values, Diverse Practicesniveau des nerfs marqués par l’excitation. La maladie du cerveau entraîne une défection du contrôle exercé surl’organisme et le comportement. La maladie des nerfs conduit à la violence et à des conduites désordonnées.Cette construction s’appuyait sur les savoirs tirés de diverses sources. L’expérience du contact quotidien avecles ressortissants de l’hôpital ; l’observation des processus organiques (on dira que la maladie tourne les nerfscomme le lait ou le sang tournent) ; les catégorisations religieuses avec l’opposition entre l’innocent (le déficientcérébral) et le méchant (le nerveux); les modèles psychiatriques du XIXème siècle, avec l’opposition entrearriération et dégénérescence ; ou encore à l’ancestrale théorie des humeurs avec la résurgence de croyancesdans la transmission de la folie par les liquides du corps (salive, sueur, morve).Dans le domaine du travail, l’élément décisif etait la notion de contrôle que le cerveau peut exercer. On employaitdes patients pour les activités ménagères, agricoles ou artisanales, mal ou peu rémunérées. Le travail rassuraitparce qu’il était considéré comme un antidote à la folie et le signe qu’elle n’a pas une forme grave. Mais mêmepour les personnes reconnues comme qualifiées, demeurait la dénégation de leur capacité à exercer de manièreautonome une activité professionnelle. Le manque de contrôle du cerveau rendait nécessaire un encadrementde l’activité ou expliquait que le malade ne puisse jamais s’insérer dans le marché du travail, comme agentindépendant. Cette privation du droit à la une véritable citoyenneté a trouvé d’autres expressions. Par exemple siune femme épousait un ressortissant de la Colonie, le couple était expulsé de la communauté.Derrière ces croyances, ces réserves et dénégations, il fut possible d’identifier un processus de défense de lapart de la communauté qui ne voulait pas permettre l’intégration de plain-pied des malades en son sein, parcrainte d’être identifiée avec eux par les communes environnantes. Il s’agissait aussi d’empêcher qu’ilsobtiennent un statut de participation sociale pleine et entière. Ce qui soulève la question de la nonreconnaissancecitoyenne des malades mentaux.Le fait que cette représentation soit partagée par tous tenait à son mode d’élaboration collective par les échangeset la communication sociale. Elle se retrouvait chez les personnes qui avaient établi une relation de proximitéavec leurs hôtes. Celles-ci se bornaient à n’accepter chez elles que des personnes souffrant d’une « maladie ducerveau », peu dangereuse. Cependant, le regard que le reste de la communauté portait sur elles faisait fi decette rationalité. Je devais en faire l’expérience directement.En effet, j’avais envisagé une intervention postérieure auprès de personnes engagées dans la prise en chargedes malades mentaux. Ce projet a avorté et cet échec permet de poser quelques uns des problèmes que larecherche-action peut rencontrer. Qu’est-ce qui m’avait amenée à projeter une intervention ? Tout d’abordl’application de la règle d’or des méthodologies qualitatives, à savoir : la nécessaire honnêteté que l’on doitmanifester quand on fait une étude de terrain et que l’on ne veut pas traiter les personnes auprès desquelles onrecueille les informations, comme un matériau dont on extrait des données. Ce qui implique de restituer lesrésultats obtenus et de présenter, pour discussion, les interprétations et conclusions auxquelles on est parvenu.23

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!