128 CHAPITRE 6 : VALIDATION DU CODE CAVIF6.3 Collapse d’une bulle <strong>dans</strong> un milieu semi-infiniAfin <strong>de</strong> vali<strong>de</strong>r le schéma numérique et l’équation d’état barotrope, on se propose <strong>de</strong> simuler un cas-testconnu : le collapse d’une bulle symétrique <strong>dans</strong> un milieu infini. L’étu<strong>de</strong> <strong>de</strong> la dynamique <strong>de</strong> la bulle a étéeffectuée par Rayleigh et P<strong>les</strong>set, en considérant que :– la bulle reste sphérique,– la bulle est très petite au regard <strong>de</strong> l’espace qu’occupe le liqui<strong>de</strong>, et que le liqui<strong>de</strong> a un comportementnewtonien,– le liqui<strong>de</strong> est incompressible.Ceci amène à l’équation <strong>de</strong> Rayleigh et P<strong>les</strong>set (voir l’équation 1.1). Comme CavIF ne prend en compteni <strong>les</strong> effets <strong>de</strong> tension <strong>de</strong> surface σ ni <strong>les</strong> gaz incon<strong>de</strong>nsab<strong>les</strong> (c’est à dire que la bulle ne contient que <strong>de</strong> lavapeur pure), cette équation peut se simplifier :ρ[R d2 Rdt 2 + 3 2( ) ] 2 dR+ 4µ dRdt R dt = −P ∞ + P sa t . (6.3)L’intégration en temps est effectuée grâce à un schéma <strong>de</strong> Runge-Kutta du quatrième ordre par le logicielMatlab, et peut être comparée au temps <strong>de</strong> Rayleigh :√ρT = 0.915R init (6.4)P ∞ − P sa tAfin <strong>de</strong> simuler un domaine infini, le domaine <strong>de</strong> calcul doit être beaucoup plus grand que la bulle, afin<strong>de</strong> se prévenir <strong>de</strong>s effets <strong>de</strong> paroi avant la fin du collapse. Le test est effectué sur une grille <strong>de</strong> calcul <strong>de</strong>50 × 50 noeuds. Dans la figure 6.7 est montrée la comparaison entre <strong>les</strong> résultats numérique et théorique <strong>de</strong>l’évolution du rayon <strong>de</strong> la bulle en fonction du temps, pour une bulle <strong>de</strong> 1mm <strong>de</strong> rayon. On peut voir qu’au1 x 10−3 Time (s)0.9theoretical radiusnumerical radius0.80.70.6Radius (m)0.50.40.30.20.100 0.5 1 1.5 2 2.5 3x 10 −6FIG. 6.7: Bubble radius versus time. R init = 1m m .début du collapse, le modèle est en bon accord avec <strong>les</strong> résultats théoriques. À la fin du collapse, la résolutionspatiale <strong>de</strong> la bulle <strong>de</strong>vient tellement faible que le co<strong>de</strong> ne peut résoudre l’énergie du collapse. De cefait, le temps <strong>de</strong> collapse est bien reproduit, mais l’interface <strong>de</strong> la bulle n’est plus suffisamment discrétisée.Cela infl ue donc sur la vitesse <strong>de</strong> collapse. Néanmoins, l’accord général est bon, ce qui permet <strong>de</strong> vali<strong>de</strong>r lecomportement dynamique du modèle <strong>de</strong> cavitation.Après le collapse, une on<strong>de</strong> <strong>de</strong> pression se propage à partir du centre <strong>de</strong> la bulle (où l’énergie estconfinée à la fin du collapse), comme on peut le voir <strong>dans</strong> <strong>les</strong> visualisations expérimenta<strong>les</strong> [98].
CHAPITRE 6 : VALIDATION DU CODE CAVIF 1296.4 Collapse d’une bulle au voisinage d’une paroiLors du collapse d’une bulle au voisinage d’une frontière fixe, un jet liqui<strong>de</strong> se forme et s’impacte surla paroi. L’on<strong>de</strong> <strong>de</strong> pression émise par l’impact du jet provoque l’érosion par cavitation. On se propose <strong>de</strong>simuler ce cas sur un maillage <strong>de</strong> 30 × 30 × 30 noeuds. Le centre <strong>de</strong> la bulle est placé à un diamètre <strong>de</strong> distance<strong>de</strong> la paroi. La pression régnant à l’intérieur <strong>de</strong> la bulle est fixée au départ à sept ordres <strong>de</strong> gran<strong>de</strong>ursplus faible que la pression régnant <strong>dans</strong> le liqui<strong>de</strong> environnant. On peut voir <strong>dans</strong> la figure 6.8 le processusdu collapse près d’une frontière fixe : à 1.2 ∗ 10 −6 s, la bulle a déjà collapsé, et une zone <strong>de</strong> dépressions’est formée sur la surface <strong>de</strong> la paroi. Ceci cause la formation d’un jet liqui<strong>de</strong> qui est dirigé vers la paroi(à 1.6 ∗ 10 −6 et 2.0 ∗ 10 −6 s). On peut remarquer une on<strong>de</strong> <strong>de</strong> pression se propageant à partir <strong>de</strong> l’endroitdu collapse. Alors que le jet tape le mur, une forte on<strong>de</strong> <strong>de</strong> pression (bien supérieure à la première) se crée.Plus tard, on remarque que la secon<strong>de</strong> on<strong>de</strong> <strong>de</strong> pression résulte <strong>de</strong> la combinaison <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux effets (voir à2.4 ∗ 10 −6 s) : le jet et la première on<strong>de</strong> <strong>de</strong> pression atteignent la paroi en même temps, augmentant <strong>dans</strong>cette zone la concentration d’énergie.Les résultats numériques sont en accord qualitativement avec <strong>les</strong> expériences : nous avons vu quependant le collapse une forte on<strong>de</strong> <strong>de</strong> pression est formée, qui provoque <strong>les</strong> dégâts habituellement observés<strong>dans</strong> <strong>les</strong> installations industriel<strong>les</strong>.6.5 Écoulement cavitant <strong>dans</strong> un injecteur monotrouUne géométrie classique bidimensionnelle est utilisée pour calculer l’écoulement <strong>dans</strong> un injecteur <strong>Diesel</strong>.Le but <strong>de</strong> cette étu<strong>de</strong> est d’i<strong>de</strong>ntifier la topologie <strong>de</strong> l’écoulement <strong>dans</strong> un injecteur monotrou, pour <strong>de</strong>sconditions d’injection classiques : P inj = 1000ba r et P c h = 50ba r. La longueur <strong>de</strong> l’orifice est <strong>de</strong> 1mm,et son diamètre est <strong>de</strong> 0.2mm ( L D = 5).Les conditions initia<strong>les</strong> sont <strong>les</strong> suivantes : le nez <strong>de</strong> l’injecteur est rempli <strong>de</strong> carburant liqui<strong>de</strong> à unepression initiale <strong>de</strong> 50ba r. La pression totale à l’entrée est fixée à 1000ba r. De ce fait, au début du calcul,une on<strong>de</strong> <strong>de</strong> compression se développe <strong>dans</strong> le nez. Dès qu’elle atteint la sortie, <strong>les</strong> conditions aux limitesla relaxent vers 50ba r. Alors le fl ui<strong>de</strong> est fortement accéléré à travers la constriction.Comme on peut le voir <strong>dans</strong> la figure 6.9, une zone <strong>de</strong> recirculation est formée en aval <strong>de</strong> l’entrée vive,au centre <strong>de</strong> laquelle la cavitation apparaît à 4.8 ∗ 10 −6 s. Alors la cavitation s’étend tout au long <strong>de</strong> l’orificeet atteint la sortie à t = 8 ∗ 10 −6 s (voir la figure 6.9). On peut voir <strong>dans</strong> <strong>les</strong> figures 6.10 and 6.11 la longueur<strong>de</strong> la zone cavitante. L’énorme chute <strong>de</strong> pression à l’entrée vive cause une baisse importante <strong>de</strong> la massevolumique (voir la figure 6.11), qui se relaxe ensuite le long <strong>de</strong> l’orifice. Néanmoins, le profil <strong>de</strong> masse volumiqueen sortie (figure 6.12) montre que la cavitation est encore fortement présente quand le “ jet liqui<strong>de</strong>”quitte l’injecteur et entre <strong>dans</strong> la chambre <strong>de</strong> combustion du moteur.La topologie <strong>de</strong> l’écoulement est comparable aux visualisations <strong>de</strong> Soteriou [121], qui montrent unegrosse poche <strong>de</strong> vapeur attachée à l’entrée, et la cavitation qui reste localisée <strong>dans</strong> la couche limite.En s’intéressant au débit en sortie d’injecteur, on remarque que dès que la cavitation atteint la sortie,l’écoulement se comporte comme s’il était “ choqué” et le coefficient <strong>de</strong> perte <strong>de</strong> charge reste constant àC d = 0.62. Cette constatation peut être comparée aux résultats expérimentaux <strong>de</strong> Ohrn et Nurick [99, 97].En fait, l’écoulement reste attaché tant que la cavitation n’a pas atteint la sortie, comme on peut le voir <strong>dans</strong>la figure 6.9. La figure 6.13 montre l’augmentation du coefficient <strong>de</strong> perte <strong>de</strong> charge, jusqu’à 8 ∗ 10 −6 s. Àce moment, la cavitation atteint la sortie et l’écoulement est détaché sur toute la longueur <strong>de</strong> l’orifice, ce quiconduit à une situation bien connue <strong>de</strong> limitation <strong>de</strong> fl ux.Ces résultats sont en accord avec <strong>les</strong> visualisations expérimenta<strong>les</strong> et <strong>les</strong> mesures, validant le co<strong>de</strong> pourune configuration typique d’injection.