84CHAPITRE 3 : L’ÉTAT DE L’ART EN MODÉLISATION DIPHASIQUE DESÉCOULEMENTS CAVITANTSau départ, le film <strong>de</strong> cavitation est en formation (i). Le profil <strong>de</strong> vitesse en sortie est droit. Ensuite, le filmest totalement développé (ii). Le profil <strong>de</strong> vitesse est considérablement modifié. A partir <strong>de</strong> (iii) se produitle collapse, au début relativement lent, puis excessivement rapi<strong>de</strong> (iv). A cette occasion, on remarque <strong>de</strong>svaleurs <strong>de</strong> vitesse en sortie négatives. En fait, cela voudrait dire que le fl ui<strong>de</strong> présent <strong>dans</strong> la chambre remonte<strong>dans</strong> le conduit (c’est l’hydraulic fl ip, montré par Soteriou [120]). Comme CAVALRY traite le cas<strong>de</strong> liqui<strong>de</strong> injecté <strong>dans</strong> le liqui<strong>de</strong>, ce n’est pas le gaz contenu <strong>dans</strong> la chambre qui remonte. Une fois quele film a collapsé (v), <strong>de</strong>s poches détachées sont advectées par l’écoulement. Ensuite le film se reforme en(vi) <strong>de</strong> la même façon qu’en (i). Le profil <strong>de</strong> vitesse a repris sa configuration initiale. Le cycle peut alorsrecommencer. Schmidt a mesuré une fréquence d’apparition <strong>de</strong> l’ordre <strong>de</strong> 25 à 35kHz pour ce phénomène.FIG. 3.10: Comportement cyclique <strong>de</strong> la cavitation <strong>dans</strong> le cas asymétrique. Visualisation<strong>de</strong> la phase vapeur, et <strong>de</strong>s vecteurs vitesse en sortie [115].On peut remarquer que la comparaison entre <strong>les</strong> résultats numériques et <strong>les</strong> expériences existantesconcernant la cavitation sont en bon accord, <strong>les</strong> phénomènes physiques semblent être bien résolus par lemodèle, tant au niveau <strong>de</strong> la cavitation (collapse) que <strong>de</strong> l’écoulement (vitesses). La résolution du problèmepar ce type <strong>de</strong> métho<strong>de</strong>, i.e. modèle <strong>de</strong> mélange pour écoulement à haute vitesse, semble donner <strong>de</strong>s résultatsprobants. Néanmoins, il est vrai que l’accès aux échel<strong>les</strong> <strong>de</strong> cavitation (gran<strong>de</strong>ur et forme <strong>de</strong>s structures)n’est pas possible avec ce modèle. Un essai d’implémentation <strong>de</strong> suivi d’interface a été effectué par Schmidt[115]. Le schéma <strong>de</strong> suivi d’interface transportait avec succès la vapeur et pouvait gar<strong>de</strong>r un front <strong>de</strong> <strong>de</strong>nsitéà l’interface droit quand le champ <strong>de</strong> vitesse était prescrit. Mais quand le champ <strong>de</strong> vitesse était calculé,le front <strong>de</strong> <strong>de</strong>nsité posait <strong>de</strong>s problèmes <strong>de</strong> stabilité (violation <strong>de</strong>s critères sur le CFL). Plusieurs solutionsavaient été envisagées, mais aucune n’a produit <strong>de</strong>s résultats suffisants pour gar<strong>de</strong>r la robustesse du co<strong>de</strong>.En effet, <strong>les</strong> modè<strong>les</strong> <strong>de</strong> suivi d’interface considèrent <strong>les</strong> <strong>de</strong>ux fl ui<strong>de</strong>s comme incompressib<strong>les</strong>, et chaquephase est résolue séparément. La masse volumique n’intervient donc pas <strong>dans</strong> l’expression <strong>de</strong> la dérivée <strong>de</strong>la quantité <strong>de</strong> mouvement, ce qui évite <strong>les</strong> problèmes <strong>de</strong> stabilité.3.5.2 EOLELe principe <strong>de</strong> ce co<strong>de</strong>, développé par la société PRINCIPIA <strong>dans</strong> le cadre <strong>de</strong> l’étu<strong>de</strong> GSM D1.2 (entre1998 et 2000), a été brièvement expliqué <strong>dans</strong> la section §3.1.2.1. Nous allons néanmoins nous pencher plusavant sur <strong>les</strong> métho<strong>de</strong>s utilisées <strong>dans</strong> ce co<strong>de</strong>.
CHAPITRE 3 : L’ÉTAT DE L’ART EN MODÉLISATION DIPHASIQUE DESÉCOULEMENTS CAVITANTS 85Les hypothèses considérées sont <strong>les</strong> suivantes [92] :– phases liqui<strong>de</strong> et vapeur incompressib<strong>les</strong>,– calcul <strong>de</strong> l’écoulement <strong>dans</strong> <strong>les</strong> <strong>de</strong>ux phases,– déplacement <strong>de</strong>s interfaces à la vitesse du liqui<strong>de</strong>,– prise en compte <strong>de</strong> la tension superficielle.On écrit <strong>les</strong> équations <strong>de</strong> Navier-Stokes instationnaires pour un écoulement tridimensionnel incompressiblepour <strong>les</strong> <strong>de</strong>ux phases. Cel<strong>les</strong>-ci sont résolues par une métho<strong>de</strong> <strong>de</strong> pseudo-compressibilité. Il s’agitd’une métho<strong>de</strong> itérative qui permet <strong>de</strong> coupler l’équation <strong>de</strong> continuité, <strong>dans</strong> laquelle n’apparaît pas la pression,et l’équation <strong>de</strong> quantité <strong>de</strong> mouvement qui sont <strong>les</strong> <strong>de</strong>ux équations-bilan à satisfaire en chaque pointdu maillage. Elle consiste à calculer la solution d’un système non-linéaire <strong>de</strong>s équations discrétisées, à uninstant donné, comme la limite asymptotique <strong>de</strong> la solution d’un problème d’évolution en fonction d’unevariable fictive, le pseudo-temps τ. On introduit pour cela, respectivement <strong>dans</strong> <strong>les</strong> équations <strong>de</strong> continuitéet <strong>de</strong> quantité <strong>de</strong> mouvement <strong>de</strong>s dérivées fictives par rapport au pseudo-temps. La solution transitoire enpseudo-temps n’a aucun sens physique, mais si la solution asymptotique existe, elle vérifie <strong>les</strong> équationsbilan<strong>de</strong> masse et <strong>de</strong> quantité <strong>de</strong> mouvement à chaque pas <strong>de</strong> temps physique. Cette technique permet d’itérersur toutes <strong>les</strong> non-linéarités du problème, et donc d’utiliser <strong>de</strong>s schémas entièrement implicites.La discrétisation spatiale est <strong>de</strong> type volumes finis sur un maillage structuré multi-blocs. On utilise unschéma centré en espace où <strong>les</strong> inconnues sont <strong>les</strong> valeurs moyennes <strong>de</strong>s champs <strong>de</strong> vitesse, <strong>de</strong> pression et<strong>de</strong> pseudo-masse volumique, et <strong>dans</strong> lequel on introduit <strong>de</strong>s termes <strong>de</strong> viscosité artificielle du second et duquatrième ordre. L’intégration en pseudo-temps est assurée par un schéma <strong>de</strong> Runge-Kutta à cinq étapes.L’accélération <strong>de</strong> la convergence en pseudo-temps est assurée par <strong>de</strong>ux techniques : un lissage implicite<strong>de</strong>s résidus à chaque étape <strong>de</strong> Runge-Kutta et le calcul d’un pseudo-temps local, pour chaque cellule <strong>de</strong>maillage, réglé par un critère <strong>de</strong> type CF L . L’algorithme <strong>de</strong> résolution est en figure 3.11.1. Itération en temps physique (∆t choisi tel que CFLVOF =1).a. Itérations en pseudo−temps.i. Etapes Runge−Kutta.− Calcul <strong>de</strong>s flux pour <strong>les</strong> cellu<strong>les</strong> liqui<strong>de</strong>s, mixtes et vapeurs.− Réactualisation <strong>de</strong> la vitesse et <strong>de</strong> la pseudo−<strong>de</strong>nsité <strong>dans</strong> <strong>les</strong><strong>de</strong>ux phases et aux interfaces.− Calcul du rayon <strong>de</strong> courbure <strong>de</strong>s interfaces et <strong>de</strong> la tensionsuperficielle.− Conditions limites sur <strong>les</strong> frontières externes.ii. Fin <strong>de</strong>s étapes Runge−Kutta.a. Fin <strong>de</strong>s itérations en pseudo−temps.2. Fin <strong>de</strong> l’itération en temps physique.3. Réactualisation du VOF donc <strong>de</strong> la position <strong>de</strong>s interfaces.4. Critère <strong>de</strong> vaporisation.FIG. 3.11: Principa<strong>les</strong> étapes <strong>de</strong> l’algorithme général <strong>de</strong> résolution d’EOLE.3.5.2.1 Initiation <strong>de</strong> la cavitation <strong>dans</strong> EOLEAvant toute simulation, on doit calculer l’écoulement stationnaire monophasique <strong>dans</strong> la géométrie.Après convergence, le fichier résultat est utilisé comme fichier <strong>de</strong> conditions initia<strong>les</strong> <strong>dans</strong> le cas <strong>diphasique</strong>.On fixe quatre gran<strong>de</strong>urs : P ci , la pression critique d’apparition <strong>de</strong> la cavitation, que l’on ajuste <strong>de</strong>façon à fixer la taille et le nombre <strong>de</strong> mail<strong>les</strong> que l’on souhaite pour représenter la poche <strong>de</strong> cavitationinitiale ; P cv , la pression critique <strong>de</strong> vaporisation utilisée en cours <strong>de</strong> calcul ; P v , la pression <strong>de</strong> vapeur saturantedu fl ui<strong>de</strong> ; et f, la durée <strong>de</strong> confirmation d’apparition <strong>de</strong> la cavitation.La cavitation ne peut se former que si P < P ci , ou P < P cv pendant f pas <strong>de</strong> temps. f permetégalement <strong>de</strong> “ lisser” la cavitation, pour éviter la formation <strong>de</strong> structures cavitantes dues aux instabilités