Untitled - Facultatea de Teologie "Andrei Saguna" - Universitatea ...

Pour Saint Grégoire la “perfection” dans la vie spirituelle réside dans “leprogrès” lui-même, dans le mouvement sans fin de l’âme vers Dieu. Un texterevient comme un leitmotiv, pour exprimer cette idée, d’épectase, c’est celui deSaint Paul dans l’Epitre aux Philippiens (III,2):“Ce n’est pas que j’aie déjà saisi le prix ou que j’aie déjà atteint laperfection (teleivothta), mais je poursuis ma course (drvomon) pour tâcher de lasaisir...oubliant ce qui est derrière moi et me portant de tout moi-même, tendu(jepekteinvomeno") vers ce qui est en avant, je cours droit au but”.Le terme d’épectase (jepvektasi") a été emprunté par J. Daniélou à SaintGrégoire de Nysse pour designer la conception de la perfection chrétienne élaboréepar le grand cappadocien: alors que pour les grecs la perfection était synonymed’achèvement et de finitude, selon Grégoire elle consiste, ici-bas et dans l’éternitéen un progrès et une tension sans fin qu’illustre l’image du coureur de Phil 3,13.Cette image commande toute la Vie de Moise, elle revient comme un leitmotiv toutau long du Cantique des Cantiques. Elle décrit exactement l’attitude intérieurecorrespondant à la loi objective du progrès (prokopvh) spirituel. Celui-ci consisteen un dépassement perpétuel, tous les accroissements de grâce n’étant que’un pointde départ pour des grâces nouvelles. Ainsi l’âme ne doit-elle jamais s’arrêter à cequi est déjà acquis, mais elle doit toujours être tendue vers l’avenir, suspendue à lalibéralité divine, sans rien s’approprier. Et c’est cette attitude, c’est là le suprêmeparadoxe, qui constitue la perfection elle-même, si bien qu’elle est par essence unprogrès. 8 Cette idée essentielle Saint Grégoire l’expose dès le début du Commentairesur le Cantique:“La jouissance de Dieu, qui renaît continuellement dans l’âme purifiée estle point de départ d’un désir plus grand, rendant le désir plus intense par laparticipation (metousvia) même des biens”. 9 Chez Saint Grégoire cette “metousia”est progressive. A mesure que Dieu se communique il augment le désir de l’âme.8J. Daniélou, Platonisme..., p. 316; sur le thème du continuel progrés comme perfection, voir aussi:Idem, art CONTEMPLATION, Mystique de la ténèbre chez Saint Grégoire de Nysse, t 2, coll 1182-1185.9 Homélies sur le Cantique des Cantiques, XLIV, 777B, trad. franc. chez J. Danielou, Platonisme...,p. 310; trad. rom. cit., p. 126.39