COUV ACTES - Psychologie communautaire

Community Psychology: Common Values, Diverse PracticesTrois étapes m’ont permis de tenter de répondre à ces questions :1ère étape : Groupe de réflexion de Rwandais vivant en FranceCe groupe constitué essentiellement d’universitaires rwandais a permis une réflexion commune sur le sens àdonner aux événements. Nous cherchions surtout à saisir les éléments pouvant expliquer le génocide et lesmassacres en les articulant à la pensée traditionnelle rwandaise.2 ème étape : Entretiens avec le rwandais vivant au KenyaCes entretiens sous forme de groupes de parole ont permis aux personnes rencontrées de parler de leurssouffrances. Une large part a été faite à l’histoire du Rwanda y cherchant des facteurs permettant d’expliquer legénocide et les massacres.Leur présent été fait de souffrances dont la principale cause n’était pas essentiellement la mort des proches maisles conditions dans lesquelles ils ont été tués ainsi que l’absence de rituels funéraires. Il ne suffisait pas de tuermais d’humilier et de faire souffrir les victimes le plus souvent en présence des survivants qui n’auront même pasla possibilité de récupérer les corps pour les enterrer dans la dignité.3 ème étape : Suivis thérapeutiquesL’exploration du vécu psychologique des rwandais réfugiés au Kenya m’a permis d’expérimenter les modalitésthérapeutiques auprès de familles rwandaises reçues en consultation au Centre Georges Devereux del’Université Paris 8.Nous avons passé beaucoup de temps à essayer de comprendre. Les familles avaient besoin de poser desquestions même si elles savaient très bien que je ne pouvais pas y apporter de réponses.L’important pour elles était de pouvoir les poser : pourquoi le génocide, pourquoi je ne suis pas morte, commentles humains peuvent-ils faire cela ? Elles cherchent du sens, elles voudraient comprendre mais une personnedes personnes me dira plus tard qu’un génocide ça ne s’explique pas.Lors d’autres consultations, les personnes ont parlé de leurs rêves ou plutôt cauchemars dans lesquelsprédominent 2 thèmes : les images de morts et le retour au Rwanda à la recherche éperdue des membres defamilles.Aux séances qui ont suivi, les récits de souffrance ont tout doucement cédé la place aux doux souvenirsd’enfance : la maison familiale, les voisins, les amis, les soirées passées à se raconter des histoires et à rigoleret beaucoup d’autres doux souvenirs.A partir de cette situation clinique qui est loin d’être un cas isolé, j’aimerais donner 3 exemples d’événementspermettant d’illustrer la complexité des souffrances causées par les conflits armés, particulièrement en Afrique. Ils’agit de la mort des proches et les conditions dans lesquelles ils ont été tués, du viol des femmes et duphénomène des enfants soldats.1 er exemple : La mort des proches et les conditions dans lesquelles ils ont été tués.Les tout récents ou actuels conflits armés qu’ont connu les différentes régions d’Afrique nous montrent à quelpoint il ne s’agit plus uniquement de tuer mais de mal tuer c'est-à-dire faire souffrir la personne avant de la tuer180